Dublin, entre terre et mer: 72h pour découvrir la capitale irlandaise autrement
Loin des itinéraires où s’agglutinent les hordes de touristes, les chemins de traverse révèlent Dublin telle que les locaux la connaissent: atypique, sauvage et irrésistible. Envie d’en juger par vous-mêmes? Suivez le guide!
Il est des villes dont on est persuadé de connaître les incontournables avant même d’y avoir mis les pieds. Qui dit Paris pense immédiatement tour Eiffel, jardin du Luxembourg et Notre-Dame, tandis que Berlin évoque d’emblée la tour de la télévision, la porte de Brandebourg et l’Alexanderplatz. Dublin, pour sa part, est indissociable des vapeurs de whisky et de Guinness, des pierres ancestrales du Trinity College et de l’ambiance survoltée de Temple Bar. Autant de «must-see» que nombre de touristes cochent avec diligence sur leur liste lors de chaque visite, mais auxquels il serait pourtant bien dommage de se limiter.
Vibrante, audacieuse et idéalement située, Dublin a bien plus à offrir que les clichés qui lui sont associés et ce sans nécessairement dépasser les 72 heures que la plupart de ses visiteurs lui dédient en city-trip. Suspendue entre le vert vibrant de l’île d’Emeraude et le bleu profond de la mer d’Irlande, la ville offre une échappée haute en couleurs pour qui sait quels chemins de traverse emprunter. En l’occurence, cet itinéraire de trois jours de découverte de toutes les facettes d’une des capitales les plus séduisantes d’Europe.
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JOUR 1 : Portobello, l’autre, ou Dublin pour les foodies
Si la capitale irlandaise ne manque pas d’établissements, pour maximiser le potentiel de cet itinéraire entre terre et mer, rien de tel que de poser ses valises au Keavan’s Port, en plein cœur du quartier branché de Portobello. A l’image de son homonyme londonien, il regorge d’adresses qui invitent à la flânerie, même si ici, l’accent est résolument mis sur la gourmandise. Situé dans une série de maisons géorgiennes et une chapelle rénovées et rassemblées, l’hôtel, ouvert à l’été 2021, dispose de chambres confortables et lumineuses, et est suffisamment près du centre-ville pour pouvoir dédier une heure à la découverte de ses «immanquables», Trinity College en tête.
Une fois cette tournée des grands ducs dûment effectuée, retour à votre point de chute dublinois pour vous sustenter. Et si chaque enseigne décorée avec soin invite à s’y installer et à y savourer un repas qui s’étire langoureusement, elles sont suffisamment nombreuses pour pousser à la pratique du food crawl, soit un menu en plusieurs services, oui, mais répartis entre différents établissements. Pour le salé, on notera la cuisine indienne authentique et raffinée de Pickle, les smash burgers incroyables de Bunsen et la généreuse cuisine persane de Zaytoon, pris d’assaut par les locaux dès l’ivresse de la nuit tombée, les incroyables pizzas napolitaines de la Dublin Pizza Company, sans oublier le comptoir gourmet de Listons, véritable institution dublinoise.
Les becs sucrés, quant à eux, savoureront les crapuleuses pâtisseries du Orange Tree, dont la promesse de servir les meilleurs brownies de la ville n’est pas usurpée, ou bien, légèrement plus loin mais valant sans aucun doute le détour, Three Twenty Ice Cream, où plutôt que la crème fraîche traditionnelle, les cornets sont recouverts d’une généreuse portion de marshmallows, caramélisés minute au chalumeau.
