“Tout cela, madame, c’est Versailles”: nous avons passé 24 heures dans le château le plus glamour du monde

Vivre comme une reine à Versailles? C’est possible en logeant au Grand Contrôle. © © Le Grand Contrôle /Renée Kemps
Isabelle Willot

Le Grand Contrôle, seul hôtel situé dans l’enceinte du domaine de Versailles, invite ses hôtes à remonter le temps. Entre visites privées et dîner scénographié, vivez avec nous une retraite royale.

Imaginez-vous traverser la Galerie des Glaces au coucher du 
soleil, sans personne d’autre que vous dans votre selfie-miroir. Croquer un macaron dans une baignoire sur pieds. Avant de pique-niquer le long du Grand Canal. Un vrai rôle de composition. Versailles, troisième monument le plus visité de France, charrie son lot de fantasmes dans l’imaginaire collectif, entretenus par l’industrie du cinéma.

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Le Marie-Antoinette de Sofia 
Coppola et ses répliques cultes y sont pour beaucoup. Mais aussi par les dizaines de milliers de vidéos qui, sous le hashtag #versailles, cumulent plus de 865 millions de vues sur TikTok.

Un royaume en soi

Derrière la discrète porte cochère du 12, rue de l’Indépendance Américaine, se niche une imposante bâtisse. Il suffit d’en pousser la porte pour remonter d’un coup trois cents ans en arrière. Le Grand Contrôle, seul hôtel situé dans l’enceinte même du domaine national, propose à ses hôtes privilégiés une expérience unique dans un décor digne des plus belles reconstitutions hollywoodiennes.

L’entrée du Grand Contrôle se veut discrète, pour préserver ses hôtes de la curiosité. © Le Grand Contrôle


C’est donc le cœur battant la chamade que nous découvrons le programme préparé par Charles Thomas, premier majordome du Grand Contrôle, chargé, nous assure-t-il, « de rendre ce séjour inoubliable ». Au menu de ces 24 heures qui s’annoncent… « royales » ? Des visites privées du château et de ses dépendances en dehors des heures d’ouverture. Un goûter « royal » comme les aimait Marie-Antoinette. Un massage « Roi » Soleil et le Festin du « Roi » vu par le chef étoilé Alain Ducasse. Sans oublier le lever « royal » accompagné du petit-déjeuner princier. De quoi vous faire perdre la tête…

Le Grand Contrôle est juste à côté de L’Orangerie et des célèbres Cent Marches vues dans de très nombreux films. ©Thomas Garnier pour Le Château de Versailles

L’ancien ministère des finances

En ce petit matin d’hiver frais et sec, nous voilà donc devant l’entrée du bâtiment construit en 1681 par Jules Hardouin-Mansart, l’architecte préféré de Louis XIV. 
Demeure attitrée du ministre des Finances sous Louis XV et Louis XVI, Le Grand Contrôle a vu défiler en ses murs l’élite politique et culturelle européenne. C’est ici que la future déclaration d’indépendance américaine s’est sans doute ébauchée. L’exemplaire original signé pour Louis XVI se trouve à quelques pas de là, dans la Bibliothèque Centrale.

Dans chacune des chambres, on se croirait vraiment dans le château lui-même car tout a été restauré dans les codes d’origines. © Le Grand Contrôle/ Renée Kemps

Charles nous attend, tricorne à la main, une chaude pelisse par-dessus la livrée. Un uniforme unique inspiré des tenues de l’époque mais bien sûr adapté à la vie d’aujoud’hui. Pas moins de cent croquis ont été nécessaires pour imaginer ces vingt-trois « costumes ». Ils ont été créés en tenant compte des fonctions à remplir mais aussi des couleurs et des matières utilisées dans chacune des pièces. Afin de garantir une parfaite harmonie.

Une surprise de taille nous est réservée, à ma collègue et à moi. dans tous les espaces communs, des montagnes de macarons et de fruits frais nous tendent la main. La maison nous a aussi surclassées, dans la suite Madame de Staël, fille du ministre des Finances Jacques Necker, femme de lettres et essayiste avant l’heure.

Du haut de l’escalier, Louis XVI nous surveille. © Le Grand Contrôle/ Renée Kemps

Une chambre plus grande qu’un appartement parisien


Nos « appartements » font 150 m2. Une surface à faire pâlir d’envie la plupart des Parisiens. Avant de les découvrir, direction les jardins à bord d’une des voiturettes de golf mises gracieusement à la disposition des hôtes. Un itinéraire balisé fait le tour des bosquets. Il parcourt les quelque deux kilomètres qui séparent l’hôtel du Grand Trianon. Charles prend le volant et endosse pour nous le rôle de guide touristique.

