Sept bons livres pour parler d’amour avec les enfants et les ados
L’amour est trop important pour que l’on n’en parle qu’un jour par an. Tout comme il est trop important pour ne l’aborder qu’à l’âge adulte. Car cela ne vous aura pas échappé, l’amour intrigue dès le plus jeune âge. Les livres qui suivent permettent d’aborder ce vaste sujet, et ceux qui en découlent, avec nos minots, mais aussi de répondre à bien des questions qu’ils se posent déjà.
Les amoureux sont trop bêtes, Davide Cali et Roland Garrigue, éditions Sarbacane, 2018, 13,90 euros
Au parc, un petit garçon observe avec dédain tous les archétypes d’amoureux : de ceux qui font tout ensemble, en viennent à se ressembler, à tout faire pareil, à manger dans la même assiette et boire dans le même verre, à se regarder béatement comme si ce qu’ils se disaient étaient intéressant… Des exemples clichés qui n’inspirent que dégoût et répulsion à ce petit garçon, écoeuré par toutes ces manifestations sentimentales, voire baveuses. Être amoureux à son tour ? Pas moyen. À moins que…
Une manière drôle d’évoquer la distance qui nous sépare de ceux que la flèche de Cupidon a déjà touchés, mais aussi la garde qui se baisse quand elle nous épingle à notre tour. Et qu’on devient tout chose. Voire ridicule aux yeux du monde.
J’ai un amoureux, Muzo, Actes Sud Junior, collection Les petits tracas de Théo et Léa, 2018, 6,90 euros
Habituée à se pencher sur les préoccupations quotidiennes de nos chères têtes blondes, la collection les petits tracas de Théo et Léa, aborde ce coup-ci l’amour, vécu du point de vue de Léa, 6 ans, qui se découvre un jour un amour pour Lilian, petit camarade de classe à qui elle trouve d’un seul coup d’un seul une multitude de qualités et autre charme. Mais jeux et enthousiasme font vite place à la déception. Et au coeur brisé. Heureusement, le Docteur Muzo, comme à son habitude, conclut ce livre par quelques conseils bienvenus aux questions des deux petits protagonistes qui prêtent leur prénom à cette collection.
Chien pourri est amoureux, Colas Gutman, Marc Boutavant, École des Loisirs, 2018
Sous des dehors esthétiques et olfactifs repoussants, ce chien – imaginé par Colas Gutman, et dessiné par le prolifique Marc Boutavant (Ariol, Mouk, Edmond, etc) – est terriblement attachant. Mais angoissé à l’idée de ne jamais croiser l’amour, même sous la forme d’une serpillère. Mais quand il croise Sanchichi, il croit avoir avalé un tam tam. Mais que nenni, c’est son coeur qui bat la chamade. S’ensuit alors une aventure rocambolesque durant laquelle notre héros canin tâchera de mettre en application les préceptes d’un manuel du parfait séducteur dégoté, évidemment, au fond d’une poubelle. Chien Pourri arrivera-t-il à conquérir sa belle ? Vous le saurez en lisant cette nouvelle aventure canino-poubelleuse pleine de rebondissements. Spoiler : l’amour triomphe toujours.
Heu-reux, Christian Voltz, éditions du Rouergue , 2016, 13,50 euros. À partir de 5 ans.
Charolaises, Limousine, Blonde d’Aquitaine, pas moyen. Le prince Jean-Georges ne trouve pas chaussure à son pied ni vache à qui passer la bague au doigt dans les prétendantes que lui soumet son père, le roi Grobull. Le prince serait-il plus versé dans les chèvres ? Le roi revoit ses ambitions pour son fils à la baisse, mais la non plus, aucune ne lui convient ? Des truies ? Non plus rien n’y fait. Le prince est décidément difficile quand il s’agit de prendre femme. Aurait-il un coeur de pierre ? Pourtant ce père, sous des dehors autoritaires, n’a qu’un objectif : que son fils, aussi princier soit-il, soit heu-reux. Mais peut-être la solution se trouve – elle juste là, sous ses yeux…
Encore une fois, Christian Voltz signe un petit album, aussi graphiquement ingénieux qu’humainement jubilatoire, pour évoquer la différence, l’homosexualité et le droit de ne pas en pâtir.
Naissance, d’Agnès Rosenstiehl, La ville brûle, 2018, 15 euros
Publié originellement en 1973 et réédité il y a quelques mois par les éditions La Ville Brûle, La Naissance était, à l’époque déjà, qualifié de livre parfait, par ni plus ni moins que Françoise Dolto elle-même. Quarante-cinq ans plus tard, il témoigne d’une intelligence et d’une rare sincérité. Agnès Rosenstiehl – surtout connue pour les célèbres aventures de Mimi Cracra parues dans Pom d’Api dans les années septante – y narre la rencontre entre une petite fille et un petit garçon qui dissertent sur l’amour, et donc la sexualité, la naissance. Un peu crument, avec impertinence et tendresse, ce récit en noir et blanc n’a pas pris une ride.
Dire l’amour, 10 nouvelles sur le sentiment amoureux, collectif, éditions Thierry Magnier, 2019
Dix auteurs se prêtent au jeu des questionnements adolescent sur l’amour, répondant au thème inscrit au programme de l’enseignement secondaire en France. Mais ici point de lyrisme, ni de poèmes, mais des nouvelles courtes bien dans leur époque, de la naissance des sentiments, du désir, à la manière de rompre, en passant par les interdits, l’homosexualité, et la fascination du looser pour la plus belle fille de l’école. Des points de vue subjectifs pleins de doute, mais aussi d’énergie. À mettre entre les mains adolescentes de jeunes gens modernes qui se sentent peut-être parfois un peu seuls avec leurs interrogations, les frémissements, leur désir.
Ce que je sais de l’Amour, de Philippe Katerine, Coffret comprenant également ce que je sais de la mort, éditions Hélium, 2017, 18 euros
Depuis près de 30 ans, Philippe Katerine chante l’amour, ses creux, ses aspérités, ses vides, ses incongruités, ses déceptions. On sait l’homme acteur et réalisateur, mais il est aussi dessinateur et écrivain. C’est sous cette forme à travers Ce que je sais de l’Amour, qu’il a décidé de faire l’inventaire de ce qu’il sait sur le sujet, l’Amour, avec la fantaisie, l’intelligence et la drôlerie, si rares, qu’on lui connait. Autant de petites leçons de philosophie illustrées, infusées de culture populaire contemporaine, s’adressant d’abord aux adolescents et adultes, mais à n’en pas douter, aux yeux gloutons des plus jeunes aussi.
Tout comme Eros est lié à Thanatos, cet opus est lié à Ce que je sais de la Mort, ces deux premiers opus constituant le point de départ à sa petite bibliothèque philosophique, où le graphisme et la réflexion – dont la singularité et la concision rappelle son répertoire – aide à mieux comprendre la vie. Une invitation poétique et pop à poser un regard différent sur la joie dont recèle le quotidien.
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