De l’air ! Voici comment bien aérer son intérieur

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Nous passons, contraints et forcés, beaucoup de temps à l’intérieur. Or la qualité de l’air n’y est pas toujours optimale. Que faire pour l’améliorer ? Doit-on acheter des plantes, un purificateur d’air ? La vraie solution est beaucoup plus simple. Explications.

En ces temps de confinement et de télétravail, renouveler l’air est même indispensable. Pourtant, la pollution intérieure est souvent ignorée, bien qu’elle soit la cause de dizaines de milliers de morts par an en Europe. Celle-ci serait principalement issue des produits que l’on utilise pour désodoriser notre intérieur tels qu’encens, bougies ou encore huiles essentielles. Mais aussi des produits ménagers, déodorants, laque ou vernis. En sachant que l’on passe 80% de son temps à l’intérieur, et maintenant encore plus avec le télétravail, il serait judicieux de s’y intéresser.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, et à moins que l’on vive en centre-ville, l’air à l’intérieur est souvent plus pollué que celui du dehors. Le magazine de consommation « 60 Millions » rappelle que l’air intérieur est sept fois plus pollué que l’air extérieur. En moyenne, il y flotte des centaines de produits chimiques différents. Et leur concentration aurait fortement augmenté au cours des dix dernières années selon l’agence environnementale américaine EPA. Selon une étude menée aux Pays-Bas, dans un foyer sur six on dépasserait les normes recommandées par l’OMS. Cela s’expliquerait par des maisons mieux isolées et par l’utilisation plus généralisée du plastique dans la construction et l’ameublement.

La première source de pollution – et la plus dangereuse puisque, à forte dose, elle peut même être cancérigène – vient des substances volatiles et issues des produits ménagers, des bougies ou encore des matériaux de construction. Une autre source de pollution est la poussière fine qui se dégage en passant l’aspirateur, lorsqu’on s’écrase sur le canapé ou que l’on marche sur une moquette. Un dernier genre de polluant est lui d’origine animale ou végétale. Ces polluants biologiques peuvent être des bactéries, des virus, des moisissures, mais aussi des poils d’animaux ou du pollen. Ces dernières sont autant de substances qui peuvent provoquer des réactions allergiques ou des irritations des yeux ou du nez et peuvent aggraver ou faire apparaître l’asthme ou des infections.

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Il est à noter que cette pollution intérieure n’entraîne pas directement la mort, mais sert de facteur aggravant à des maladies déjà présentes. Les femmes enceintes, les bébés et les personnes plus âgées y sont également plus sensibles. Pour réduire les risques, il est conseillé d’éviter ce genre de produits et d’aérer son habitation une heure et demie par jour, même en hiver. De même qu’une pièce trop chauffée est aussi à déconseiller.

Les parfois très toxiques produits ménagers

Le magazine 60 Millions de consommateurs a étudié pour un hors-série publié en 2019 la composition de 60 produits ménagers parmi les plus vendus, en se basant sur la lecture de leur étiquette et de leur fiche de données de sécurité réglementaire. Son verdict: « ils se révèlent toxiques et polluants ». « Beaucoup contiennent une ou plusieurs substances toxiques, nuisibles à notre santé ou à l’environnement », écrit-il en préambule, les accusant d’être les « principaux responsables » de la pollution de l’air intérieur.

Les produits industriels émettent beaucoup plus de composés organiques volatils (COV), de minuscules poussières dont certaines sont classées cancérigènes possibles, comme l’acétaldéhyde, ou avérés, comme le formaldéhyde. Il faut aussi se méfier des isothiazolinones, des conservateurs qui doivent tuer les micro-organismes à leur contact. Présents dans 67% des produits, « ils se révèlent extrêmement allergisants ».

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« Les produits manufacturés ont davantage de produits chimiques, donc ils vont dégager un cocktail de molécules plus grand » explique à l’AFP Isabelle Augeven-Bour, ingénieure qualité de l’air à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Mais « dans les conditions d’utilisation normales, en respectant les quantités du fabricant et en aérant, il n’y a aucun problème », tempère-t-elle pourtant.

Et ajoute une importante précaution pour les produits « faits maison »: il faut limiter les huiles essentielles. « Plus il y en a, plus les émissions de COV augmentent. Deux-trois gouttes suffisent! ».

