Pizza, suppli, pâtes, abats: le vrai goût de Rome
Les Romains aiment la ciccia (la bonne chère), dévorent sur le pouce pizza ou supplí. Et font honneur à la cuisine du « cinquième quart », où les abats s’imposent.
Mamma mia ! Aux heures de pointe, chez Bonci, la queue envahit le trottoir. Tout le monde se plie de bonne grâce au rituel de la maison: prendre un ticket, attendre patiemment son tour dans la file en tentant d’apercevoir les extravagantes « créations » du jour. Tomates disparaissant sous un nuage de fromage ricotta, courgettes frayant avec des anchois, prosciutto (jambon cru) se déployant en volutes: notre » Michel-Ange de la pizza » – tel est le surnom de Gabriele Bonci – n’est jamais à court d’inspiration!
PIZZA OU SUPPLÍ, INUTILE DE CHOISIR !
Chaque pizza est vendue al taglio, à la coupe, au poids si vous préférez, acheteur et serveur s’entendant par gestes sur la largeur de la tranche souhaitée. Il s’agit bien sûr de la version romaine de la pizza, croustillante et moelleuse à la fois: ici, la pâte plus épaisse qu’à Naples s’autorise l’huile d’olive (Naples s’en abstient).
Bonci crée aussi des supplí (prononcez « soupli »). Ah, le supplí! Un petit en-cas, un amuse-bouche qui, brûlant, fait le supplice des gourmands, à toute heure du jour ou de la nuit. On n’en fait que deux bouchées ! Corsetant du riz à la sauce tomate, cette croquette panée, de forme ovale, s’ouvre avec précaution: le coeur laisse échapper des fils de moz-zarella fondue qui s’étirent. Emblématique dans la Ville éternelle de la cibo di strada (la cuisine de rue), le supplí n’est pourtant apparu que tardivement, selon Ivano Coduti, guide et amateur de bonne chère: « Après l’unité italienne, à la fin du XIXe siècle. » Il serait un petit cousin, inavoué, de la boulette sicilienne, l’arancina. Ce bâtard (entre 1,50 euros et 3 euros l’unité) a pourtant aujourd’hui ses adresses branchées comme Suppli-zio, près du marché de Campo de’ Fiori. On y savoure des versions insolites: champignons, moût de raisin et parmesan.
PLUTÔT PÂTES OU » CINQUIÈME QUART » ?
Mais les choses sérieuses commencent à table avec le primo piatto, que nous voyons comme un « simple » plat de pâtes… avant d’y goûter. Fettuccine alla papalina, plat créé dit-on pour le pape Pie XII, et qui n’a rien d’un plat de carême (beurre, crème, oeufs, prosciutto…). Tonnarelli cacio e pepe (spaghettis grassouillets avec pecorino – du fromage de brebis râpé – et poivre).
Bucatini all’amatriciana (spaghettis creux et guanciale – joue de porc – à la sauce tomate, saupoudrés de pecorino)… Les pâtes à Rome, c’est un monde ! Rome a aussi sa cuisine du « cinquième quart », formule propre à la ville et désignant les « bas morceaux »: queue, tripes, foie ou coeur, que se réservaient les bouchers des abattoirs du Testaccio, aujourd’hui fermés. « Les Romains sont vraiment les seuls à parler des abats comme d’une vraie partie de l’animal », explique Arcangelo Dandini, chef d’une trattoria (bistrot) très courue, L’Arcangelo. Aujourd’hui, il faut souvent réserver sa table, parfois très en avance, pour pouvoir déguster une coda alla vaccinara (la queue de boeuf à la façon du boucher), qui peut avoir mijoté six ou sept heures. Ou une pajata, à base de l’intestin de l’agneau, plat immortalisé par Alberto Sordi dans Il Marchese del Grillo.
Annie Crouzet
Recette des ARTICHAUTS À LA JUIVE
Pour 4 personnes, procurez-vous 8 artichauts, si possible des mammole romains, puis préparez-les (éliminez les feuilles extérieures, coupez le haut des feuilles et nettoyez le pied) pour garder le coeur tendre. Faites-les tremper une demi-heure dans de l’eau citronnée, puis égouttez. Battez-les les uns contre les autres de sorte qu’ils s’ouvrent. Faites frire 10 minutes à la friteuse ou dans une grande casserole dans de l’huile bien chaude (mais pas bouillante). Égouttez, salez, poivrez. Ensuite, vaporisez de vin blanc et replongez 1 minute dans l’huile (bouillante cette fois). Égouttez et régalez-vous !
Arcangelo Dandini y revisite le répertoire traditionnel de la cuisine romaine. Fermé le dimanche. Spécialités : 15-25 €. p>
Via Giuseppe Gioachino Belli, 59 p>
Tél. : (00 39) 06 32 10 99 2. p>
www.larcangelo.com p>Pizzarium Bonci
Ouvert de 11 h à 22 h. Pizza à la coupe (à partir de 21,50 € le kilo) et à manger sur le pouce. p>
Via della Meloria, 43. p>
Tél. : (00 39) 06 39 74 54 16. bonci.it p>Velavevodetto ai Ouiriti
Tripes à la romaine (10 €), queue de boeuf (14 €)… Les classiques revus par Flavio De Maio. p>
Piazza dei Quiriti, 4/5. p>
Tél. : (00 39) 06 36 00 00 09. p>
www.ristorantevelavevo-detto.it p>DANS LE CENTRE HISTORIQUESalumeria Roscioli
Pâtes version matriciana ou carbonaro (15 €)… Restaurant lilliputien, bonne réputation. Fermé le dimanche. p>
Via dei Giubbonari, 21. p>
Tél. : (00 39) 06 68 75 28 7. p>
www.salumeriaroscioli. com p>Supplizio
Le suppii obtient ses lettres de noblesse. Fermé le dimanche. p>
Via dei Banchi Vecchi, 143. p>
Tél. : (00 39) 06 89 87 19 20. p>
www.supplizioroma.it p>ET AUSSIAl Ristoro degli Angeli
Dans Garbatella, une trattoria pittoresque avec ses tables en bois. Carte et plats du jour (10-15 €) : joue de boeuf, fregnacce (crêpes fourrées)… p>
Fermé le dimanche. p>
Via Luigi Orlando, 2. p>
Tél. : (00 39) 06 51 43 60 20. p>
www.ristorodegliangeli.it p>Osteria Chiana
Des pâtes, des pâtes (9 à 10 €)… Et une terrasse sympa au sud du parc Villa Ada. p>
Pas de carte bancaire. p>
Via Agri, 25. p>
Tél. : (00 39) 06 85 30 44 30. p>
osteriachiana.it p>Où faire son marché ?Marché Campo de’ Fiori
Peconno (fromage), pâtes… Une jolie place et un marché quotidien (sauf le dimanche) bien achalandé. p>Eataly
p>
Ouvert 7 jours sur 7, de 9 h à 24 h. p>
Piazzale XII-0ttobre 1492 p>
Tél. : (00 39) 06 90 27 92 01 p>
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici