Ambition, deuil, inspiration… On a cuisiné la cheffe star Sofie Dumont
Sofie Dumont (50 ans), ancienne Lady Chef de l’année et chef à la télévision, vit dans la région du Pajottenland et a lancé sa propre plateforme culinaire en 2013. Elle a récemment dévoilé une collection de céramiques, collaboré avec Natan Couture pour un uniforme de chef et est cheffe en résidence au Club Med Magna Marbella Resort en Espagne du 15 au 22 juin et du 6 au 12 octobre.
Hyperactive, elle? Disons que Sofie Dumont sait ce qu’elle veut, et qu’au gré des années et de la mise en place de divers projets à succès, elle a déterminé comment l’obtenir sans jamais compromettre ce qui compte le plus pour elle. Rencontre avec une femme inspirante.
L’enfance
« Petite, j’ai grandi entre deux mondes. Mes parents ont divorcé quand j’avais environ trois ans, mais ma sœur et moi n’avons jamais été malheureuses. À Jette, nous avions un nid chaleureux avec ma mère, et le reste du temps, à la Bourse de Bruxelles, nous goûtions à la vie rock ‘n’ roll de mon père, un ingénieur chimiste qui était aussi artiste à ses heures perdues. Très vite, nous avons dû nous prendre en main, ce que ma mère a fait aussi malgré deux enfants et des revenus limité. Aujourd’hui, je me rends compte que c’était une leçon de vie précieuse ».
La motivation
« Rendre les autres heureux donne de l’énergie. C’est pourquoi j’ai su très tôt que mon avenir était dans l’hôtellerie : parce que j’ai toujours vu mon père s’activer en tant que chef cuisinier amateur et que j’aimais les dîners qu’il organisait à la maison. Tous ces compliments et ces visages heureux lorsque son canard laqué par ses soins apparaissait sur la table : je voulais pouvoir en faire autant. Même si, j’ai dû apprendre à ne pas m’oublier dans cette envie de faire plaisir. De toute façon, on ne peut jamais plaire à tout le monde, alors il vaut mieux faire des choses qui nous rendent heureux aussi ».
L’ambition
« Si vous ne vous défendez pas, vous n’arriverez à rien. Je tiens ça aussi de mon père, qui m’a encouragée à exprimer mes ambitions et à ne pas accepter un « non » comme réponse. Pendant ma formation de cuisinière, par exemple, il m’a poussée à oser frapper à la porte des meilleures maisons pour mes stages. De grands noms tels que Eddie Van Maele et Wittamer : seul le meilleur était assez bon. Plus tard, cette mentalité m’a également aidée à quitter mon poste de cheffe et à lancer ma plateforme numérique. Si mon père ne m’avait pas tant encouragée à rêver grand et à foncer, je n’aurais peut-être pas osé franchir le pas ».
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Le don
« L’une des plus belles choses que l’on puisse s’offrir est le temps. Comme tout le monde, j’ai un emploi du temps chargé et je ne vois pas assez mes amis, mais j’apprécie d’autant plus que l’on veuille bien me consacrer du temps et de l’espace. Quelqu’un qui aime vous avoir à sa table, qui trouve votre présence enrichissante et qui veut vous accorder de l’attention : en fait, c’est l’un des plus beaux compliments que l’on puisse recevoir ».
Le talent
« La cuisine m’a fait comprendre que l’on peut apprendre de tout. Éplucher les asperges, éplucher les oignons, éplucher les tomates : souvent, les stagiaires n’aiment pas ce genre de tâche répétitive. Pourtant, ce sont elles qui vous permettent d’accroître vos compétences. Entre un commis de cuisine qui a déjà épluché des pommes de terre et coupé des poireaux en julienne ou un débutant, il y a un monde de différence ».
La vision
« La routine d’un restaurant ne me dit plus rien. Mon mari et partenaire commercial Wim doit souvent me freiner – je pourrais me lancer dans cent aventures à la fois par enthousiasme et par intuition – mais faire la même chose tous les jours ? Pour cela, je suis trop créative, touche-à-tout et à la recherche de nouveaux défis. En outre, je savais déjà pendant ma grossesse avec Grace que je voulais être une maman présente. Donc pour moi, en 2013, un restaurant ne faisait plus l’affaire : si je n’avais pas dû faire de compromis sur ma vie de famille, j’aurais dû faire des compromis sur la qualité de l’entreprise. Et accomplir un demi-travail, ce n’est pas comme ça que je suis faite ».
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Le deuil
« ‘Continuez à parler aux défunts, ils resteront avec vous’. Je ne suis pas croyante, mais je chéris cette citation partagée par un prêtre. D’autant plus depuis que j’ai perdu mon père d’un cancer du pancréas en 2007. Il n’a jamais su que deux ans plus tard, j’étais déclarée Lady Chef, un titre qui lui tenait plus à cœur qu’à moi. Il n’a jamais vu non plus mes céramiques, un matériau qu’il aimait lui-même travailler. Pourtant, je suis rarement en colère ou triste à ce sujet. Le jour de son anniversaire, nous buvons une pinte dans son café fétiche – il fait toujours partie de moi ».
La modération
« À la maison, Wim m’appelle la reine de la sous-estimation. Quels que soient les efforts que nous déployons sur la plateforme, le nombre de personnes que nous atteignons, je suis la première à sous-estimer chaque succès. Je fais de même lorsque les gens disent qu’ils sont satisfaits d’une recette ou qu’ils ont vraiment aimé une de mes préparations lors d’un événement. Je pense alors, avec la modération ouest-flamande de mes parents et grands-parents, « garde la tête froide ». À l’inverse, je peux être très heureuse lorsque je vois les autres réussir. Cela me semble être un avantage dans la vie. Souvent, la jalousie et l’envie ne font que compliquer les choses ».
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