Les micro-aventures, ou l’art de partir en vacances (au moins) 2 fois par mois
Et vous, vous faites quoi entre deux journées de boulot ? Etes-vous plutôt Netflix and chips, ou chamallows grillés sous une pluie d’étoiles filantes ? Grâce à Alastair Humphreys, vous n’aurez plus à réfléchir longtemps. Cet éternel baroudeur ne manque pas d’arguments pour vous convaincre de tester la micro-aventure. Une habitude à adopter de toute urgence.
Par Dounya Vandamme
La vie d’exploration n’est pas réservée aux seuls grands globe-trotteurs – telle est la vision d’Alastair Humphreys. Pour ce conférencier motivateur, les vagabondages format mini représentent une forme de loisir accessible, même aux moins téméraires d’entre nous. Il s’agit d’une expérience courte, bon marché, locale et simple, mais surtout excitante, stimulante et gratifiante. Sous la pression de l’urbanisation et de l’effervescence de nos vies surchargées, ces escapades représentent une réelle échappatoire à notre train-train quotidien. C’est une opportunité de savourer la simplicité du plein air, sans pour autant avoir à gravir l’Himalaya ou à vivre dans une hutte au cœur des salines boliviennes. « Les grandes pérégrinations ne devraient pas être l’apanage exclusif des hommes blancs, riches, à l’emploi du temps flexible. »
Englishman in England
Alastair Humphreys a entrepris un tour du monde à vélo, parcouru la sauvage campagne sibérienne, traversé l’Atlantique à la rame et promené un lourd chariot dans le désert (pour ne citer que quelques-uns de ses exploits). Dans sa vingtaine, le jeune homme en quête de découvertes dépaysantes se réjouissait sans cesse de « partir d’ici ». Peu à peu, dans son esprit, cette impulsion ardente a laissé sa place à une interrogation : comment créer une place pour l’aventure dans sa vie quotidienne ? « Au départ, j’étais convaincu qu’il n’y avait pas grand-chose à faire sous la grisaille anglaise. L’idée était que si je parvenais à assouvir ma soif d’évasion ici, alors ce potentiel existait partout ailleurs. » Pour lui, le voyage, c’est avant tout un état d’esprit. Pour le prouver, il a parcouru l’autoroute M 25 avec un ami, traversant quartiers ennuyeux sur fond d’embouteillages. « C’était ma première micro-aventure et je l’ai tellement appréciée que j’ai décidé de ne plus quitter mon pays pendant un an pour l’explorer. »
Jeu d’enfant
Ces escapades offrent une pause bienvenue dans la routine quotidienne. Elles vous secouent, vous sortent de votre zone de confort et vous rapprochent de la nature. En outre, partir entre amis renforce votre sentiment d’appartenance à une communauté. Vous pratiquez, dans votre propre région, des activités que vous réservez normalement aux vacances. « J’ai par exemple parcouru une partie de la côte avec un ami, à vélo d’abord, puis en kayak gonflable, les vélos pliables bien fixés dessus. » L’idée fait rêver, mais tout le monde ne peut pas se permettre de poser plusieurs jours de congés, c’est la raison pour laquelle l’influenceur voyage a décidé d’imaginer des mini excursions si accessibles que même les enfants pourraient y participer. Et si votre petite tribu peut être de la partie, alors il n’y a plus d’excuses, n’est-ce pas ?
Sauter le pas
Pourquoi se compliquer la vie quand on peut rester confortablement installé chez soi ? Entre la sortie du boulot et la reprise du lendemain matin, vous disposez en principe de 16 heures de liberté. Un laps de temps suffisant pour regarder quelques épisodes de votre série préférée, ou bien partir en micro-expédition. Cette deuxième option permet non seulement de briser la routine de votre semaine, mais aussi de vous donner l’illusion que le temps s’écoule un peu plus lentement. C’est une activité nouvelle, stimulante et peut-être même excitante dont vous pourrez être fier par la suite. Pour notre féru de tribulations, l’idéal est de commencer avec un rythme d’une micro-aventure par mois, à effectuer en famille, entre amis, avec votre animal de compagnie ou en solitaire, tout simplement.
Lorsqu’il part à deux pas de chez lui, Alastair Humphreys aime s’adonner au camping sauvage, se baigner dans des lacs limpides et terminer la soirée autour d’un bon feu de camp. En Belgique, la législation ne rend pas la tâche aisée, car de telles pratiques ne sont pas autorisées n’importe où. Heureusement, vous pouvez camper gratuitement dans les aires de bivouac. Nous ne garantissons en rien votre état en arrivant au bureau le lendemain, seulement la satisfaction que vous retirerez de cette expérience.
Gardez en vue des occasions spéciales comme le jour le plus long de l’année, un soir de pleine lune, une pluie d’étoiles filantes, la première nuit de printemps ou la tombée tant attendue de quelques flocons de neige. Lancez-vous un défi exigeant, mais réalisable : se déplacer jusqu’au campement à vélo n’est peut-être pas l’idéal pour qui ne monte jamais en selle. Optez pour le train, le bus, le bateau ou vos pieds, peu importe. Faites simple.
Partir local
De nos jours, l’avion est souvent considéré comme un moyen de locomotion économique et efficace, mais aussi irresponsable compte tenu du contexte climatique actuel. Alors bien sûr les amoureux de la nature qui rêvent de hautes montagnes et de profonds canyons ont vite fait d’oublier la culpabilité liée à l’achat du petit rectangle cartonné, qui dans quinze heures les fera atterrir l’autre bout du monde. Mais vous qui aimez tant la nature, seriez-vous prêt à lui épargner votre voyage pour la protéger ? Grâce à cette approche, notre baroudeur anglais a découvert sa propre région, et encourage les autres à en faire autant.
Dans son dernier livre, Local, l’auteur se lance un nouveau défi : celui de se promener pendant un an, muni d’une petite carte des environs de son domicile, à la recherche de tout ce qui se présente à lui. Qu’y a-t-il à découvrir dans ce petit espace ? En raison des restrictions de déplacement mises en place au cours des dernières années, le quarantenaire a développé une certaine frustration à l’égard de la vie en périphérie. « Je résidais entre champs, usines, fermes et barres d’habitations. A l’époque, je plaçais la plupart de mes frustrations sur le compte de cette urbanisation. » Depuis, il a pris conscience du « paradoxe du paradis » : l’idée (erronée) qu’un lieu meilleur a le pouvoir de résoudre tous vos problèmes. Il a appris à laisser tomber ses frustrations et à apprécier son environnement. Local célèbre la beauté de ce qui nous entoure, car parfois, la simplicité est clé.
La philosophie d’Alastair Humphreys vous intéresse ? Procurez-vous un de ses livres ou rendez-vous sur son site web pour suivre ses vagabondages, et faire le plein d’inspirations voyages family friendly.
Traduit du néerlandais par Juliette Ségard.
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