On monte à bord des petites voiturettes électriques pour faire le tour du domaine © Lara Laporte

« A la belle saison, sur le Grand Canal, nos clients peuvent monter dans des petits bateaux électriques », pointe-t-il. Plutôt commode s’il vous vient l’envie de vous prendre pour Louis XIV qui aimait remonter le bassin à bord de ses gondoles.

La salle de bal ©Thomas Garnier pour Le Château de Versailles

Si l’hiver, la plupart des salons de verdure sont fermés, la cinquantaine de jardiniers reste à l’œuvre sans relâche. C’est dans la célèbre « salle de bal » que l’on peut apercevoir notre compatriote Matthias Schoenaerts dans le rôle de Le Nôtre dans le film Les Jardins du Roi.

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Le défi est de taille cette année car le parc accueillera les épreuves d’équitation des jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Partout, les rénovations vont bon train : d’ici juillet, tous les échafaudages qui bardent encore le Grand Trianon et le Château devront avoir disparu.

Les 60 tonnes de plomb du Char d’Apollon redorées à la feuille viennent ainsi de retrouver leur place au milieu du bassin qui porte son nom. La perspective depuis le Parterre d’Eau laisse sans voix. Difficile d’imaginer que 400 ans plus tôt, les marécages régnaient ici en maîtres.

Pas plus de 36 convives



Un vilain crachin gâche hélas la fête et nous pousse à rebrousser chemin vers Le Grand Contrôle. Confiée au groupe hôtelier Lov qui possède entre autres la collection des hôtels Les Airelles, la transformation de cet édifice historique en bonbonnière de style Louis XVI aura duré près de quatre ans.

Les canapés rouges ne sont pas d’époque mais ils ont appartenus à Hubert de Givenchy. © Le Grand Contrôle/ Renée Kemps

« Ce qui constitue certainement la particularité de l’endroit par rapport à d’autres 5-étoiles, c’est la taille de l’hôtel, souligne son directeur général Julien Révah. Treize chambres et suites en tout, soit maximum 36 convives, encadrés par un staff de 120 employés. C’est un ratio totalement inédit qui nous permet d’offrir une qualité de service tout à fait exceptionnelle. Une invitation complète à la déconnexion aussi. Car tout est fait ici pour leur faire perdre toute notion du temps. »

« Précédé par une musique douce, un valet de chambre ouvre les tentures sur le matin timide

Où que l’on pose le regard, tout ce qui peut l’être est d’époque. Les meubles bien sûr – à l’exception de la literie évidemment – mais aussi les tableaux, les gravures, les livres des bibliothèques. Sans oublier la harpe si photogénique installée dans la pièce du premier étage où Germaine de Staël aimait tenir salon.

Un comité scientifique au travail

Pas moins de 1.000 pièces de mobiliers et d’œuvres d’art ont été chinées chez les antiquaires et dans les salles de vente Elles ont ensuite été restaurées dans la plus pure tradition du luxe à la française. Ici, les spots sont bannis, comme les télévisions. Et les lustres équipés de LED spéciales diffusent une lumière douce et flatteuse semblable à celle des bougies.

Les tapisseries proviennent des archives de la maison Pierre Frey © Le Grand Contrôle/ Renée Kemps


« Le comité scientifique chargé du travail de restitution est parti du dernier inventaire en notre possession : celui dressé en 1788 et qui reprenait pièce par pièce tout ce qui se trouvait au Grand Contrôle, rappelle Julien Révah. Cette liste nous en dit beaucoup sur le style de vie plutôt luxueux du contrôleur du roi : c’était peut-être moins ostentatoire qu’au château, mais il se fournissait chez les même artisans. »

Un anachronisme consenti


Pour les tapisseries et les rideaux, l’architecte d’intérieur Christophe Tollemer s’est appuyé sur les archives de la maison Pierre Frey. Certains des motifs que l’on retrouve dans les suites sont ainsi identiques à ceux que l’on peut voir dans le Petit Trianon. « Lorsque vous entrez ici, vous plongez dans l’univers de 
Marie-Antoinette », poursuit Julien Révah.

S’il vivait aujourd’hui, Louis XIV se serait sûrement construit une piscine © Le Grand Contrôle/ Renée Kemps


Direction les sous-sols, où se cache le seul anachronisme notoire du bâtiment : la piscine et le spa Valmont. On aimerait y voir une référence cachée à l’ombrageux héros de Choderlos de Laclos. Charles nous a réservé un massage sur mesure aux huiles parfumées de la vénérable Maison Caulières, héritière d’un savoir-faire datant de 1714. Vite, un rapide plongeon dans le bassin bleuté et nous voilà en route vers la suite mansardée qui se niche au deuxième étage.

Notre baignoire… avec vue © Le Grand Contrôle/ Renée Kemps

De part et d’autre d’un long couloir qui mène au salon, deux chambres. Dans la plus grande, tapissée de fleurs et d’oiseaux, un lit orné d’un dais « à la polonaise » sur lequel nous attendent des petites attentions. Une robe de nuit en coton blanc, un stylo bille en forme de plume et un carnet floqué à nos initiales pour y consigner nos mémoires à l’ancienne.

En point d’orgue, la salle d’eau réserve une surprise… royale : une baignoire à pieds de lion donnant sur les Cent Marches, théâtre de tant de scènes de films mythiques.

Un tea-time grandiose


C’est déjà l’heure du tea-time offert aux hôtes de l’hôtel. Du grand art signé Alain Ducasse. Ce jour-là, se dégustent en vrac un pain brioché avocat homard parfumé au raifort, du saumon aux agrumes, des sphères de riz au lait et au chocolat blanc, des guimauves parfumées, des macarons évidemment et du cake marbré. Le tout arrosé de chocolat chaud à la fleur d’oranger dont raffolait la reine.

© Le Grand Contrôle/ AtelierMai98

« Tous nos convives ne sont pas férus d’histoire de France, reconnaît Julien Révah. Il arrive à certains de faire des raccourcis et de marier Louis XIV à Marie-Antoinette. A nous de corriger gentiment le tir. Nos visites privées sont aussi là pour cela. C’est cette reine qui fascine incontestablement nos visiteurs. En particulier la clientèle américaine qui représente aujourd’hui notre premier marché. »

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Us et costumes


Le maître des lieux en veut pour preuve le succès rencontré par cette expérience proposée par un prestataire parisien : l’hôtel peut faire venir des robes de bal et des habits de cour grand luxe créés à l’origine pour le cinéma ou la télévision. Il existe même des costumes pour enfants.

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« J’étais un peu sceptique au départ mais c’est notre best-seller, poursuit l’hôtelier. Les gens vivent cela en famille, ils se baladent dans l’hôtel, prennent le thé costumés, se promènent à l’entrée des jardins. Un jour de printemps, nous avons même installé sur la terrasse des animaux de ferme comme ceux que l’on voit dans le film de Sofia Coppola pour l’anniversaire d’une fillette. Cela fait de jolies photos. Des souvenirs qui dureront toute leur vie. »

Le privilège d’être en solo dans la Galerie des Glaces © Le Grand Contrôle/Felicia Sisco

En route pour une visite très privée

La nuit vient à peine de tomber. Alors que les derniers visiteurs quittent Versailles, une voiture nous emmène jusqu’à la grille d’honneur. La guide nous attend. Elle est chargée de nous conduire vers les Appartements de la Reine et la Galerie des Glaces, le clou des visites privées comprises elles aussi dans le prix du séjour.

« Vous n’êtes que deux ? », s’étonne-t-elle. Ce soir-là, nous sommes les seules hôtes du Grand Contrôle. « Vous aurez la 
Galerie des Glaces juste pour vous. Louis XIV lui-même ne l’a sans doute jamais vue de cette manière. »

« C’est avec précaution que nous mettons les pieds dans la Galerie des Glaces, trop impressionnées que nous sommes pour oser la traverser. »


Son château n’avait rien d’une retraite paisible. Des courtisans par milliers accompagnés de leurs laquais se pressaient à tous les étages de ce palais grandiose en chantier permanent. 
Aujourd’hui, avec 10.000 visiteurs quotidiens, on n’est pas loin du compte… La Grande Galerie, comme on l’appelait alors, était avant tout un endroit de passage. Long de 73 mètres, elle reliait les Salons de la Guerre et de la Paix. Le lieu porte en lui la mémoire des fantômes qui se sont reflétés dans ses étranges miroirs.

