Vous ne supportez pas les bruits de bouches et autres bruits anodins ? Vous êtes peut-être misophone…

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Vous ne supportez pas les bruits de mastications de votre voisin à la cantine, le cliquetis d’un stylo dans l’open space ou quand votre conjoint respire en regardant une série le soir dans le canapé ? Vous souffrez peut-être de misophonie. Explications.

Une étude récente a réussi à établir que le bruit connu le plus déplaisant serait celui d’un couteau dans une bouteille. Ils ont aussi pu constater que les sons les plus énervants tombent dans des gammes de fréquences particulières qui peuvent aller jusqu’à causer de la douleur physique, et être logiquement perçus comme intolérables. Mais, que dire des bruits discrets, plus subtils – comme mâcher, humer, ou encore respirer – qui conduisent certaines personnes à devenir violentes, pendant que d’autres ne le remarquent à peine ?

C’est là ce que l’on identifie comme la misophonie. L’état des personnes qui réagissent très fortement aux sons omniprésents dans la vie de tous les jours. Cette condition débute vers la fin de l’enfance et empire avec le temps. Bruit de cliquetis, de bouche, de nez créent une réaction émotionnelle, une vague de rage et de panique, une sorte de tempête intérieure où il leur faut réagir. Montée d’adrénaline, bouffées de chaleur, battements cardiaques qui s’accélèrent, tremblements, et souvent le désir, voire la nécessité de fuir physiquement ou d’attaquer l’émetteur de ce son en soi anodin, sont souvent ressenties, comme le rappelle le site misophonia.org, un site dédié à ce trouble.

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Que dit la science de cette condition

Une nouvelle étude de l’Université de Newcastle, en Grande-Bretagne, vient de révéler quelques faits scientifiques derrière cette misophonie. Les chercheurs ont d’abord diffusé quelques sons neutres, comme celui de la pluie, à 20 volontaires souffrant de misophonie sévère et à 22 n’étant pas atteints par ce « trouble ». Puis ils ont produit des sons déplaisants, comme des pleurs de bébé, suivis de sons connus pour déclencher la misophonie, comme celui du mâchouillage ou de respiration. Ils ont alors constaté chez les membres misophones une fréquence cardiaque accrue au déclenchement de ces sons.

« Les scans cérébraux révèlent que les misophones ont une activité renforcée dans le cortex insulaire antérieur, zone connue pour jouer un rôle central dans le système qui détermine quelles sont les choses auxquelles nous devons prêter attention. Quand les sons déclencheurs sont émis, il n’y a pas seulement plus d’activité dans cette région, mais aussi des niveaux élevés de connectivité dans les autres régions » rapporte the New Scientist. Autrement dit, chez les misophones, les systèmes qui dictent ce à quoi nous devons prêter attention et comment y répondre émotionnellement sont perturbés.

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Les signes qui montrent que vous souffrez peut-être de misophonie

On ignore combien de personnes au juste sont touchées par la misophonie, mais force est de constater qu’à chaque parution d’articles sur le sujet, les langues se délient et nombreux sont ceux à aborder leurs expériences personnelles.

L’organisation britannique Misophonia UK rappelle quelques faits-clés :

– La misophonie apparaît le plus souvent entre 10 et 12 ans,

– Les sons déclencheurs les plus irritants sont ceux liés aux actions de manger et de respirer,

– La réaction s’enclenche avec le son (ou quelque aspect de ce son) et souvent se développe avec des actions associées au son et même par anticipation de ces actions,

– Plus la victime est émotionnellement proche de la personne « déclencheuse », plus le son tend à être offensant,

– La réaction se manifeste le plus souvent sous la forme de rage extrême,

– Le son déclencheur peut créer une réponse véhémente ou de fuite chez le misophone, de sorte qu’il éprouve un désir de violence extrême à l’adresse de l’émetteur du son, ou d’échapper à sa proximité à tout prix.

Les personnes souffrant de ce mal sont souvent mal diagnostiquées, plutôt établies comme souffrant de troubles phobiques, de troubles obsessionnels compulsifs, ou bipolaires, maniaques, et troubles anxieux. La détresse psychologique des misophones est en tout cas avérée. Selon les experts, cet état est sans doute quelque chose d’inné, n’est probablement pas un trouble auditif, mais plus probablement un mauvais fonctionnement physiologique dans certaines parties du cerveau activé par le son.

Vous ne supportez pas les bruits de bouches et autres bruits anodins ? Vous êtes peut-être misophone...
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Comment faire face

Jusqu’à présent, il n’existe aucune cure ou traitement spécifique. Pour faire face à ce mal, il existe plusieurs stratégies individuelles comme l’utilisation des bouchons d’oreille, l’isolement au moment de manger notamment, l’usage de générateurs de bruit blanc – utilisés notamment pour soulager des acouphènes -, l’hypnose, la thérapie cognitive comportementale et autres thérapies, voire la prescription de médicaments.

Il existe aussi de nombreux groupes de soutien sur internet, forums, qui permettent de libérer la parole, partager ses expériences et trouver les mots pour expliquer cette situation vécue à son entourage. Car comme le prouve le succès et les réactions à cet article, la misophonie est un mal relativement répandu…

(Source MNN)

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