Comment purifier son intérieur ?

Le plus simple est d’aérer un maximum et au bon moment. Cela permet d’enlever l’air pollué produit par notre activité et de limiter les maux de tête. Mais aussi de rendre la vie plus difficile au virus. L’aération est même l’un des gestes barrières, comme se laver les mains peut l’être.

Alors oui, il est moins agréable d’aérer son logement lorsque les températures sont basses, mais cela doit être fait tout au long de l’année. En calfeutrant tout, on a l’impression de garder la chaleur, mais il n’en est rien. En réalité cela augmente le taux d’humidité. Ce qui à son tour rend paradoxalement la maison plus difficile à chauffer et cela favorise la multiplication de microbes et des moisissures dans l’air et sur vos murs.

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L’idéal est d’aérer en ouvrant en grand les fenêtres entre 5 et 15 minutes. Au minimum une fois par jour, mais idéalement deux, voire trois fois par jour. On peut le faire le matin avant 10 h ou le soir après 19h (c’est encore mieux après 22h). Deux moments où l’air extérieur est moins pollué.

On veillera aussi particulièrement à aérer sa chambre le matin, la pièce où l’on télétravaille toutes les six heures, la salle de bain après sa douche et la cuisine après avoir fait à manger.

Bon à savoir : Il vaut mieux aérer franchement sur un court laps de temps et plusieurs fois par jour que de laisser passer un filet d’air pendant une heure.

Et avec un purificateur d’air ?

La plupart des purificateurs d’air fonctionnent par ionisation ou filtrage.

Le premier a l’avantage de ne pas avoir besoin de filtre (on ne doit ni le nettoyer ni le remplacer), mais fonctionne moins bien si la pièce est humide. Il produit aussi de l’ozone, ce qui le rend moins recommandé pour les personnes âgées et les asthmatiques. Un ioniseur projette des molécules chargées négativement qui se fixent aux polluants chargés positivement. Leur poids cumulé les fait tomber sur le sol. Ce qui demande aussi de nettoyer le sol plus souvent et si possible avec un aspirateur doté d’un filtre hepa.

Le second est souvent équipé par de filtres dits « hepa » qui captent les particules de plus de 0,3 micromètre (soit plus de deux cents fois plus fines qu’un cheveu humain). Leur efficacité varie de 85 à 99,99 %. Il présente par contre le désavantage qu’il faut remplacer le filtre régulièrement et que le filtre sale doit être traité avec la plus grande prudence, car, de facto, rempli de saleté.

Dans les deux cas, il faut tenir compte du volume que le purificateur est capable de traiter. Ainsi mettre un purificateur de faible puissance dans une grande pièce d’une vieille maison mal isolée ne sert à rien, bien que certaines études ont démontré un effet positif sur les personnes allergiques ou asthmatiques s’il était placé à côté du lit. En sachant que les normes indiquées sont souvent dans la fourchette haute, puisque celles-ci sont effectuées en laboratoire.

Avec des plantes ?

Leur efficacité pour dépolluer des pièces est ces dernières années sérieusement remise en question. Ainsi en 2011, selon l’Ademe ce n’est pas validé scientifiquement au regard des niveaux de pollution généralement rencontrés dans les habitations et des nouvelles connaissances scientifiques dans le domaine.

Un constat encore renforcé par une étude effectuée sur 196 plantes et publiée en novembre 2019 au Journal of Exposure Science and Environmental Epidemiology de la revue au Nature. Pour les auteurs les études révélant la capacité des plantes à « filtrer » ou « dépolluer » sont basées sur des tests effectués dans des milieux confinés très restreints ou dans des conditions très maîtrisées.

Ou pour le dire autrement : les plantes n’ont aucun impact sur l’amélioration de la qualité de l’air intérieur. Au mieux elles ont un rôle neutre, au pire elles augmentent l’humidité de l’air.

En réalité il faudrait avoir entre 10 et 1000 plantes par mètre carré pour qu’elles aient un impact sur la qualité de l’air de votre intérieur. Il faudrait donc installer une véritable jungle.

Ce constat n’enlève rien au fait que les plantes sont une source de bien-être. Avoir un peu de verdure sur son lieu de travail par exemple donne un sentiment d’apaisement.

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