« Non, le sexe n’est pas le ciment du couple », et c’est une sexologue qui l’affirme

"Le sexe n'est pas le ciment du couple" rassure une sexologue - Getty Images
Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Depuis la diffusion à la mi-janvier par le youtubeur français Tibo InShape de son entretien avec la sexologue Thérèse Hargot, cette dernière fait le (bad) buzz. C’est que quand elle ne dénonce pas la « dictature du préservatif », elle martèle l’importance des rapports sexuels réguliers pour un couple sain. Une dangereuse hérésie selon ses pairs.

Pour la Liégeoise Sarah Denis, la psychologue et sexologue à l’origine du compte Histoires Singulières, celles et ceux qui ont été choqués par l’entretien entre le Youtubeur et la sexologue controversée ont raison. Et de le clamer haut et fort: « NON, le sexe n’est pas le ciment du couple ». N’en déplaise à sa consoeur, dont la sortie sur le sujet n’en finit pas de faire couler l’encre. Habituée des polémiques, Thérèse Hargot se décrit comme « thérapeute de couple et sexologue, aussi. Mais essayiste, surtout », tandis que les médias, eux, la décrivent plutôt comme étant catholique, de droite et pro-Manif pour Tous. Quand elle ne pourfend pas le porno, elle épingle la « dictature du préservatif », prône la « contraception naturelle », mais aussi, donc, des rapports sexuels réguliers, clé selon elle d’un couple épanoui. La fréquence idéale? « Minimum une fois par semaine ».

Une hérésie, dénonce Sarah Denis. Ainsi que le rappelle celle qui se qualifie de « mentore en relations amoureuses », il existe autant de couples qui sont hyper heureux sans relations sexuelles que de couples qui sont très malheureux ensemble malgré une sexualité épanouissante. Morale de l’histoire, « il n’y a pas de fréquence idéale pour les rapports sexuels, juste celle qui nous appartient, qu’on discute avec notre partenaire, et qui fluctue en fonction de nos vies et nos envies » rassure la fondatrice d’Histoires Singulières.

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Une pratique problématique

Qui voit dans les propos de sa consoeur un dangereux glissement vers la validation des rapports durant lesquels on se force, « or faire du sexe sans être pleinement consentant·e, c’est évidemment très problématique. Ce n’est pas comme faire du sport, se forcer n’est pas sain, surtout que l’envie ne vient pas forcément en le faisant ».

Ce qui est susceptible d’arriver, par contre, si on s’oblige régulièrement à avoir des rapports avec sa moitié « pour le bien de son couple »? La sexologue pointe dissociation, anxiété, vaginisme, dysfonctions érectiles, culpabilisation, dégoût de soi et de l’autre, mycoses, baisse de l’estime de soi, ou encore, cruelle ironie, tensions dans le couple. L’opposé même de l’effet recherché, donc, avec toute une série d’effets négatifs en prime.

À chaque couple son rapport au sexe

Et Sarah de tacler sa consoeur au passage, épinglant que « c’est une professionnelle, suivie par des milliers de personnes, dont les propos ont un impact considérable, et pas seulement sur ses patients. D’autant qu’elle ne raconte pas que des conneries, or c’est bien là tout le danger, car elle peut faire passer de la daube inaperçue parmi des propos sensés ».

Comme quand, au micro de Tibo InShape, elle recommande un rapport par semaine minimum pour un couple sain, ce qui, selon Sarah Denis, n’est rien de moins qu’une « manière de légitimer la culture du viol », prenant le « ça je retiens » du YouTubeur en exemple. Et soulignant que sa réaction illustre la manière dont certaines personnes pourraient utiliser l’injonction de Thérèse Hargot pour faire pression sur leur partenaire.

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Mais quid de celles et ceux qui, pour des raisons qui leur appartiennent, ont parfois des rapports si pas « forcés », du moins, pour faire plaisir à l’autre? Est-ce forcément problématique ? En tout cas, rassure la Liégeoise, ce n’est ni une raison de culpabiliser ni un motif de gêne. « C’est courant, ça arrive à tout le monde de se dire que ça fait longtemps, qu’on a envie d’un moment d’intimité ensemble… Je ne parle évidemment pas du contexte des violences au sein du couple, mais si on se force parfois, ce n’est pas la cata. Même si, l’objectif est de reconnecter avec ses envies en se rappelant que le désir fluctue, et que c’est tout à fait normal ».

Du reste, par contre, la norme n’existe pas: si votre libido vous voit faire des galipettes sous la couette au moins une fois par semaine, grand bien vous fasse, mais si vos rapports sont plus espacés et que vous le vivez très bien, il n’y a pas de honte à avoir. Surtout qu’ainsi que le rappelle Sarah, « plus le sexe a lieu dans le respect des désirs de chacun et chacune, plus il est épanouissant, plus la connexion avec l’autre est profonde et plus le plaisir sera grand ». La qualité plutôt que la quantité…

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