Transparence et nature: dans la maison de verre d’une architecte
Très inspirée par la nature, l’architecte Karolien Grosemans a élu domicile près de Saint-Trond, dans un pavillon implanté parmi les arbres. Un lieu en osmose avec son environnement, où la céramiste exerce également son art.
L’endroit n’a pas été choisi par hasard : un domaine verdoyant, près de Saint-Trond, où » il n’est pas rare de voir déambuler des renards, des chevreuils et des faisans dans le jardin « , comme le raconte la propriétaire. C’est que Karolien Grosemans a besoin de cela pour vivre, de ce contact avec la végétation et le grand air. » Il n’y a qu’en pleine nature que je me sens vraiment chez moi. Quand je voyage, je préfère d’ailleurs les montagnes aux monuments. Je n’irai par exemple jamais à Dubai pour admirer des gratte-ciel « , illustre l’architecte. Pour son habitation, elle a donc logiquement opté pour un volume épuré, orienté de façon optimale par rapport au paysage, et pour de grandes fenêtres qui font véritablement entrer l’espace extérieur à l’intérieur.
Légèrement surélevée – ce qui est important car le cours d’eau de la région déborde de temps à autre -, la demeure offre dès lors de belles perspectives sur les environs. La différence de niveau lui confère également une certaine singularité puisqu’il faut grimper cinq marches pour accéder à la porte d’entrée.
L’architecte a imaginé cette maison il y a douze ans comme un pavillon de verre. Si celui-ci est relativement ouvert sur l’environnement, il offre néanmoins une impression de sécurité. Une qualité essentielle aux yeux de sa conceptrice. » Les bâtiments contemporains très vitrés n’apportent pas toujours ce sentiment de protection aux occupants. J’aime celui qu’offrent les villas anciennes aux murs rassurants. Ici, je suis parvenue à générer un tel ressenti, mais avec un design actuel, grâce à une terrasse couverte qui embrasse le séjour et crée une sorte de galerie. On ne voit donc pas directement les habitants, qui sont dans une sorte d’abri, souligne Karolien Grosemans, qui se dit davantage inspirée par la nature que par l’architecture. C’est pour cette raison que je suis en admiration devant le pavillon de Mies van der Rohe, à Barcelone. Il joue sur cette frontière entre intérieur et extérieur dans un contexte minimaliste. Dans mes projets, on retrouve aussi du Frank Lloyd Wright, qui savait concilier avec brio le bâti et son site. » La jeune femme avoue également avoir un faible pour les ouvrages en béton propres au brutalisme et n’a pas hésité à faire usage de ce matériau dans cette construction, notamment avec des plafonds restés bruts. Une matière qu’elle marie, ici, avec le bois et la pierre, privilégiant des teintes sobres, comme ce parquet noirci, qui s’est, depuis lors, joliment patiné.
Purement personnel
En réalité, on retrouve cette même palette de tons dans les céramiques que la maîtresse des lieux conçoit dans l’atelier installé dans son jardin. » C’est grâce à ma mère que j’ai appris à manier l’argile. J’ai pratiqué cette discipline jusqu’à l’âge de 17 ans avant d’arrêter pour me consacrer à mes études. Je m’y suis remise il y a deux ans car je m’occupais, à l’époque, de mon père malade, un jour par semaine. Cette journée est ensuite devenue libre et je l’ai dédiée à la production de bols et de plats. Cet artisanat stimule ma créativité et, en outre, bosser de ses mains est très agréable. C’est aussi un défi car il faut sans cesse chercher de nouvelles idées. » Cette pratique lui permet par ailleurs de donner du caractère aux ensembles qu’elle dessine : » De nombreux intérieurs se ressemblent et sont uniformisés, observe-t-elle. Décorés de céramiques artisanales, ils adoptent un style beaucoup plus personnel. C’est pour cette raison que je façonne avant tout des objets pour habiller la maison ou pour une utilisation quotidienne, comme des bols, des assiettes et des plats. Chaque pièce est unique, je ne produis pas en série et j’obtiens une infinité de variations subtiles grâce aux émaux. Lorsque j’ouvre le four, je ne sais jamais exactement ce qui va en sortir et c’est ce qui rend l’exercice passionnant. Mes créations ne sont pas très éloignées de ce que j’aime en architecture. Il y a une similitude au niveau des coloris, des matériaux et des textures. J’ai une préférence pour les teintes profondes et foncées au rayonnement particulièrement fort « , conclut-elle.
En quelques mots p>
Karolien Grosemans a étudié l’architecture à Sint-Lukas, à Bruxelles, avant de créer il y a six ans son propre bureau, avec Lucia Heylen. Le duo travaille aussi bien sur des habitations et des appartements que des bureaux ou des enseignes commerciales et horeca, toujours dans un style sobre et épuré. En parallèle, la conceptrice pratique la céramique de façon intensive depuis deux ans. Sa collection est proposée chez Items, à Knokke, Graanmarkt 13, à Anvers, et au Flandersshop, rue du Marché aux herbes, à Bruxelles. p>
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