La Veuve Bila s’est fait un nom avec ses plats à partager et son vaste espace propice aux tablées. L’enseigne décline aussi un avatar diurne: Terrible Kid. L’idée est séduisante – une version déjeuner, compacte et «sandwichée», de la street food servie le soir. Que la capitale wallonne s’encanaille un peu, on valide. Le décor en impose: une antichambre d’époque, splendide carrelage 1900, mobilier chiné, deux pièces en enfilade terminées par un imposant bar en bois.
Deux lustres en cristal parachèvent l’ensemble. Le kitsch fonctionne à plein régime et l’endroit a de l’allure. Dommage que le confort ne suive pas, du moins à l’endroit où l’on s’est installé. Assise trop profonde, table basse qui place les genoux au-dessus du bassin. «Pas grave, c’est de la street food» se dit-on.
La carte se partage entre burgers du monde, dont le Kentuck, star maison avec son bun brioché garni de poulet frit buttermilk, laquage barbecue-sirop d’érable, tzatziki, oignons caramélisés et pointe de citron vert; sandwichs rustiques, à l’image du Hesbignon, recette familiale de pain de viande relevée de sauce gribiche, confiture d’oignons et moutarde; bagels voyageurs, tel le Mumbaikar associant filets de poulet grillés et curry vert aux cacahuètes grillées; et salades nomades, comme la Péloponnèse qui réunit halloumi grillé au miel, feta, concombre, olives noires, tomates et pains plats au zaâtar.
Bon esprit, mais panne de surprise.
Testé ce jour-là, un bagel Siracusa (burrata crémeuse, suprêmes d’orange, confiture aux agrumes et pesto maison, noisettes) séduit par son intention mais l’affaire manque de nerf. Même constat pour la salade Pai Huang (concombres croquants à l’huile de sésame fumé) qui souffre d’une absence d’acidité.
Plus largement, la ligne directrice est saturée de notes sucrées et caramélisées qui fatiguent rapidement le palais. On retient un esprit et une philosophie sympathiques, portés par un projet familial imaginé pendant le Covid. Mais l’exécution, elle, laisse sur sa faim: fraîcheur et équilibre sont les grands absents d’une partition qui pourrait gagner en justesse. Terrible Kid? Pour l’instant, davantage un gamin brouillon qu’un garnement capable de vraiment bousculer les codes.
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