Si la perspective de picorer d’une adresse à l’autre vous coupe l’appétit, optez plutôt pour la cuisine locale raffinée de Delahunt, dont l’ambiance volontairement surannée se prête parfaitement au tête-à-tête, et où le menu en six services, proposé au prix plus que raisonnable de 70 euros, est tout simplement sublime. Ou bien laissez-vous tenter par le délicieux OVNI qu’est Hang Dai Chinese, croisement entre un wagon de train et une discothèque, où est servie une cuisine fusion joyeusement affranchie de tous les codes (et avec brio, leur hybride de nems et de burger étant étonnamment succulent) ainsi qu’une variation autour du canard laqué où chaque partie du volatile est exploitée. Estomacs sensibles, sachez que cela implique aussi de vous voir servir sa cervelle à même la tête. Si vous optez pour le menu dégustation (60 euros), vous y échapperez toutefois, à moins de le demander expressément, mais vous aurez droit, selon l’humeur du chef, à un succulent soft shell crab accompagné de mayonnaise à la citronnelle, à un tartare de Saint-Jacques au pomelo, citron ponzu et œufs de poisson fumé, ou encore au bœuf poché à la manière de Sichuan.
Mais surtout, s’il s’avère que vous êtes servis par le manager de l’établissement, un grand gaillard bavard venu de la campagne, et que vous lui faites part de vos projets de balade du lendemain, il vous partagera peut-être un excellent conseil: celui de vous rendre à votre destination en train, mais de vous contenter d’un billet aller, et de revenir à pied.
Devait-il être absent lors de votre visite au restaurant, vous êtes en veine: cette échappée belle au doux parfum iodé constitue la deuxième étape de ce guide alternatif de la capitale irlandaise. Laquelle, non contente de concilier métropole bouillonnante et chaleur humaine, est également entourée d’une nature qui ne demande qu’à être explorée.
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JOUR 2 : Marche au large, à la découverte de la côte
Depuis la majestueuse station de Heuston, il ne vous faudra qu’une demi-heure et moins d’une dizaine d’euros pour gagner la charmante ville côtière de Howth. Semblant sortir tout droit d’une carte postale, cette image d’Epinal du village de pêcheurs irlandais est prisée des touristes, qui ont tendance à s’agglutiner aux abords de la gare pour y manger un «vrai fish and chips», mais aussi des locaux, qui s’y échappent le week-end pour respirer le bon air iodé… et explorer une série de sentiers dont les détours révèlent des paysages à couper le souffle.
Long de 7 ou 14 kilomètres selon la boucle que vous choisissez d’emprunter, le Howth Cliff Path serpente, comme son nom l’indique, parmi les bruyères de la presqu’île, avec un passage par le phare et sa vue panoramique. Considérée comme offrant l’une des plus belles vues côtières d’Irlande, cette randonnée est un régal pour les yeux, entre le turquoise scintillant de la mer, le bleu-gris du ciel et les couleurs chaudes des bruyères. Serpentant à certains endroits entre de cossues villas, elle invite à laisser son imagination vagabonder et à se découvrir soudain l’envie d’une résidence secondaire irlandaise.
S’il est bien sûr tout à fait possible de prendre un pique-nique avec vous et de le savourer à l’un ou l’autre moment de la balade, il serait toutefois regrettable de ne pas profiter de votre visite à Howth pour vous attabler à l’Abbey Tavern.
Fleuron de la région, ce pub irlandais traditionnel établi au XVIIe siècle cache derrière sa pimpante façade bleue et blanche une cuisine d’autant plus savoureuse que votre appétit vient d’être éveillé par une marche en plein air. Quoi que vous fassiez, ne partez pas sans avoir goûté au Howth Chowder, plat typique du cru consistant en un croisement entre la bouillabaisse et la vichyssoise, saumon, haddock fumé et cabillaud nageant dans un bouillon crémeux, dans lequel tremper de généreuses tranches de soda bread fait maison et beurré libéralement au préalable. Un régal.
Si la carte fait la part belle aux produits de la mer, l’Abbey Tavern s’enorgueillit également de proposer une belle sélection de viandes irlandaises, à accompagner d’une sauce au poivre et au whiskey tellement addictive qu’il se peut que vous en demandiez une portion supplémentaire pour y saucer vos dernières frites. Après tout, vous avez encore une belle trotte devant vous, car toute la beauté de Howth tient aussi au fait qu’il est possible de rallier Dublin en quelques heures de marche seulement.