La célèbre Galerie des Glaces dans le film Jeanne du Barry @DR

Épater la galerie

C’est avec précaution qu’on y met les pieds, trop impressionnées pour oser la traverser. « Tout le monde n’a pas le même respect, grince la guide. Les costumes lors des visites sont interdits. Pourtant, comme par magie, certaines influenceuses font apparaître des robes longues et des accessoires d’on ne sait où. J’en ai même vu se rouler par terre. Pour faire ce qu’elles appellent des  images intéressantes . » L’envie d’épater la galerie n’a jamais aussi bien porté son nom.

Prêtes pour le grand jeu du chef Ducasse © Le Grand Contrôle/ Renée Kemps

A Versailles, le roi et le reine en tout temps se donnaient en spectacle. Le chef Alain Ducasse a pensé son menu comme une pièce en six actes jouée au son de la musique baroque. Au milieu des convives, le maître d’hôtel fait le show, annonçant les délices à la cantonade dans un ballet d’entrées, de plats et d’entremets, couronnés par une avalanche de desserts.

Des jeux de société à l’ancienne

Les soirs d’affluence, une séance de jeux populaires au XVIIIe siècle s’improvise dans le salon d’audience. On y sort les cartes et la cavagnole, l’ancêtre italien du bingo. « Demain matin, voulez-vous profiter du « réveil de la reine » ? », s’enquiert notre majordome avant de nous rappeler d’ouvrir dans notre chambre la boîte rose qui cache de notre vue le téléphone nécessaire pour passer la commande du petit-déjeuner.

Julien Révah, directeur général du Grand Contrôle © Le Grand Contrôle


La nuit s’effrite et déjà un grattement à la porte de la suite annonce le fameux « réveil ». Précédé par une musique douce, une lanterne à la main, un valet de chambre ouvre les tentures sur le matin timide. Il pose sur la table de chevet une boisson 
rafraîchissante composée de jus d’orange pressé et de lait d’amande.

Le bruit du bain qu’il fait couler promet un doux 
début de journée, confirmé par l’arrivée du petit-déjeuner. Nous avons choisi de prendre dans le salon de notre suite. Le temps presse, nous devons déjà nous préparer avant la deuxième visite confidentielle de notre programme.

En route pour le domaine de la Reine

« Il en existe six en tout, détaille Julien Révah. Assez pour contenter nos clients qui restent plusieurs jours ou qui reviennent. Il y a tant de choses à voir à Versailles. Sans parler des expériences sur mesure qu’on peut leur proposer : une visite privée de l’Opéra royal, une promenade à cheval dans le parc du château ou un pique-nique 
raffiné au bord du Grand Canal, tout est possible. »

Un picnic super chic peut être organisé le long du Grand Canal © Le Grand Contrôle/Felicia Sisco


Plus de temps à perdre, le domaine de Trianon nous fait de l’œil. L’ombre de Marie-Antoinette plane sur le hameau qu’elle chérissait tant. En ce mercredi froid de janvier, le monde se fait rare dans le charmant village de pacotille où la plus célèbre reine de France jouait à la fermière.

Le charme du Hameau de la Reine ©Château de Versailles

L’été, les clients du Grand Contrôle sont les seuls à entrer dans ces maisonnettes de conte de fées. Le nôtre va bientôt s’achever par un dernier tour de piste dans les allées du parc 
engourdi par l’hiver. La musique baroque qui chante à nos oreilles dans les haut-parleurs de la voiturette va sûrement nous manquer. Tout cela, madame, c’était donc Versailles.

En pratique

Se renseigner. Le coût d’un séjour d’une nuit en chambre Deluxe à l’hôtel Airelles Château de Versailles – Le Grand Contrôle démarre à partir de 2.000 euros pour deux adultes. Sont inclus dans ce montant : le petit-déjeuner gourmand par Alain Ducasse, le minibar sucré et salé, le service de rangement et de préparation bagages, la blanchisserie, le majordome dédié, l’accès au Spa 
Valmont privatisé, le Goûter Royal, les boissons chaudes, l’accès illimité au Jardin de l’Orangerie, les visites exclusives du Château et du Domaine de Trianon, les voiturettes à disposition et les barques électriques à la belle saison. airelles.com

Y aller. Nous avons voyagé avec l’Eurostar qui relie Bruxelles à Paris 19 fois par jour en 1 h 22. Dès 29 euros le trajet. eurostar.com

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