Le côté obscur du riz basmati

Dans la région du Punjab, à la frontière de l'Inde et du Pakistan, les cultivateurs de riz basmati utilisent énormément de pesticides. Pression du rendement, méconnaissance des produits utilisés, cela n'est pas sans conséquence sur la santé des populations locales et sur l'environnement, comme le montre reportage paru dans l'édition de février du National Geographic. Explications. © Getty Images/iStockphoto
Stagiaire Le Vif

Dans la région du Punjab, à la frontière de l’Inde et du Pakistan, les cultivateurs de riz basmati utilisent énormément de pesticides. Pression du rendement, méconnaissance des produits utilisés, cela n’est pas sans conséquence sur la santé des populations locales et sur l’environnement, comme le montre reportage paru dans l’édition de février du National Geographic. Explications.

Sur la planète, un habitant sur deux consomme du riz. À l’origine, le riz de la région du Punjab est connu pour sa qualité et ses vertus nutritionnelles. Mais l’industrialisation du secteur aurait quelque peu changé la donne. En effet, pour augmenter les rendements et produire de plus en plus, l’utilisation de pesticides dans la culture du riz en Inde est monnaie courante depuis de nombreuses années. Ainsi, dans les années 60, les récoltes qui suivirent les premières utilisations de pesticides ont permis au pays d’éviter la famine, mais aussi aux cultivateurs d’exporter leur produit. Aujourd’hui, 80% de la production totale de riz indien est destinée à l’Europe et au Moyen-Orient.

Une catastrophe pour les communautés locales et l’environnement

Dans le documentaire The Price of Basmati, Gurbhej Singh, explique les conséquences désastreuses de l’utilisation des pesticides, à la fois sur sa santé et celle de ses collègues, mais aussi sur l’environnement.

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Les effets des pesticides sur la santé des cultivateurs sont immédiats : apparition d’éruptions cutanées, genoux endoloris, démangeaisons oculaires, évanouissements, problèmes respiratoires, et enfin cancers multiples. Mais les effets désastreux sur la santé sont également liés à la pollution de l’eau via les engrais.

Une utilisation abusive des pesticides due à la pression du rendement

L’un des problèmes majeurs de la mauvaise utilisation des pesticides est dû en partie au fait que les agriculteurs, dont Gurbhej Singh, ne lisent pas ou pas correctement les indications sur le contenant. Pourquoi? Car celles-ci sont écrites en hindi, alors que la plupart des cultivateurs ne parlent que le Punjabi. Conséquence ; ils ne respectent donc pas souvent les doses recommandées, ne portent pas de vêtements de protection, ni même de masque alors que les produits sont très toxiques. De plus, les agriculteurs, soumis à la pression du rendement, ont remarqué que plus ils utilisaient de pesticides, plus la production serait riche. Ils n’hésitent donc pas à surdoser les pesticides plus qu’il n’est préconisé. Singh souffre aujourd’hui d’un cancer comme une grande partie de la population du Punjab. En effet, en 2015, 90 personnes sur 100.000 ont été diagnostiquées comme atteintes d’un cancer dans la région du Punjab. Un chiffre supérieur au reste de l’Inde, où le chiffre avoisine plutôt les 80 personnes sur 100.000. Un taux inquiétant, car les personnes malades n’ont en général pas d’argent pour se soigner et les traitements, dont la chimiothérapie, coûtent très cher.

Dans la région du Punjab, à la frontière de l'Inde et du Pakistan, les cultivateurs de riz basmati utilisent énormément de pesticides.
Dans la région du Punjab, à la frontière de l’Inde et du Pakistan, les cultivateurs de riz basmati utilisent énormément de pesticides.© Getty Images/iStockphoto

Seulement le début ?

Pour démontrer le lien direct entre l’utilisation fréquente et à haute dose de pesticides, et l’augmentation des cas de cancer, la réalisation d’une étude à grande échelle est nécessaire. En effet, beaucoup de facteurs peuvent causer le cancer, tels que le tabagisme ou les habitudes alimentaires, mais des soupçons peuvent être émis quant à la contamination de l’eau souterraine dans la région. Une eau utilisée au quotidien par la population locale, dans l’alimentation et dans la vie quotidienne.

« Depuis les années soixante et septante, les agriculteurs empoisonnent la terre. Je pense que nous ne sommes qu’au début des problèmes. »

Pour Gurpreet Singh, médecin et vice-recteur de l’université Adesh, ce n’est que le début. Selon lui, de plus en plus de cas de cancers seront recensés, dans la mesure où 20 à 30 ans sont nécessaires pour que ceux-ci se développent. Les populations locales ont donc un avenir sombre devant elles : « La culture de riz Basmati est la fin du Punjab. Continuer à produire et à exporter du riz basmati nuirait à la santé des prochaines générations ».

http://priceofbasmati.com/

(source National Geographic)

par Justine Toussaint (stg)

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