88 ans après l’octroi des premiers congés payés par le gouvernement belge, nos compatriotes sont toujours plus nombreux à choisir de les mettre à profit pour voir du pays. Et ce, alors même que les vacances à l’étranger coûtent plus cher que jamais.
Voyez plutôt: en un an seulement, le budget vacances moyen des foyers belges est passé de 2.182 à 2.736 euros, soit une hausse de 25.4% tout de même. Si une augmentation similaire se produisait soudain pour l’un ou l’autre produit de première nécessité, on crierait au vol et au scandale, mais pour les vacances à l’étranger, nos compatriotes semblent se contenter de grommeler que décidément, tout coûte toujours plus cher, et qu’avant, on voyageait pour bien moins que ça, « hein dis les billets à 400 euros pour Bali, tu te souviens Chéri ».
Et si ces 2.736 euros placent la Belgique en tête des pays européens niveau budget vacances, loin, très loin devant la France et ses 2.100 euros de moyenne, cela ne passe pas l’envie de voyager à grand monde s’il faut en croire les données recueillies par l’assurer HelloSafe. En effet, cet été, 68% des Belges envisagent de partir à l’étranger, contre 52% à l’échelle européenne et 39% en France.
« La Belgique se distingue particulièrement avec seulement 20% de ses habitants prévoyant de passer leurs vacances dans leur propre pays, ce qui pourrait être attribué à la petite taille du territoire belge » pointent les analystes de l’assureur, qui soulignent également « la proximité de nombreux pays européens, rendant les voyages internationaux plus accessibles et attractifs ». Et puis il ne s’agirait pas d’oublier la météo dans tout ça.
Record de réservations
En Belgique, le voyagiste TUI a ainsi enregistré des réservations « record » pour le mois de juin, pourtant plutôt connu comme un mois « difficile », et anticipé comme encore plus calme niveau vacances cette année en raison des élections et de l’Euro de football.
C’était toutefois sans compter sur des semaines entières de grisaille et de pluie froide, qui ont poussé les Belges à réserver en masse: plus 28% pour les départs durant l’été, et plus 78% carrément pour les last minute au mois de juin, le plus souvent vers des pays où le soleil est garanti. Autre surprise: la plupart de ces réservations impulsives sont réalisées non pas en ligne mais bien « en vrai ».
« Les Belges qui peuvent se libérer n’hésitent plus à prendre des jours de congés « à l’improviste » et on assiste à des achats impulsifs dans les agences de voyages. Deux-tiers des personnes qui passent la porte d’une agence de voyages TUI réservent dans la foulée, sans attendre davantage. 64 % des réservations actuelles ont été faites dans des agences de voyages, que ce soit dans des TUI shops ou dans des agences partenaires. Les agents de voyages conseillent des clients qui n’ont pas de destination précise en tête mais qui insistent pour avoir une météo avec un ensoleillement garanti et des prix imbattables. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à faire le tour des météos des différentes destinations avant d’arrêter un choix, signe du ras de bol général des Belges. Le rapport « soleil/prix » est actuellement celui qui influence le plus les réservations » révèle-t-on encore du côté du voyagiste allemand, leader du marché dans notre pays.
Sacrifier pour mieux profiter
Et tant pis si entre les températures qui plafonnent à des maxima de fin d’automne, et les prix qui caracolent, ce fameux rapport soleil/prix est plus déséquilibré que jamais: nos compatriotes sont prêts à rogner sur bien d’autres budgets avant de devoir se résigner à passer leurs vacances à l’hôtel du chez soi.
À l’hiver 2024, le voyagiste Sunweb avait mené une étude sur les réservations aux sports d’hiver, et plus précisément, comment nos compatriotes mordus de neige combinaient leur amour de la montagne à des prix qui atteignaient des sommets. Verdict: celles et ceux qui veulent partir coûte que coûte « font preuve de créativité dans leurs façons d’économiser » selon la porte-parole de Sunweb Group Martine Langerak. Ainsi, pour pouvoir se payer des vacances au ski, 23% de nos compatriotes étaient prêts à faire moins de shopping, tandis que 22% d’entre eux se disaient prêts à moins manger à l’extérieur (ou commander à domicile) et que 20% étaient disposés à mettre le hola sur les sorties histoire de réunir le budget nécessaire pour profiter des sommets enneigés.
Plus extrême encore: 17% des Belges assuraient être prêts à moins se chauffer cet hiver si cela leur permettait d’assurer le maintien de leurs vacances au ski, malgré le prix toujours plus conséquent de celles-ci: compter en moyenne 1.200 euros par personne pour une semaine aux sports d’hiver, ce qui, quand on est une famille de 4 ou 5 personnes, représente vite une sacrée somme.
Des vacances à l’étranger, oui, mais…
Et si, à l’heure d’écrire ces lignes, un sondage similaire n’a pas encore été réalisé pour les voyages estivaux, reste que les vacances à l’étranger sont un luxe dont les Belges refusent de se priver, même si cela implique parfois d’être flexible. En baissant le chauffage et/ou en limitant les virées shopping, donc, mais aussi, en réservant malin: d’après une étude réalisée par Touring à l’approche du grand exode estival, pour 53% des Belges, le prix est le critère décisif dans le choix de leur destination – suivi par l’ensoleillement, les curiosités à admirer sur place, la nature et la proximité avec la mer.
Malgré une inflation qui semble s’inscrire dans la durée, avec tout ce que cela implique de compliqué pour le budget, 57% de nos compatriotes refuseraient ainsi de dépenser plus cette année pour leurs vacances à l’étranger. Plus facile à dire qu’à faire? Disons qu’il s’agira parfois d’adapter son choix de destination ou d’activités sur place. Ou bien de simplement partir moins loin: en février, l’office statistique belge Statbel diffusait les résultats de son étude sur les habitudes de voyage des habitants du plat pays, et il en ressortait que plus d’un tiers d’entre eux (34.3% exactement) avaient opté pour des vacances en France à l’été 2023, avec l’Espagne en 2e position des pays étrangers préférés des voyageurs belges, puis les Pays-Bas, l’Italie et l’Allemagne.
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