Cuisiner pour l’espace, le « défi exaltant » relevé par une cheffe française

cuisine spatiale
Un petit space cake ? © Getty images

Dans les cuisines du restaurant parisien de la cheffe triplement étoilée Anne-Sophie Pic, l’astronaute Sophie Adenot a pu goûter les menus de fête qu’elle emportera l’an prochain à bord de la Station spatiale internationale (ISS) pour célébrer les occasions particulières et « se reconnecter à la Terre ».

« C’est magique ! », s’exclame la future pensionnaire de l’ISS en savourant l’effiloché de bœuf braisé à l’ail noir et vanille fumée que la cheffe dresse minutieusement devant elle. Le visuel ne sera pas le même à 400 km de la Terre, apesanteur oblige, mais le goût sera bel et bien au rendez-vous. L’occasion pour l’astronaute « d’embarquer dans l’espace un bout du patrimoine culinaire français », fruit d’une longue collaboration entre les deux femmes, dont la complicité saute aux yeux lors de leur dernière rencontre avant l’envol de Sophie Adenot.

Un cahier des charges extrêmement strict

« Quand on s’est rencontrées, c’était incroyable. On était tout de suite connectées, avec les mêmes valeurs à partager », se remémore-t-elle, sourire aux lèvres, dans la salle du très chic « La Dame de Pic », en plein centre de Paris. « Je cherchais quelqu’un qui mettait vraiment en valeur les terroirs, qui avait un ancrage à la terre, une sensibilité, des émotions à partager », raconte Sophie Adenot, qui a tout de suite adhéré à la vision d’Anne-Sophie Pic, qu’elle a découvert via une vidéo YouTube.

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Les deux femmes ont passé près d’un an à échanger pour créer le menu parfait, en tenant compte des goûts de l’astronaute et des contraintes liées à l’envoi de nourriture dans l’espace, une « parenthèse enchantée » dans l’intense préparation technique de celle qui doit rejoindre l’ISS au printemps 2026. Car cuisiner pour l’espace nécessite de respecter un cahier des charges extrêmement strict, « un défi exaltant » pour la cuisinière, qui ne cache pas avoir ressenti une « certaine pression » quand Sophie Adenot l’a choisie pour remplir cette mission.

Contraintes techniques

« On a fait pas mal de tests pour s’adapter aux contraintes techniques. Par exemple, on a dû éliminer certains aliments qui subissaient mal la cuisson à haute température » réalisée par un laboratoire spécialisé pour éviter la propagation de bactéries, explique la cheffe, dont le restaurant situé à Valence, dans le sud de la France, est décoré de trois étoiles au guide Michelin. Pour une dégustation pratique, les textures des plats ont aussi été travaillées afin de garantir leur stabilité en apesanteur, en limitant par exemple la présence de miettes ou de liquides qui pourraient s’envoler.

Autre spécificité à prendre en compte: « le côté olfactif est vraiment diminué dans l’espace », d’après l’astronaute. « Donc il fallait du goût », complète la cheffe. Les saveurs ont ainsi été intensifiées via des aromatiques puissants (épices, touches fumées, etc.) pour compenser l’atténuation des perceptions gustatives.

Soupe à l’oignon, bisque de homard, crème au chocolat… Les quatre entrées, deux plats et deux desserts du menu concocté par Anne-Sophie Pic sont désormais emballés dans des poches souples stérilisées, pour garantir leur conservation longue durée. « Ce qui va être merveilleux, c’est que la nourriture de tous les jours est très fonctionnelle, elle répond à des besoins scientifiques de calculs caloriques et de proportions: protéines, glucides, lipides », explique l’astronaute, précisant que la question des saveurs n’est pas « une priorité » dans l’alimentation quotidienne à bord de l’ISS. « Alors que là, en l’espace de quelques plats, on va pouvoir voyager et se reconnecter émotionnellement à la Terre ! ».

Des repas festifs, « pour marquer les grands moments », que l’astronaute tient à partager, pour le plus grand bonheur de l’équipage international qui l’accompagnera dans cette mission.

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