La fermentation: la tendance cosmétique qui fait le buzz

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Isabelle Willot

La tendance qui fait fureur depuis longtemps en Asie, particulièrement en Corée, est en train de se démocratiser. Les produits à base d’actifs fermentés arrivent aujourd’hui dans les supermarchés.

Le principe

Quand on pense fermentation, ce sont plutôt les mots kéfir, chou kimchi ou thé kombucha, ces stars du premier confinement, qui nous viennent à l’esprit. En cosmétique, il ne s’agit bien sûr pas de s’appliquer des matières vivantes – comme le yaourt – sur le visage. Mais d’utiliser une technique de fermentation pour traiter des matières premières naturelles – des herbes, des graines, des fleurs voire même des fruits et légumes labellisés « superfood » – en les mettant en présence de ferments et de levure afin de les transformer en actifs cosmétiques. « Après avoir sélectionné nos huiles et nos fleurs, nous ajoutons des agents naturels de fermentation, détaille Mary Santaniello, Senior Innovation Manager chez Florena. Chaque ingrédient fermente à son rythme. Une fois le processus terminé, il ne reste plus qu’à filtrer pour récupérer les actifs ainsi transformés et optimisés et à les ajouter dans nos formules qui sont toutes composées de plus de 99% d’ingrédients d’origine naturelle. » La lactofermentation qui s’enclenche lors du procédé de transformation entraîne une production d’acide lactique mais elle s’accompagne aussi d’une fragmentation des molécules qui deviendront du coup plus facilement assimilables par la peau et susceptibles d’être intégrées dans les formules en plus haute concentration. Les ingrédients fermentés possèdent également un fort pouvoir antioxydant qui aide à lutter contre les effets des radicaux libres.

Radiance Face Oil, Florena Fermented Skincare, 24,99 euros les 30 ml (en grande surface).
Radiance Face Oil, Florena Fermented Skincare, 24,99 euros les 30 ml (en grande surface).© GETTY IMAGES / SDP

Les bienfaits

« L’acide lactique produit lors de la fermentation va agir sur le PH naturel de la peau en le réacidifiant, ce qui va contribuer à rééquilibrer le film lipidique qui sera mieux à même de se protéger contre les attaques microbiennes, précise Raphaël Hobart, expert en soins de la boutique Senteurs d’Ailleurs, à Bruxelles. Il l’exfolie également tout en douceur, ce qui favorisera le renouvellement cellulaire et la pénétration des actifs. » Le processus de fermentation à froid préserve les bienfaits des ingrédients – notamment les vitamines et les antioxydants contenus dans les matières de base – sans les altérer, contrairement à des techniques d’extraction qui nécessitent un chauffage. « Grâce à ce procédé unique, l’huile d’olive fermentée utilisée dans nos produits de soins contient au moins 10 fois plus d’acides gras libres essentiels – dont les oméga-6 et 9 -, en comparaison avec de l’huile non fermentée », se réjouit Mary Santaniello. « Ces produits sont également mieux tolérés par l’épiderme et conviennent de ce fait tout particulièrement aux peaux les plus sensibles, plaide Helen Willems, fondatrice du site BE-OO-KAY, spécialisé dans la vente des cosmétiques venus de Corée. Ils présentent aussi l’avantage de réduire l’utilisation de conservateurs. »

Essence-Tonique Original, Whamisa, 45,95 euros les 150 ml (sur senteursdailleurs.com).
Essence-Tonique Original, Whamisa, 45,95 euros les 150 ml (sur senteursdailleurs.com).© GETTY IMAGES / SDP
Le masque boue bio-fermenté, Orveda, 99 euros les 50 ml (sur beautybykroonen.com).
Le masque boue bio-fermenté, Orveda, 99 euros les 50 ml (sur beautybykroonen.com).© GETTY IMAGES / SDP

Les acteurs historiques

Si des acteurs comme Orveda – la marque lancée par Sue Nabi, la charismatique CEO de Coty – ou Florena se sont lancés récemment dans la cosmétique fermentée, les produits La Mer doivent leur succès au célèbre « Miracle Broth » qui n’est autre qu’un concentré d’actifs fermentés à base d’algues, de blé germé, d’eucalyptus, de vitamines et de minéraux. Au Japon, c’est en observant les mains douces et sans rides des brasseurs de saké que les chercheurs de la marque SK-II ont mis au point et breveté un liquide clair baptisé Pitera, riche en vitamines, acides aminés et minéraux obtenus à partir de riz fermenté que l’on retrouve à plus de 90% dans leur produit culte, la Facial Treatment Essence, populaire dans le monde entier.

Crème de La Mer, 165 euros les 30 ml (lamer.eu).
Crème de La Mer, 165 euros les 30 ml (lamer.eu).© GETTY IMAGES / SDP
Facial Treatment Essence, SK-II, 150 euros les 160 ml (sur net-a-porter.com).
Facial Treatment Essence, SK-II, 150 euros les 160 ml (sur net-a-porter.com).© GETTY IMAGES / SDP

Le modèle coréen

Certes, en Belgique, nous avons la bière, le yaourt et le vin qui sont aussi issus d’un processus de fermentation. Ces techniques sont toutefois bien plus ancrées encore dans la gastronomie coréenne et par extension dans l’industrie cosmétique locale. « D’une manière générale, les produits de beauté coréens ont un taux d’ingrédients d’origine naturelle bien plus élevé dans leur composition, ce qui contribue à les rendre encore plus populaires aujourd’hui », note Helen Willems. « Une marque comme Whamisa propose ce que j’appelle de la cosmétique crue, car elle n’utilise à aucun moment des procédés de pasteurisation, renchérit Raphaël Hobart. Ces soins sont particulièrement riches en pré- et probiotiques dont on connaît les bienfaits au niveau digestif, mais ils ont aussi un impact sur la santé de la flore microbienne qui recouvre la peau. » Sans surprise ce sont surtout des champignons, du thé vert, du soja, du ginseng ou du riz que l’on retrouve dans ces soins venus d’Asie.

Raw Sauce Caring Lotion, May Coop, 13,99 euros les 40 ml (sur be-oo-kay.be).
Raw Sauce Caring Lotion, May Coop, 13,99 euros les 40 ml (sur be-oo-kay.be).© GETTY IMAGES / SDP

Les produits stars

Florena, que l’on peut se procurer chez nous depuis le mois de mars en grande surface, propose des huiles et des crèmes plutôt traditionnelles. Mais ce sont surtout dans les lotions de type « pré- sérums », voire même de concentrés, que les actifs fermentés rencontrent le plus de succès. Des soins à appliquer juste après le nettoyage, en ouverture de routine. Le bon geste? « Tapoter le visage pour activer la microcirculation, explique Raphaël Hobart. Ces textures légèrement exfoliantes sont aussi extrêmement hydratantes. » Ce qui séduit tout particulièrement la jeune génération, qui peut souvent se contenter ensuite d’appliquer un sérum à besoin bien ciblé. On retrouve également ces actifs fermentés dans des masques sur support à usage unique dont le succès ne cesse encore de croître. Ou dans des baumes démaquillants qui nettoient sans agresser.

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