Le décalage social, ou comment les grasses mat’ du week-end nuisent à votre santé

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Le décalage social, ou l'impact dangereux des grasses matinées sur la santé - Getty Images
Kathleen Wuyard
Kathleen Wuyard Journaliste & Coordinatrice web

Souvent, les rythmes de sommeil varient grandement suivant qu’on est un jour de semaine ou de week-end. Problème, ce grand écart, connu sous le nom de décalage social, a un effet des plus délétères sur votre santé.

L’une veille à aller se coucher aux alentours de 22h, après avoir dûment éteint tous les écrans au moins 90 minutes avant, et se réveille chaque matin entre 6 et 7 heures pour avoir le temps d’aborder la journée bien reposée, sans trop rusher.

L’autre se couche aux petites heures, après une soirée arrosée ou bien passée les yeux rivés à sa série préférée, et récupère de la veille en paressant au lit jusque midi. Problème: les deux cohabitent souvent au sein de la même personne, aux habitudes de sommeil quelque peu schizophrènes suivant qu’on s’intéresse à celles de la semaine ou du week-end. Normal? Pour la majorité des gens, oui, mais la récurrence du phénomène ne les empêche malheureusement pas de souffrir de décalage social.

Soit une variation du décalage horaire qui n’a rien à voir avec le passage d’un fuseau à l’autre, mais bien tout simplement avec les variations que vous faites subir à votre corps en adoptant des heures de lever et de coucher erratiques entre la semaine et le week-end.

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Les conséquences nocives du décalage social sur la diète

« Mais tout le monde fait ça, non? » remarquez-vous intérieurement à la lecture du paragraphe précédent. Et de fait, rares sont celles et ceux qui ont la discipline nécessaire pour respecter les mêmes habitudes de sommeil en semaine et le week-end, où la perspective d’entendre sonner le réveil (et de sortir du lit) à 6h30 fait tout de suite moins de sens, à moins peut-être d’avoir de jeunes enfants ou de devoir se rendre à un événement. Pourtant, ainsi que l’a pointé une étude publiée par le Kings College London à l’été 2023, une différence de 90 minutes seulement entre les heures auxquelles vous vous levez et couchez en semaine et le week-end suffit pour avoir un impact négatif sur votre santé.

D’après les scientifiques londoniens, qui ont analysé un panel de 1000 cobayes, des habitudes de sommeil irrégulières contribueraient ainsi à la prolifération de bactéries nocives dans l’intestin. L’étude, publiée en août 2023 dans The European Journal of Nutrition, révèle l’impact négatif du décalage social sur les bactéries intestinales mais aussi sur l’inflammation de l’intestin ou encore les habitudes alimentaires, et le verdict est sans appel: « Ne fût-ce que de petits décalages dans les habitudes de sommeil change drastiquement les espèces de bactéries intestinales que l’on retrouve » met en garde le Dr Wendy Hall, en charge de l’étude. Laquelle, contrairement à des études similaires, ne s’est pas intéressée à des personnes en surpoids et/ou atteintes de diabète mais bien à des sujets dit « sains », avec un IMC parfaitement dans la moyenne et une tendance à dormir plus de 7h par nuit.

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À en perdre le sommeil (ou du moins, l’envie de paresser au lit)

Sauf qu’ainsi que le rappellent les scientifiques, ce n’est pas tant le nombre d’heures qui compte, mais bien la régularité avec laquelle celles-ci sont réparties. Autrement dit: si, en semaine, vous avez tendance à éteindre la lumière vers 23h et à sortir du lit à 7h, le week-end, il s’agit de coller au plus près à ce rythme. Et sinon? « Un simple décalage de 90 minutes du point médian du sommeil, entre l’endormissement et le réveil, entraîne déjà une différence de composition du microbiome intestinal » révèle l’équipe du Dr Hall.

Qui égrène une diète de moindre qualité, une augmentation de la consommation de boissons sucrées et une consommation moindre de fruits et de fruits secs parmi les effets du décalage social sur nos habitudes alimentaires, ce qui a pour effet d’influencer les bactéries présentes dans l’intestin. Or trois des six bactéries présentes en plus grand nombre chez les personnes souffrant de décalage social sont associées non seulement à une diète moins équilibrée mais aussi à des indicateurs d’obésité ainsi qu’à un risque plus élevé d’inflammation ou d’accident cardiovasculaire. De quoi rester éveillé à ruminer plutôt que de dormir du sommeil du juste jusque 11h ou plus le week-end…

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