Chanel et Tati en cure de désintoxication

La RATP a déclaré la guerre à la clope: la semaine dernière l’exposition Jacques Tati, cette semaine le film Coco avant Chanel, deux campagnes d’affichage ont fait les frais d’une application très zélée de la Loi Evin contre le tabac. Trop zélée?

En France, la RATP a déclaré la guerre à la clope: la semaine dernière l’exposition Jacques Tati, cette semaine le film Coco avant Chanel, deux campagnes d’affichage ont fait les frais d’une application très zélée de la Loi Evin contre le tabac. Trop zélée?

Première victime: Monsieur Hulot

Pour promouvoir l’exposition Jacques Tati,deux temps, trois mouvements, la Cinémathèquede française a choisi une photo de Monsieur Hulot, son célèbre personnage, la pipe aux lèvres. Sur les affiches placardées dans le métro parisien, à la demande de Métrobus, la régie publicitaire de la RATP, le cliché a été remplacé par un moulin à vent. Motif invoqué, la loi Evin, qui interdit toute campagne promotionnelle pour l’industrie du tabac. Comme le dit la Cinémathèque, « l’application rigide de la loi, dans un contexte artistique et patrimonial sans ambiguité possible d’interprétation, amène à faire prendre des décisions absurdes ».

La Société des Réalisateurs français et le Syndicat de la Critique du Cinéma sont vite montés au créneau, pour dénoncer « une atteinte à l’intégrité et à l’esprit de l’oeuvre de Jacques Tati », exigeant une nouvelle campagne, pipe libérée.

Seconde victime: Coco Chanel

Sur l’affiche originale du film Coco avant Chanel, Audrey Tautou tient la pose, une cigarette à la main. Mais dans le métro parisien, c’est une Coco non fumeuse, avec ses hommes, qui fait la vente. « La cigarette de Coco Chanel a été refusée par Métrobus, alors que pour tous les autres afficheurs, elle ne posait aucun problème », a expliqué Olivier Snanoudj, directeur général adjoint de Warner France, qui produit le film. Pour se justifier, Métrobus, brandit à nouveau la législation.

Métrobus seule contre tous

Interrogé sur le sujet, Claude Evin estime que le litige n’entre pas dans le cadre de sa loi. « On n’est pas ici dans un cas de publicité directe ou indirecte pour l’industrie du tabac. Je suis désolé de cette situation, qui crée une polémique et affaiblit le message de lutte contre le tabagisme. » Roselyne Bachelot a pris parti elle aussi pour la pipe à Tati.

Contacté, Métrobus considère à l’inverse que la position de l’ancien et du nouveau ministres de la Santé va à l’encontre des décisions judiciaires prises sur cette question: « Tant que la notion de publicité indirecte n’est pas éclaircie, nous sommes obligés d’être prudents. En tant qu’entreprise de service public, nous appliquons la loi à la lettre. Nous passons pour des censeurs que nous ne sommes pas. Il faudrait réinterpréter la législation. »

Madeleine Bourgois, Lexpress.fr

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