Archi | Faire plus avec moins: rénovation et extension petit budget d’une maison de ville à Gand

Aujourd'hui, le garage fait office de salle à manger. La table au cadre asymétrique - une conception d'Indra et Menno - a été soudée par un ami. Tijl a fabriqué le banc et le meuble en contreplaqué de bouleau huilé. © Tim Van de Velde

Le Graal de la rénovation? Outre l’essentielle esthétique, c’est l’accessibilité financière. Pari réussi pour l’architecte Indra Janda qui a transformé cette maison gantoise en tirant parti du jardin et en réalisant un maximum de travaux avec son mari.

Les Belges ont une brique dans le ventre, c’est connu. Quand ils ne construisent pas de nouvelle maison, ils optent pour une extension d’un bien tout juste acquis. De préférence avec une partie vitrée pour plus de luminosité, et suffisamment de place pour un îlot central de cuisine, élément indispensable qui, de table, se transforme en bar où famille et amis s’installent pendant que le maître des lieux s’active aux fourneaux. L’ensemble est souvent conçu par un architecte qui sait comment intégrer parfaitement l’extension à la façade d’origine. « Mais c’est souvent ce qui fait exploser le budget, souligne Indra Janda. Avec Menno Vanderghote, son ex-collègue lorsqu’elle travaillait pour l’architecte Marie-José Van Hee, elle forme désormais le duo Atelier Janda Vanderghote. « Nous avons préféré intervenir ponctuellement sur mon habitation, afin de la rendre agréable pour toute la famille. Et ce, dans les limites de l’espace disponible. »

Aujourd'hui, le garage fait office de salle à manger. La table au cadre asymétrique - une conception d'Indra et Menno - a été soudée par un ami. Tijl a fabriqué le banc et le meuble en contreplaqué de bouleau huilé.
Aujourd’hui, le garage fait office de salle à manger. La table au cadre asymétrique – une conception d’Indra et Menno – a été soudée par un ami. Tijl a fabriqué le banc et le meuble en contreplaqué de bouleau huilé.© Tim Van de Velde

Quand elle découvre cette maison centenaire au coin de la place Van Beveren, à Gand, elle n’est pourtant pas pleinement convaincue. C’est le jardin situé derrière, profond de 75 mètres, qui éveille son enthousiasme, même s’il est alors envahi de fossés et qu’une cour en mange l’essentiel de la surface. « Immédiatement, nous avons su que nous allions démolir ces aménagements pour transformer cette zone en espace de la maison en soi », explique-t-elle, en s’arrêtant devant l’étang de baignade, une construction en pavés bruts qui marque pour elle la fin d’une rénovation d’un an qui a également débuté ici. Pendant une année, Indra et sa famille ont en effet vécu dans un petit chalet qui se trouvait à cet endroit. Les anciens propriétaires y vivaient également, sur une superficie correspondant à la pièce d’eau actuel. Durant ces douze mois, le couple – et particulièrement Tijl, qui est professeur d’éducation physique – s’est mis en mode bricolage dès le travail de la journée terminé, et une fois que les enfants étaient au lit. « A l’époque, nous avons fait une croix sur pas mal de sorties et de vacances. Mais il n’y a généralement pas d’autres options. Pour diminuer le budget, soit on fait les choses soi-même, soit on ne les fait pas. »

La cuisine est constituée de contreplaqué de bouleau huilé, conçu par Indra et Menno et fabriqué par Tijl. Les carreaux de ciment verts apportent une touche scandinave.
La cuisine est constituée de contreplaqué de bouleau huilé, conçu par Indra et Menno et fabriqué par Tijl. Les carreaux de ciment verts apportent une touche scandinave.© Tim Van de Velde

Historiquement, la maison était divisée sur deux étages en une pièce avant et une pièce arrière, séparées par un escalier fermé à chaque niveau. Mais les nouveaux propriétaires ont décidé de revoir cette organisation. Ils ont supprimé le grenier, pour créer un étage spacieux dédié aux enfants. Au premier, ils ont cédé une partie de la chambre du devant pour y faire s’élever une mezzanine suffisamment grande pour un coin télé et une bibliothèque. Une intervention qui permet à la lumière du matin d’entrer généreusement dans la maison. « Cela peut paraître cliché, mais c’est ainsi que l’on augmente la sensation d’espace », commente Menno. Et que l’on crée un sentiment de sérénité.

