Les vins américains vont-ils détrôner les vins français?
Notre expert ès flacons sirote les tendances et noie les idées reçues. Cette semaine, zoom sur la production de l’Oncle Sam, loin de se limiter à la Californie, bonnes bouteilles facilement trouvables dans nos contrées incluses.
Le président Richard Nixon ne cachait pas son amour pour le margaux. Mais depuis lors, les choses ont bien changé: lors des banquets d’Etat à Washington, il est obligatoire de boire du vin… américain – le bordeaux est dégusté en cachette. Une tradition imposée par Jimmy Carter, et cela n’a rien d’un hasard: l’homme est lui-même propriétaire d’un vignoble dans sa ferme familiale de Géorgie.
Vins américains vs européens
Allons d’ailleurs plus loin: tous les Etats américains produisent du vin. Même dans l’Alaska glacial, il y a des inconscients qui cultivent du raisin sous des serres. D’un point de vue biologique, les raisins de cuve américains (vitis labrusca) diffèrent des raisins européens (vitis vinifera). Leur arôme distinct les rend moins aptes à produire des vins élégants, ce qui n’est pas une objection pour les vignerons américains obstinés.
Dans tous les cas, il y a peu de chance pour que vous trouviez leurs bouteilles sur nos étagères. Les vins de l’Oncle Sam ont la vie dure en Europe. Le boom des vins du monde abordables est derrière nous, et les vins «made in USA» sont généralement plus chers en raison de la force du dollar et des droits de douane supplémentaires.
En termes de goût? L’idée erronée selon laquelle tous les breuvages américains sont des vins puissants élevés en barrique est également tenace. Et puis, il y a l’avenir de la planète: les consommateurs préfèrent l’Europe à un lointain flacon yankee. Logique, même s’il faut savoir qu’un conteneur de vin émet jusqu’à 10 fois moins de CO2 par kilomètre sur un cargo que sur un camion.
La bonne nouvelle: en cherchant bien, il est tout à fait possible de dégotter des perles américaines dans nos contrées. Outre le fleuron qu’est la Californie, d’autres régions viticoles méritent leurs galons. A l’ouest, l’Oregon (quel pinot noir!) et Washington (quelle syrah!) rivalisent avec la Bourgogne et le Rhône septentrional. De leur côté, les Finger Lakes de l’Etat de New York séduisent les amateurs d’acidité fraîche. Aussi, pour des rieslings et des cabernets francs américains bien frais, sur les flancs du lac glaciaire Seneca, ils disent « yes, we can!»
Nos vins américains goûtés et approuvés
Riesling 2020, Fox Run, Finger Lakes, New York, 23 euros, sales@terrapersa.com
Une bombe aromatique, avec un nez d’écorce de citron vert et de groseille à maquereau. Son acidité serrée équilibre les fromages onctueux, les sushis ou les plats épicés.
Pinot Noir 2018, Evesham Wood, Willamette Valley, Oregon, 22 euros, vinesse.be
Pétales de rose et fruits rouges croquants. En bouche, les tanins sont tendres et le bois souple. L’élégance organique à son apogée. Subtil avec du gibier.
CMS 2021, Hedges Family Estate, Columbia Valley Washington, 17,50 euros, artevino.be
Un mélange riche de cabernet sauvignon, de merlot et de syrah. Son parfum robuste et son piquant vont de pair. Idéal pour accompagner un vrai hamburger «comme là-bas».
Cabernet Franc 2014, Red Newt Cellars, Finger Lakes, New York, 27 euros, sales@terrapersa.com
Acidité fraîche, prunes, bonbons à la cerise et tanins fondus. Finale poivrée et muscade. Elégant avec un canard ou une viande rouge grillée.
Lire aussi: Balade dans les vignes californiennes
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici