Fanny Bouvry

La quête éternelle d’authentique gastronomique

Fanny Bouvry Journaliste

C’est une institution chez nos voisins hexagonaux. Le bar PMU, pour Pari Mutuel Urbain, est le troquet par excellence où se côtoient clients d’un jour et de toujours, prêts à miser sur le bon cheval ou tout simplement à descendre une petite mousse en refaisant le monde.

Evolution de notre temps: nos confrères du guide du Fooding observent depuis peu la naissance de restaurants pas forcément spécialisés dans l’hippisme mais qui se revendiquent «PMU 2.0». Une manière de dire qu’ici c’est le populaire et le véridique qui priment, plutôt que les chichis de certaines tables aux concepts, avouons-le, parfois prise de tête. Interrogé par ce très informé média culinaire français − décliné en version belge depuis peu −, le socio-journaliste Jean-Laurent Cassely, auteur de No fake: contre-histoire de notre quête d’authenticité, y voit, non pas de l’appropriation, mais plutôt un simple «clin d’œil, une imitation d’une esthétique vintage». Et de questionner sur le genre de mixité sociale que vont réellement accueillir ces pseudo-bistrots à paris: «Le problème de l’authenticité, c’est que ce n’est pas de l’ingénierie, ça ne se crée pas en laboratoire», assène-t-il.

Si notre territoire est riche en tables plus originales les unes que les autres, on ne peut que célébrer celles qui gardent le cap d’une franchise sans falbalas.

Authenticité, le mot est lâché. Et c’est bien ce à quoi aspire une bonne part de la clientèle aujourd’hui. En témoignent les foodies que nous avons interviewés pour réaliser le best of d’adresses gourmandes que nous publions cette semaine. Ainsi de la sommelière namuroise Catherine Mathieu, de Pépite, qui ne jure que par le Chameleux et sa truite à déguster «dans une ambiance très ardennaise», près de Florenville. Ou l’étoile montante de la gastronomie wallonne, Mathieu Vande Velde, qui encense La Tête de Bœuf, à Aywaille, et sa simple viande grillée. «On croit souvent que «grand chef» rime avec «haute gastronomie». Faux», tranche-t-il sans détour.

Et même si notre territoire est riche en tables plus originales les unes que les autres, qui célèbrent l’inventivité avec un je-ne-sais-quoi de belgitude et de lâcher prise souvent, on ne peut qu’admirer celles qui gardent le cap d’une franchise sans falbalas. Car après tout, ce qu’on recherche lorsque l’on va manger dehors, c’est d’abord une «échappatoire idéalisée, la suspension temporaire de toute responsabilité, la possibilité de se faire chouchouter sans anticiper ni penser à l’après», comme le résume bien un article du Monde datant du retour en terrasse après tant de mois de confinement.

Et pour cela, il n’est pas toujours nécessaire de voir grand. Les plus petites enseignes, qui passent parfois même sous les radars des gastronomes, valent bien souvent aussi le détour. Il suffit d’avoir un peu de flair, et l’estomac aux aguets. On vous propose l’exercice suivant: comme nous l’avons fait avec vingt amateurs de bonne chère pour notre compil annuelle de restaurants, demandez à vos proches leurs cantines favorites. En moins de deux, vous aurez de quoi vous rassasier toute l’année.

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