Olives: l’or vert de la Grèce
L’économie de l’huile d’olive en Grèce peine à se moderniser et à valoriser à l’international un produit d’une qualité « exceptionnelle », selon les chiffres et les experts.
Avec 275.000 tonnes d’huile d’olive produite pour l’année 2019-2020, la Grèce se situe à la quatrième place mondiale des pays producteurs derrière l’Espagne (1,125 million de tonnes), l’Italie (366.000) et la Tunisie (350.000), selon le Conseil oléicole international.
Près de 60% (160.000 tonnes) de la production grecque est exportée, mais en majorité en vrac (60 à 70%), principalement vers l’Italie.
« Il y a un manque d’organisation et de structure du secteur. L’exportation en vrac est une solution de facilité et une entrée d’argent immédiate », explique Athanassios Papageorgiou, professeur d’économie rurale à l’Université du Péloponnèse.
« Pour se développer, il faut investir, travailler la valorisation, le marketing, rechercher des marchés… Mais il n’y a pas de volonté politique et la mentalité se satisfait de peu », estime l’universitaire.
« L’huile d’olive c’est un secteur qui représente parfaitement ce qu’est la Grèce : une richesse exceptionnelle gérée avec amateurisme », résume Alexandros Rallis, exportateur d’huile d’olive grecque en France, depuis plus de 10 ans.
Le secteur de l’huile d’olive en Grèce repose sur un tissu de 600.000 petits producteurs, selon le ministère grec de l’Agriculture. Un modèle basé sur une tradition d’exploitation familiale, dont la fragmentation freine la promotion de l’huile en tant que produit national.
En Grèce, « la culture de l’huile d’olive n’est pas tant une pratique économique, c’est plus une coutume, un héritage familial, une pratique amateur », poursuit Vassilis Zambounis, directeur d’olivenews.gr et co-auteur de l’Encyclopédie de l’oléiculture.
En Grèce on fait plus confiance au bidon sans étiquette qu’à la bouteille en supermarché », résume-t-il.
« Il y a peu de professionnalisme. Les bidons se distribuent de mains en mains, en famille, entre amis, avec les collègues.
Dans l’économie agricole, la part du travail au noir est estimée à 50%, selon M. Papageorgiou.
« Mettre en place un traçage et valoriser un produit identifiable est d’autant plus difficile dans un pays où tout est opaque, où les gens sont payés au noir et sans assurance », décrit-il.
Pour Alexandros Rallis, les familles grecques produisent de l’huile d’olive « surtout pour leur consommation personnelle et un revenu d’appoint ».
À l’instar des autres pays producteurs, la Grèce devrait subir une forte baisse des revenus de l’huile d’olive en 2020 à 651 millions d’euros, contre 790 millions en 2019, selon Eurostat.
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