La reine Elizabeth II crée la surprise en fin de jubilé en apparaissant au balcon de Buckingham
Largement absente de son jubilé de platine en raison de sa santé déclinante, Elizabeth II a fait une apparition surprise au balcon du palais de Buckingham dimanche, dernier jour de célébrations au parfum de changement d’époque.
La monarque de 96 ans, qui a du mal à marcher, est restée à l’écart des principales festivités organisées pour ses 70 ans de règne, une longévité record. Elle n’a assisté ni à la cérémonie religieuse de vendredi, ni samedi à ses bien aimées courses hippiques, pas plus au concert géant devant son palais, et ne s’est pas exprimée en public.
Elle a surpris ses sujets en revenant sur le célèbre balcon, où la monarchie britannique marque les principaux événenements depuis plus d’un siècle et où elle avait lancé les quatre jours de fêtes jeudi.
Accompagnée de ses héritiers les princes Charles, 73 ans, et William, bientôt 40 ans, avec épouses et enfants, incarnant l’avenir de la monarchie, elle a salué les dizaines de milliers de personnes massées sur le Mall, l’avenue menant au palais. Appuyée sur une canne, vêtue de vert, elle est restée le temps que soit joué l’hymne « God Save The Queen » puis est repartie.
Sa sortie n’avait pas été annoncée et faisait l’objet de spéculations tout au long de la parade concluant son jubilé à travers le centre de Londres, qui a vu se succéder carrosse doré vieux de 260 ans, militaires en tenue d’apparat venus de tout le Commonwealth, puis acteurs, danseurs et même marionnettes de corgis, ses chiens préférés, pour un défilé aux airs de carnaval.
Ce n’est qu’une quinzaine de minutes avant son apparition que le suspense a été levé: le drapeau a été levé en haut du mat surplombant le palais, signe que la monarque s’y trouve, ravissant le public présent.
Dans tout le Royaume-Uni, des dizaines de milliers de déjeuners et pique-niques entre voisins ont été organisés dimanche malgré une météo pluvieuse pour célébrer joyeusement le règne historique d’une reine extrêmement populaire, à la fois proche et mystérieuse, symbole rassurant de stabilité dans un siècle de grands bouleversements.
A Windsor, 488 tables avaient été dressées sur l’allée menant au château où réside la reine, tandis que le prince Charles et son épouse Camilla ont partagé thé et canapés avec le public sur un terrain de cricket.
Tout au long des festivités, Elizabeth II a laissé ses héritiers au premier plan, confirmant son retrait progressif de ces derniers mois et l’impression de nombreux participants des célébrations de la fin d’une époque, après un règne sans précédent entamé le 6 février 1952 dans un Royaume-Uni encore Empire colonial et soumis aux rationnements d’après-guerre.
Outre son apparition au balcon, elle a cependant marqué sa présence avec une autre surprise samedi soir. Connue pour son sens du devoir mais aussi son humour, la reine avait tourné une petite vidéo où elle prend le thé avec l’ours Paddington, maladroite icône de la littérature enfantine britannique. Elle a ensuite battu la mesure avec une cuillère d’argent sur sa tasse de porcelaine, synchronisée avec l’ouverture du concert. L’audience de l’événement a atteint un pic de 13,4 millions de téléspectateurs sur la BBC, signe de la force persistante de communion de la monarchie.
Les dernières festivités ont mis un point final à quatre jours de parenthèse pour les Britanniques en période d’inflation galopante et de scandales politiques.
Nombre des participants aux festivités étaient conscients de la dimension historique du moment. Jamais aucun monarque britannique n’a régné aussi longtemps et il est improbable que ce record de 70 ans soit battu à l’avenir vu l’âge de ses héritiers.
« Inévitablement, ces célébrations avaient un parfum d’adieu« , a estimé l’éditorialiste Tony Parsons dans tabloïd The Sun. « Il y a eu une véritable joie à l’étranger et dans ce pays au cours des derniers jours. Mais il y a aussi la conscience aiguë que nous ne reverrons plus jamais un monarque comme celui-là. »
The Observer, journal de gauche, a estimé que ce jubilé s’inscrivait « dans un long au-revoir qui a commencé avec sa présence solitaire aux funérailles de (son époux) le prince Philip l’année dernière ».
La transition est en route, et même si la reine n’a aucune intention d’abdiquer, fidèle à sa promesse de 1947 de servir ses sujets toute sa vie, elle les prépare pour la suite. Son héritier, Charles, la représente de plus en plus souvent.
La succession s’annonce délicate: Charles est beaucoup moins populaire que sa mère, à 50% d’opinions favorables contre 75%. Seulement 32% des Britanniques pensent qu’il fera un bon roi (YouGov, avril 2022). Et la monarchie a été interpellée lors de récents voyages de membres de la famille royale, sur le passé esclavagiste de l’Empire britannique.
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