Alex Henriche (Maison Roger): « Le fait de parler à son coiffeur est presque plus important que la coupe »

Alex Henrich © AARON LAPEIRRE
Isabelle Willot

A 27 ans, ce diplômé en architecture d’intérieur de La Cambre s’est donné pour mission de décoiffer un peu la Maison Roger, toujours au service de la Cour de Belgique. Directeur du salon bruxellois, il considère chacun de ses coiffeurs comme un artiste, ce qu’il fera de vos cheveux doit vous rendre heureux.

Je n’ai jamais donné un coup de peigne de ma vie. A la base je suis architecte d’intérieur. Ma décision de reprendre la Maison Roger en a étonné plus d’un, jusque dans ma propre famille. Je n’ai pas repris un salon de coiffure mais une institution. Une belle maison bruxelloise un peu endormie qui avait besoin qu’on l’aide à rayonner comme elle le méritait. Je suis une sorte de maître de cérémonie. Je suis là pour accueillir les clientes, tisser du lien, m’assurer que tout soit parfait car l’on vient ici pour vivre une expérience.

Le nec plus ultra désormais, ce serait presque de sortir de chez le coiffeur sans que cela se voie. Le challenge est là. Et notre expertise nous aide. Notre image est certes classique mais l’on aurait tort de penser qu’il n’y a ici que des vieux clients et des vieux coiffeurs qui ne font que des coiffures démodées. Pendant longtemps, surtout dans les grands salons, la tendance était plutôt à la surspécialisation; vous faisiez la coloration, la coupe, le brushing ou le chignon. Je considère que chaque coiffeur est un artiste. Avec son propre style, sa personnalité. Qu’il doit pouvoir exprimer en accompagnant sa cliente de A à Z.

u003cstrongu003eDans la coiffure, il y a des codes, non dits, comme le fait de devoir se colorer les cheveux ou de les couper courts u0026#xE0; partir d’un certain u0026#xE2;ge. C’est le reliquat d’une autre u0026#xE9;poque ou0026#xF9; les patrons imposaient aux femmes leur vision. Heureusement, elles ne se laissent plus faire et c’est tru0026#xE8;s bien ainsi. u003c/strongu003e

Le confinement est un révélateur de solitude. Dès l’annonce de la réouverture des salons, nous avons été submergés d’appels, certaines de nos clientes téléphonaient certes pour prendre rendez-vous mais surtout pour pouvoir parler. Elles ne voulaient pas raccrocher. Pour ces femmes qui vivent souvent seules, venir au salon, c’est un moment d’échange essentiel qu’elles ne manqueraient pour rien au monde et dont elles ont été privées. Le fait de parler à son coiffeur, quelqu’un en qui on a confiance, est presque plus important que la coupe.

Tout évolue, même nos brushings légendaires! Ils ont fait et font encore la réputation de la Maison Roger. Ils sont montés au peigne et non à la brosse à rouleau, une technique complètement unique imaginée par monsieur Claude qui a plus de 80 ans aujourd’hui. A l’époque de leur apparition, la Reine Paola alors princesse en était l’ambassadrice, ils étaient révolutionnaires! C’était la fin de l’obligation des cheveux attachés. Même si les jeunes femmes aujourd’hui rêvent de naturalité, ce que les nouvelles formules que nous avons mises au point peuvent leur proposer, elles ne sont pas contre un peu de volume bien placé.

Je déteste toute forme de carcan. J’ai eu longtemps peur de faire mon coming out et pourtant lorsque je me suis décidé, j’ai eu l’impression que ma famille et mes amis n’attendaient que cela. Ça m’a servi de leçon de vie. Tout le monde devrait avoir le droit de faire ce qu’il veut si ça le rend heureux. En particulier avec ses cheveux! Or dans la coiffure, il y a des codes, non dits, comme le fait de devoir se colorer les cheveux ou de les couper courts à partir d’un certain âge. C’est le reliquat d’une autre époque où les patrons imposaient aux femmes leur vision. Heureusement, elles ne se laissent plus faire et c’est très bien ainsi.

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A 18 ans, j’ai eu envie du bordel de la ville. Je viens du fin fond du pays, tout près d’Arlon. Tous mes amis d’enfance ont une vie bien rangée: ils ont une femme, des enfants, un chien, une belle maison avec deux voitures garées devant et le salaire luxembourgeois bien confortable qui va avec. Ça a surpris tout le monde que je veuille m’installer dans « le Nord ». Mais j’avais besoin de bruit, de sorties, de mélanges. De rencontrer plein de gens, de milieux différents. J’ai toujours aimé la complexité. Apprendre à m’adapter. Etre aussi à l’aise dans une fête d’étudiant un peu crade que dans une soirée guindée.

J’aime les objets qui ont une histoire. J’adore chiner, un reliquat sans doute de ma formation d’archi d’intérieur. La journée parfaite pour moi, c’est passer la matinée au marché de la place du Jeu de Balle et ensuite aller manger un bout au Sablon. C’est comme ça que j’ai séduit mon compagnon. Il vivait à Londres à l’époque, nous y passions tous les week-ends, je venais de reprendre le salon, un an de pur bonheur avant que tout cela n’arrive. Voyager, c’est mon autre passion. Même à l’étranger, je ne peux pas m’empêcher de regarder comment fonctionnent les salons de coiffure à succès. Je m’offre une coupe et je m’imprègne de tout ce qui s’y passe.

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