Si c’est bon séparé, c’est aussi bon ensemble? Dans le cas de la tablette glacée, qui marie glace et tablette de chocolat, la réponse est un « oui » retentissant. Et les foodies en redemandent.
En matière de gastronomie, les hybrides culinaires qui enflamment désormais les réseaux sociaux avant de déferler dans les restos se divisent en deux catégories. Il y a ceux, regrettables, qui sont « novateurs » pour la simple et bonne raison qu’ils sont indigestes au possible, ce qui explique pourquoi personne n’y avait jamais pensé avant. Le poulet au sirop pour la toux en est un excellent, ou plutôt répugnant exemple. Et puis il y a les innovations exquises, dont on se demande, dès la première bouchée, comment c’est possible qu’un tel feu d’artifice de textures et de saveurs n’ait encore jamais été tenté. C’est là que la tablette glacée fait une entrée remarquée.
Est-ce parce que les connaisseurs répètent à l’envi qu’il ne faut jamais ranger son chocolat au frigo qu’il aura fallu attendre l’été 2025 pour que cet hybride givré prenne d’assaut les réseaux mais aussi et surtout les dealers de dessert branchés? Peut-être. Reste que si elle séduit, c’est aussi par sa délicieuse simplicité: une tablette de chocolat légèrement traficotée pour remplacer les fourrages traditionnels par de la glace ou une alternative qui se prête à être gelée, un petit tour au congélateur, et hop, on fond.
Simple comme bonjour, et ah que coucou? La tablette glacée est partout.
À pleines dents
Il faut dire qu’elle a tout pour plaire, si tant est qu’on soit du genre bec sucré à ascendant givré évidemment. Mais pour ceux que tout lasse sauf la glace, quelle jouissance, car à chaque bouchée, le crémeux se marie au croquant – ce qui ravira aussi celles et ceux qui préfèrent mordre leurs boules de glaces ou de sorbet plutôt que de les lécher, car oui, ils existent.
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Connus pour leurs créations délicieusement dans l’air du temps, la « boulangerie, pâtisserie, bastarderie » parisienne The French Bastards a profité du retour des beaux jours pour dévoiler trois variantes autour de la tablette glacée: caramel-spéculoos, vanille-caramel-cookie, et la plus canaille, vanille-brownie-fleur de sel. Le tout, proposé à 5.9 euros l’unité, soit plus qu’honnête quand on le compare au prix de certains pots de glace vendus en grande distribution, voire d’un cornet deux boules dans certaines maisons.
Et si l’enseigne lilloise des French Bastards reste plus proche que Paris quand l’envie de sucré-glacé se fait ressentir, on en convient, c’est un peu loin tout de même. Mais la bonne, non, la succulente nouvelle, c’est qu’il n’y a pas besoin de se rendre dans l’Hexagone pour goûter à la tablette glacée.
Votre tablette glacée, plutôt cacahuètes, framboise ou matcha?
Plus proche de chez nous, en région liégeoise pour être exacts, le glacier Le Nicoli vient en effet tout juste de dévoiler sa propre version, d’autant plus réjouissante qu’elle est à la croisée de deux tendances: une tablette de Dubaï chocolate pensée pour être réfrigérée afin de fondre de plaisir. On préfère vous prévenir, goûtée pour les besoins de l’article, elle a disparu en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « miam ». Comprendre: elle est addictive au possible, et si vous croquez, le risque est grand de craquer. Mais on n’a que le bien qu’on se fait, pas vrai? En ce qui concerne l’obsession estivale pour la tablette glacée, cela semble évident.
Entre « recette virale de tablette vanille, cookie et caramel », réplique maison de la variante caramel spéculoos ou encore au brownie, le moins que l’on puisse dire, c’est que les créations des French Bastards ont inspiré nombre d’apprentis chocolatiers, qui partagent trucs et astuces pour préparer sa propre tablette glacée.
Et si la cuisine, vous préférez la consommer plutôt que de la faire, rien ne vous empêche de planifier un saut de puce de l’autre côté de la frontière afin de goûter in situ aux tablettes qui ont cassé l’Internet, mais aussi aux versions de la concurrence.
Ainsi, chez La Glacerie Paris, on découvre des mariages audacieux tels que chocolat au lait fourré de sorbet framboise-passion, ou chocolat noir fourrage matcha, à moins d’opter pour le plaisir régressif d’une combinaison chocolat et cacahuètes, ou carrément assumer le choix du tout chocolat.
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L’instigateur de ces « pâtisseries hibernées », comme il les appelle joliment, s’appelle David Wesmaël, et s’il a été élu Meilleur Ouvrier de France Glacier, c’est pour son talent mais peut-être aussi pour son flair, car s’il aura fallu attendre l’arrivée de l’été pour que les foodies fondent pour cette tablette ultra fraîche, à la glacerie, on la proposait déjà en décembre dernier.
À La Fabrique Givrée, elle apparaissait en version XXL au moment des fêtes de fin d’année il y a trois ans de ça déjà, avec des mélanges de saveurs qui laissent rêveur, en mode « glace au popcorn caramélisé et maïs grillé, sablé amande-maïs grillé, enrobage au chocolat au lait caramel et maïs grillé, caramel fondant ». Ou bien plus élégante, mais tout aussi gourmande, la tablette glacée Habibi, avec glace datte Medjoul et fleur d’oranger, glace pistache grillée d’Iran, streusel pistache, praliné croustillant, éclats de pistaches et cajou caramélisées, enrobage chocolat blanc à la pistache. Qui a besoin de bûche quand on a de tels desserts?
Ce qui est certain, c’est que cet appétissant hybride de glace et de goûter se savoure donc en toutes saisons. De quoi donner envie à Häagen-Dazs de sortir la sienne du congel’? En 2015 d’abord, puis en 2020, le géant américain avait dévoilé une tablette de chocolat noir grand cru fourrée d’une glace au chocolat noir et aux amandes caramélisées. Si elle n’est plus commercialisée à l’heure d’écrire ces lignes, il y a fort à parier que l’engouement actuel y remédie. De son côté, Lindt se la joue carrément meta et propose une tablette « ice », à stocker au réfrigérateur, au goût glace spaghetti, une coupe vanille-fraise plébiscitée par tous les (grands) enfants allemands.
Et pourquoi pas tout simplement congeler une tablette traditionnelle et puis basta, vous dites-vous peut-être? On ne peut que vous recommander de vous offrir une des versions qui buzzent en ce moment, ou de tenter votre propre recette, mais en adaptant bien le fourrage: en croquant à pleines dents dans une tablette au praliné ou au Gianduja préalablement passée au congel’, vous risquez la visite en urgence chez le dentiste.
Célébrer la gourmandise, oui, mais en gardant la tête froide. Et en ne mordant pas dans n’importe quoi!
