Focus sur le « chicken wine », le vin ultra branché qu’on trouve dans tous les supermarchés belges
Après le lait de poule… le vin de poulet? De l’autre côté de la Manche, l’été aura en tout cas été généreusement arrosé de «chicken wine».
« Chicken wine », vous dites? Il s’agit-là du surnom trouvé par une génération accro aux hashtags au rosé La Vieille Ferme, ainsi surnommé en raison de son étiquette ornée d’un duo de volailles.
Produit par la famille Perrin, à qui Brad Pitt est associé pour son Château Miraval, ce vin «frais, fruité et gourmand» s’achète chez nous au supermarché, où il coûte moins de 10 euros.
Ce qui ne l’a pas empêché de bénéficier d’un buzz d’ordinaire réservé aux grands crus aussi rares que chers. Au contraire, même, car outre son goût et sa jolie couleur d’un rose délicat, son accessibilité est un élément crucial de son succès.
Le chicken wine a la cote (cot cot…)
Et si, en règle générale, les tendances TikTok ont en commun (en plus d’une certaine… fantaisie) de disparaître aussi vite qu’elles apparaissent, cela fait plusieurs mois déjà que le chicken wine de la famille Perrin fait l’objet de vidéos à gogo.
Ici, un frigo aux étagères remplies de bouteilles de rosé, là, des visages extatiques supposés illustrer la joie qui étreint les convives lorsqu’une bouteille apparaît, sans oublier la capsule saluant le bon goût des couples choisissant le breuvage pour leur mariage, et pléthore de vidéos en mode « testé pour vous ».
Bref, on l’aura compris, La Vieille Ferme est partout.
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Sur les réseaux, d’accord, dans les verres, certes, mais pas uniquement, car engouement oblige, il ne s’agit pas seulement de se limiter à siroter le « vin de poulet ».
De la coque de téléphone au t-shirt en passant par la lithographie, le pull à capuche, les sous-verres ou encore la carte de voeux, qu’importe l’objet pourvu qu’il soit orné d’une référence à la boisson du moment.
La douce ironie de cet emballement consumériste? Si, à l’heure d’écrire ces lignes, une bouteille de 75cl de rosé La Vieille Ferme vous coûtera 5.99 euros au Delhaize, et 4.95 euros chez Carrefour, une litho encadrée ou un t-shirt orné de votre vin préféré tournent quant à eux plutôt autour de la trentaine d’euros, soit 5 à 6 fois le prix de la boisson qui leur sert d’inspiration.
Mais quand on meme, on ne compte pas, si? Tout dépend à qui on demande, car dans un exemple de communication réussie entre une marque et sa clientèle, La Vieille Ferme a clairement pris en compte les retours enthousiastes de ses consommateurs, et (temporairement?) rebaptisé ses réseaux sociaux « The Chicken Wine » afin de profiter du zeitgeist. Ou plutôt, d’entretenir l’engouement, car ces dernières semaines, ce qui n’était jusqu’ici qu’un compte plutôt lambda et, oserait-on le dire, pas super sexy, a adopté un nouveau virage.
Finis les posts au petit bonheur la chance, bonjour les partages de visuels léchés dont les couleurs se marient harmonieusement sur le feed, contribuant à asseoir l’image cool et branchée de ce vin de supermarché. Sur TikTok, où le changement de nom a été partagé à un public conquis, la vidéo annonçant la nouvelle a été vue à près de 300.000 reprises.
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Signe de son succès: le leader allemand du hard discount Aldi vient de lancer sa propre variante, et il est désormais possible de shopper du Bordeaux Merlot à l’étiquette ornée d’un poulet doré si d’aventure, le véritable chicken wine venait à vous lasser. Même si, son essence (et la raison principale de sa popularité extrême) est justement d’offrir l’expérience gustative la plus consensuelle possible. Et qui pourrait venir à se lasser de cette approche délicate et fruitée?
« Ce vin est devenu une sorte d’égalisateur. Il ne s’agit pas d’être chic ou de connaître la différence entre un syrah et un shiraz. Il s’agit juste d’apprécier quelque chose de simple, de savoureux et qui vous fait du bien, que vous le buviez dans votre jardin ou lors d’un dîner » avance Elizabeth McDonald, journaliste pour le magazine dédié à la gastronomie Delicious.
À l’heure où les tendances ont, et bien, tendance à se succéder à un rythme effréné, et où les gourmets n’ont de cesse de célébrer des concoctions toujours plus complexes, il y a quelque chose de délicieusement nostalgique et de joyeusement accessible dans cette célébration d’un vin sans prétention. Devant lequel il vous est d’ailleurs probablement déjà arrivé de passer des centaines de fois lors de vos périples hebdomadaires au supermarché. Qui sait, lors de votre prochaine visite, peut-être choisirez-vous d’en ajouter une bouteille dans votre caddie.
Vous n’avez pas rejoint les rangs des accros au cottage core, ni vécu un brat summer l’été dernier, et le bref buzz autour de la recette du poulet au sirop pour la toux vous a probablement donné la nausée, mais cette fois, ça y est, voici enfin une tendance que vous pouvez tester. Cool, ma poule.
Et réjouissez-vous: la modération ne s’applique visiblement qu’à sa consommation, et pas à l’enthousiasme avec laquelle celle-ci peut (doit?) être communiquée en ligne.
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