Un parcours d’une vingtaine de kilomètres, suffisamment plat pour ne nécessiter ni chaussures spéciales, ni véritable entraînement au préalable, et qui emmène ceux qui le parcourent à la découverte de trésors confidentiels de l’île d’Emeraude.
A commencer par le sable immaculé et l’air raréfié entre Burrow Beach et Claremont Beach, enclave prisée des riches irlandais, mais aussi la superbe North Bull Island, battue par les vents et offrant un réjouissant contraste entre verdure, sable et vagues. De là, la Clontarf Promenade vous ramènera progressivement à l’agitation de la capitale en vous faisant découvrir les différents visages des quartiers qui la composent.
JOUR 3 : Collines que j’aime, de Dublin à Wiclow
Si vous avez grandi bercé par la promesse des terres brûlées au vent du Connemara, il serait dommage de quitter Dublin sans avoir profité de votre visite en Irlande pour admirer de plus près cette nature dont Sardou chantait les louanges. Cela tombe bien, le but même de cet itinéraire est de concilier, mer, ville et terre, en l’occurrence, la nature verdoyante du parc national des Monts de Wiclow.
A un peu moins d’une heure de bus de la capitale, la région invite elle aussi aux balades, mais si vos jambes devaient encore souffrir de l’effort de la veille, il est tout à fait possible de gambader quelques minutes seulement avant de trouver un endroit où pique-niquer. Pourtant relativement proche de Dublin, le parc national semble appartenir à un autre monde, entre nature sauvage, paysages époustouflants et lieux chargés d’histoire. Le site monastique de Glendalough et ses tombes recouvertes de lichen valent le détour, tout comme le Sally Gap et ses panoramas impressionnants, sans oublier le Lough Ouler, un lac dont la forme de cœur en fait un endroit de choix pour les romantiques.
Si la région de Wiclow vaudrait à elle seule d’y passer une semaine, ne manquez pas de refaire un arrêt à Portobello avant de prendre l’avion. Avec ses tours précaires de livres de seconde main, The Last Bookshop est un rêve de papivore, tandis que les échoppes de la George’s Street Arcade et du Liberty Market invitent à dénicher l’un ou l’autre souvenir joliment kitsch. Plus chic, la sélection rassemblée au Powerscourt Centre compte notamment la boutique Article et ses objets sophistiqués, mais aussi la marque de bijoux artisanaux Chupi, plébiscitée par les Dublinoises branchées.
Avant de partir, offrez-vous une dernière balade pieds dans l’eau le long de la Portobello Quay River Walk et prenez-vous à rêver de tout plaquer pour vous installer dans une des maisons géorgiennes du quartier. L’atterrissage risque certes d’être difficile si vous vous confrontez aux prix indécents de la propriété en Irlande, mais la bonne nouvelle, c’est que les charmes de Dublin ne seront jamais qu’à quelques heures de vol.
Dublin en pratique
Ryanair propose des vols directs Bruxelles-Dublin dès 34 euros A/R.
Où loger?
Keavan’s Port. Idéalement situé en plein cœur du quartier branché de Portobello, cet hôtel rénové récemment avec goût appartient à la chaîne de pubs Wetherspoon. Et combine donc chambres spacieuses à l’étage et pub au rez-de-chaussée.
Dès 129 euros la nuit. jdwetherspoon.com
The Dean. Derrière sa façade dont la brique évoque New York, se cache un hôtel à l’ambiance urbaine chic, qui invite à y flâner entre deux escapades dans la capitale. Boire un verre dans son rooftop bar est un incontournable.
Dès 217 euros la nuit. thedean.ie
Jacobs Inn. Pour un citytrip plus «budget friendly», cap sur le Jacobs Inn, hybride d’auberge de jeunesse et d’hôtel branché où l’on savoure autant le rapport qualité-prix, excellent, que les espaces communs soigneusement agencés.
Dès 79 euros la nuit. jacobsinn.com
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