Les cosmétiques solides, effet de mode ou lame de fond?

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Pratiques à emporter, faciles à conserver et surtout plus durables et zéro déchet : les cosmétiques solides révolutionnent les produits d’hygiène. Même les acteurs du luxe optent aujourd’hui pour le « sans eau ». Effet de mode ou vraie lame de fond ?

Le bon vieux gel douche en flacon contenant près de 80% d’eau aurait-il du souci à se faire ? Il risque en tout cas de perdre son monopole, comme le shampoing liquide d’ailleurs, face à l’arrivée d’une offre solide plus seulement réservée aux magasins spécialisés dans le bio et le  » zéro déchet « . Au rayon hygiène, tout se solidifie, des dentifrices aux huiles hydratantes en passant par les déodorants et même les nettoyants visage pour peaux à besoins spécifiques. Alors que la grande distribution ouvre ses rayonnages à de nouveaux acteurs comme N.A.E. ou Nature Box – tous deux lancés par le géant Henkel -, le luxe aussi, chez Dior et Acqua di Parma notamment, remet les savons en barre et en poudre au goût du jour.

Des labels de soins premium comme celui du coiffeur des stars Christophe Robin proposent désormais des pains ou des sticks lavants particulièrement prisés par les hommes et les femmes aux cheveux courts.  » Le changement est clairement en marche, pointe Cécile Perrissin Fabert, manager sur le pôle consommation responsable de l’agence en développement durable Utopies. Le fait que les marques de luxe commencent elles aussi à proposer des produits solides est un signal fort. Car elles sont scrutées comme marqueurs de tendance. C’est aussi le signe que la demande est là.  »

Dans la longue liste des avantages avancés par les défenseurs de ce type d’articles, c’est bien souvent la réduction de l’empreinte carbone due aux emballages qui est citée en premier. « Aujourd’hui 52% de nos produits sont vendus sans packaging, détaille Claire Maurice, digital trainer chez Lush, l’une des entreprises pionnières en la matière. A titre d’exemple, la mise en place de nos premiers shampoings solides a permis d’éviter la production de 124 millions de bouteilles de plastique depuis 2005 « . La (quasi) absence d’eau dans la composition permet aussi de se passer des conservateurs de synthèse souvent montrés du doigt par les défenseurs de l’environnement.  » La fabrication de ces barres solides est quasiment vingt fois moins énergivore que leur équivalent liquide « , poursuit Cécile Perrissin Fabert.  » Bien utilisés, ils durent aussi plus longtemps, estime Marine Bisson, Brand Manager chez Henkel Beauty Care. Un pain de shampoing remplacerait deux flacons de 250 ml. C’est donc plus économique.  »

Des habitudes à changer

Pour parler de véritable révolution copernicienne, il faudrait que 10% au moins des consommateurs se dirigent à l’avenir exclusivement vers le solide. « C’est ce que l’on appelle le point de bascule, détaille Cécile Perrissin Fabert. Ce pourcentage suffit pour entraîner la majorité silencieuse et influencer fondamentalement les acteurs économiques. « Chez Lush, on se dit même prêt à proposer une alternative solide à tout type de produits, y compris les soins visage généralement abonnés aux crèmes et aux sérums à base majoritairement aqueuse. « Moins d’eau signifie moins de croissance bactérienne, et donc que nous pouvons fournir tous les ingrédients naturels actifs à la peau et aux cheveux de la manière la plus fraîche possible, insiste Alessandro Commisso, inventeur de produits chez Lush. Les fruits par exemple finiraient par moisir dans une émulsion aqueuse si l’on n’ajoutait pas de conservateur. Nos formules à base d’huile sont beaucoup plus stables. »

Passer au solide demande toutefois un petit temps d’adaptation tant l’industrie nous a habitués à d’autres sensorialités. « Elle a défini pendant des années ce que devait être ou faire un bon nettoyant corps, un bon shampoing, dénonce Cécile Perrissin Fabert. Il fallait que ça mousse, que ce soit artificiellement parfumé. Il est tout à fait possible de déconstruire les a priori des clients potentiels. « En réapprenant par exemple quelques gestes pleins de bon sens pour que les pains gardent fière allure jusqu’au bout. « S’ils se fendillent et n’ont plus l’air très nets, on peut les faire fondre au bain-marie et les resolidifier ensuite dans un moule en silicone », propose Claire Maurice. Placées dans une petite poche en gaze, les lamelles restantes peuvent aussi parfumer les tiroirs à chaussettes.  » Pensez à toujours essuyer vos barres après chaque usage, renchérit Marine Bisson. Et à éviter l’eau stagnante en les conservant dans un endroit sec. « Dernière mise en garde : si l’idée est très certainement bonne pour la planète, il faudra attendre la fin de la crise sanitaire actuelle pour la suivre, ou n’utiliser ces barres que dans le strict cercle intime, pour éviter toute contamination fortuite…

Photo:

1. Nettoyant visage solide peau sèche et sensible, Lamazuna, 12,50 euros.

2. Purifying shampoo bar, N.A.E., 6,99 euros.

3. Savon Black Roses, Savonneries bruxelloises, 12,50 euros.

4. Shampoing solide hydratant à l’aloe vera, Christophe Robin, 16 euros (disponible chez Senteurs d’Ailleurs).

5. Purifying gentle face bar, N.A.E., 6,99 euros.

6. Huile pour le visage solide Light Touch, Lush, 15 euros.

7. Savon Perle de Bain, Joy de Dior, 31,50 euros.

8.Moisturizing body bar, N.A.E., 5,49 euros.

9. Barre de massage Wiccy Magic Muscle, Lush, 12 euros.

10. Sauvage Black Soap, Dior, 51,50 euros.

11. Dentifrice solide à la menthe poivrée, Lamazuna, 8,50 euros.

12. Poudre de savon Colonia Pura, Acqua di Parma, 32 euros.

13. Stick Shampoing Men 1922 by J.M. Keune, Keune, 19,50 euros.

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