Les défilés masculins pour l’automne-hiver 16-17 ont sorti le grand jeu

© Dries Van Noten/Kenzo/Philipp Plein

Entre performances live et localisations à couper le souffle, les défilés masculins pour l’automne-hiver 16-17 ont sorti le grand jeu.

Dix-sept ans. C’est le temps qu’il aura fallu à Dries Van Noten pour parvenir à ses fins. Dix-sept ans pour qu’un soir de relâche au Palais Garnier coïncide avec le jour et l’heure alloués au créateur belge dans le calendrier surbooké des défilés parisiens. L’invitation imprimée sur un véritable billet conviait toutefois les spectateurs à se retrouver devant l’entrée des artistes, à l’arrière du bâtiment.

Prolongeant le suspense jusqu’à la dernière minute, un parcours sinueux amènera finalement les impatients au milieu de l’une des scènes les plus mythiques du monde. Y poser le pied suffit à donner des frissons – impossible de ne pas s’imaginer dans les pas de tous ceux qui ont un soir chanté ou dansé sur ce plancher en pente douce -, à faire sourire, aussi, nez en l’air pour mieux scruter la machinerie, mêmes les plus blasés des habitués du front row.

Face aux tréteaux montés le long des coulisses, des pans de décor du Capriccio de Richard Strauss, dirigé par Robert Carsen, un ami de Dries Van Noten, semblent posés là tels des obstacles à contourner par le quadrillage lumineux que dessinent soudain des rangées de spots allumés. Alors que le rideau se lève sur le pool des photographes coincés à l’avant-scène et applaudis par une audience surexcitée, les cinquante-trois modèles s’avancent à tour de rôle devant une salle entièrement vide.

Quelques minutes d’enchantement à l’état pur décuplé par la beauté de la collection. Conçues pour des « paons pacifistes », comme les surnomme le plus parisien des Anversois, les pièces familières du vestiaire masculin reprennent tous les codes qui composent aujourd’hui l’alphabet de Dries Van Noten.

Des manteaux militaires, bien sûr, mais déconstruits, coupés à la taille pour transformer le haut en blouson et laisser le bas pendre comme une jupe ou un tablier. De l’ornement à foison également, à l’image de ces broderies portées tels des badges ou ces harnais inspirés du mouvement punk. A la fois urbain et dandy. L’ovation monte tandis que les mannequins s’avancent pour saluer un public imaginaire.

Les invités s’attardent, conscients de vivre un moment hors du temps. Certains pourraient y voir un signe du destin. Qu’il fallait que cette parenthèse aussi raffinée que légère ait lieu cette saison-ci. Comme pour mieux célébrer, dans un lieu symbolique, ce qui fait que Paris sera toujours Paris…

C’est bien d’émotion encore, mais d’un autre genre, qu’il serait aussi question deux jours plus tard, chez Kenzo. Inspirée par la culture japonaise d’hier et d’aujourd’hui, la collection défilera sur une version a cappella du tube Rhythm Nation de Janet Jackson, arrangé par l’Américain Oneohtrix Point Never et interprété par un choeur alternant murmures et phrases chantées. Une manière pour Carol Lim et Humberto Leon de dire haut et fort que la musique est l’un des arts qui rassemble le plus facilement les peuples. Et de rendre hommage entre les lignes à ceux qui ont perdu la vie un soir de concert au Bataclan.

Dans un autre registre, Philipp Plein avait osé convoquer Wagner et Lil Wayne sur une même partition, le rappeur répondant aux envolées d’un orchestre parqué dans une tour de cubes de métal pendant que skateurs et cascadeurs en BMX couverts de LED se jetaient dans les airs pour annoncer l’arrivée d’une escouade de super-héros arborant, sur leurs vestes, les logos de Batman et de Superman. Le genre de spectacle clinquant dont le créateur suisse aime régaler son public.

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