Entre la cuisine et l'étang de baignade, la terrasse est abritée par un auvent en bois. C'est une partie intégrante de l'espace de vie, en toute saison.
Entre la cuisine et l’étang de baignade, la terrasse est abritée par un auvent en bois. C’est une partie intégrante de l’espace de vie, en toute saison.© Tim Van de Velde

Au rez-de-chaussée, le garage d’origine a par ailleurs été intégré à la maison comme un espace de vie supplémentaire. « En hiver, nous gardons les fenêtres coulissantes fermées, sauf lorsque nous recevons des invités. Le canapé devient alors une sorte de scène pour les enfants, qui lisent leurs lettres du Nouvel An ou y font un spectacle. En été, tout s’ouvre et la pièce devient un véritable élément de la maison, qui déborde sur le jardin. »

Le plafond du salon a été partiellement ouvert pour laisser la lumière pénétrer dans la maison. Au-dessus du piano sont suspendus un tableau du grand-père d'Indra et un mobile de Lappalainen.
Le plafond du salon a été partiellement ouvert pour laisser la lumière pénétrer dans la maison. Au-dessus du piano sont suspendus un tableau du grand-père d’Indra et un mobile de Lappalainen.© Tim Van de Velde

Simplicité et originalité

A quelques exceptions près, tous les meubles que le tandem a conçus pour cet endroit – et qu’il vend également – sont dans le même contreplaqué de bouleau huilé, tout comme les plafonds et les sols. Un matériau abordable et facile à manipuler pour les bricoleurs. Dans toute la maison, Indra a choisi deux accents de couleur: une touche de peinture rose tendre Farrow & Ball sur les murs et de simples carreaux de ciment d’une nuance de vert peu commune. « Cela les rend plus captivants. C’est avec ce genre de choses simples que vous pouvez subtilement apporter un plus à une rénovation. C’est le fil conducteur de tous nos projets. »

Au fond du jardin, une coterie a été remplacée par un volume qui sert d'espace de bureau pour l'Atelier Janda Vanderghote. Afin de réduire les coûts de l'étang de baignade, ils n'ont pas choisi le Muschelkalk (calcaire coquillier) qu'Indra souhaitait, mais des pavés ordinaires empilés.
Au fond du jardin, une coterie a été remplacée par un volume qui sert d’espace de bureau pour l’Atelier Janda Vanderghote. Afin de réduire les coûts de l’étang de baignade, ils n’ont pas choisi le Muschelkalk (calcaire coquillier) qu’Indra souhaitait, mais des pavés ordinaires empilés.© Tim Van de Velde

Côté extérieur, Tijl et Indra n’ont pas fait appel à un architecte de jardin, se contentant de rechercher constamment les meilleurs plantes à y poser. Comme ce noyer certes beau, mais surtout intelligemment installé. « Au lieu d’un coûteux système d’auvent pour protéger la façade vitrée, nous avons préféré faire grimper cet arbre. En été, il nous offre un abri, et en hiver, il laisse le soleil rasant réchauffer la pièce. Une solution belle, peu chère et surtout bonne pour la nature », conclut Indra. Menno acquiesce: « Pourtant, il est souvent difficile de faire passer ce message. La publicité nous bombarde de toutes sortes de gadgets, que nous nous laissons ensuite imposer. Mais en fait, tout cela est inutile. C’est l’un des nombreux enseignements que nous avons tirés de notre séjour chez Marie-José Van Hee. »

Le verre cathédrale de la porte de la salle de bains permet à la lumière du soir de pénétrer dans la maison.
Le verre cathédrale de la porte de la salle de bains permet à la lumière du soir de pénétrer dans la maison.© Tim Van de Velde

La canopée sombre fournit également un abri nécessaire au fil des saisons. « La majorité des dîners et fêtes de ces deux dernières années se sont déroulés ici, ajoute Indra avec un sourire. Dès qu’il commence à pleuvoir, nous entendons les voisins râler et rentrer pour s’abriter. Ici, pas besoin, même pendant un orage! La maison est peut-être compacte, mais avec cette manière de vivre, l’espace ne manque jamais. »

Le grenier a été supprimé, de sorte que les filles du couple disposent d'un étage spacieux et lumineux. Comme les armoires encastrées, le lit et le sol sont tous taillés dans le même bois, la chambre à coucher dégage une impression de sérénité.
Le grenier a été supprimé, de sorte que les filles du couple disposent d’un étage spacieux et lumineux. Comme les armoires encastrées, le lit et le sol sont tous taillés dans le même bois, la chambre à coucher dégage une impression de sérénité.© Tim Van de Velde

Atelier Janda Vanderghote

Ce bureau est formé par le duo d’architectes Indra Janda (40 ans) et Menno Vanderghote (36 ans).

Les deux architectes ont étudié à Sint-Lucas, à Gand. Mais il a fallu leur collaboration chez Marie-José Van Hee Architects, où ils ont été collègues durant sept ans, pour faire connaissance.

Avant cela, Indra a fait un stage chez Jan De Vylder et Trice Hofkens, qui lui ont appris à gérer des budgets limités et des matériaux non conventionnels.

Ensemble, ils conçoivent principalement des projets résidentiels à la simplicité singulière.

atelierjandavanderghote.be

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