Oui, le brouillard mental existe (et voici comment s’en libérer)
Des mots qui s’échappent, des dates qui se floutent, et l’impression de naviguer à l’aveugle dans une to-do nébuleuse à souhait… La mauvaise nouvelle, c’est que le brouillard mental n’est pas juste une impression: il est bien réel. La bonne, c’est qu’il existe des méthodes pour s’en extirper et y voir (et avoir l’esprit) plus clair.
C’est au mitan de la pandémie que le terme de brouillard mental est entré dans l’usage public. Alors utilisé pour définir la confusion subie par certaines personnes atteintes par le COVID, il s’est fait plus discret depuis. Et pourtant, il est toujours bien là. Et son nom dit tout ce qu’il y a à savoir à son sujet. Pour les personnes qui en souffrent, c’est comme si elles devaient naviguer à tâtons dans les méandres d’un esprit où les mots disparaissent au moment où on veut les prononcer, où les dates et les rendez-vous se confondent dans un nuage indéchiffrable, et où les pensées semblent impossibles à atteindre. C’est vivre en permanence avec le cerveau cotonneux des lendemains de veille ou des nuits sans sommeil, et l’impression aussi frustrante que terrifiante de ne pas être tout à fait maître de ce qu’on pense. Et c’est bien plus répandu qu’on ne pourrait le penser, avec des centaines de millions de capsules vidéo dédiées au « brain fog » sur TikTok, et pléthore d’articles et témoignages pour tenter de (se) sortir du brouillard.
Mais quelles sont ses causes? Et surtout, comment s’en libérer?
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Du brain fag au brain fog
Comme son nom l’indique, le brouillard mental désigne une sensation (le plus souvent temporaire) de perte d’acuité intellectuelle. Ainsi que le précise la neuropsychologue américaine Shehroo Pudumjee, il ne s’agit pas d’un diagnostic médical mais plutôt d’un terme utilisé pour englober une variété de symptômes cognitifs qui vont de la perte de mémoire à la distraction et s’inscrivent dans un ressenti global de perte d’efficacité mentale.
Pour la petite histoire, le « brain fog » actuel serait un dérivé du « brain fag » théorisé à la fin du XIXe siècle par le médecin généraliste britannique James Tunstall, qui y voyait la fatigue mentale ressentie par les « travailleurs du cerveau » (étudiants, académiques, avocats…) après s’être trop concentrés sur leurs poursuites intellectuelles. De nos jours, on réalise toutefois qu’il est tout à fait possible d’avoir l’esprit embrumé sans avoir nécessairement passé des heures le nez plongé dans un syllabus complexe.
Ainsi que l’explique la psychologue Debra Rose Wilson, les causes de ce cerveau cotonneux sont multiples, à commencer par le stress et la fatigue chronique, tout deux susceptibles de diminuer les capacités de concentration et de réflexion. Autres coupables potentiels? Les changements hormonaux, une baisse du taux d’oestrogène (par exemple, au moment de la ménopause) pouvant entraîner brouillard mental, distraction et problèmes de mémoire, tout comme une déficience en vitamine B12, l’alimentation jouant un rôle important dans le bon fonctionnement de notre corps mais aussi de notre esprit. Anémie, dépression, hypothyroïdie et déshydration sont d’autres causes potentielles de ce brouillard qui prend l’esprit en tenaille, et peut également être dû au chagrin ou au deuil.
S’extirper du brouillard mental une pensée à la fois
Après s’être séparée de son partenaire de longue date, Sophie s’est ainsi retrouvée avec l’impression d’avancer à l’aveugle. Des mois à oublier des rendez-vous, à manquer des deadlines pour le boulot, à avoir toujours un mot ou l’autre sur le bout de la langue et à avoir l’impression en permanence d’avoir la tête sous l’eau, jusqu’à finir par se demander si quelque chose de grave ne se cachait pas derrière tout ça. « J’étais persuadée que j’avais une tumeur au cerveau » se souvient la jeune femme, qui a finalement fini par s’extirper de ce nuage oppressant avec le temps.
Bon, mais quid si la situation cause une souffrance accrue, voire des problèmes professionnels, et « qu’attendre que ça passe », sans aucune certitude que ce sera le cas, ni quand, n’est pas une option? Le corps médical recommande une série d’étapes à mettre en place, et la bonne nouvelle c’est que la plupart de ces réflexes sont faciles à adopter. Le plan d’attaque?
- Limiter le temps passé sur les écrans, surtout en soirée.
- Dormir au moins 7 à 8h par nuit, et ne pas aller se coucher après minuit (idéalement, pas après 22h).
- Pratiquer une activité physique régulière.
- Limiter la consommation d’alcool et arrêter de fumer.
- Ne plus boire de café passé midi.
- Pratiquer la pensée positive.
- Adopter une diète équilibrée, riche en légumes et pauvres en aliments ultra transformés.
- Réduire les sources de stress.
- Adopter des activités qui détendent et procurent du plaisir.
« Le brouillard mental est une forme de manifestation d’une inflammation ou d’une réaction de stress chronique », explique encore le Dr Kamini Krishnan, neurologue au sein de la Cleveland Clinic. « Le stress chronique impacte le sommeil, la nutrition et les capacités physiques, des problèmes qui peuvent conduire ou être associés à des troubles psychiatriques et cognitifs ».
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Et de suggérer de commencer par se concentrer sur de petits changements, soit un régime plus équilibré, un sommeil de qualité, et 30 minutes d’exercice cinq jours semaine pour voir des résultats. « Cela ne doit pas être une charge mentale supplémentaire. L’idée est de mettre de bonnes habitudes en place, et de diminuer le plus possible les sources de stress » recommande-t-elle encore. En soulignant l’importance de s’accorder des pauses mentales régulières pour permettre à notre cerveau de fonctionner au mieux. Son conseil? S’accorder des pauses de 20 à 30 minutes avant même d’être fatigué·e, en pratiquant une activité telle que marcher, écouter de la musique ou fermer les yeux et se reposer.
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