Paillettes cosmétiques: les alternatives clean sont-elles (vraiment) écologiques?

paillettes cosmetiques ecologiques

On les a vues partout, dans les festivals, les défilés, les soirées en tout genre: les paillettes cosmétiques sont de sortie à la moindre occasion. Et pourtant derrière leur allure brillante, les paillettes sont une réelle source de pollution plastique. Des alternatives écologiques existent-elles ou peuvent-elles seulement exister?

Petites, lumineuses et fun, les paillettes cosmétiques ont conquis les cœurs et nos feed instagram. Du défilé haute couture Valentino automne-hiver 2022-2023 avec des visages recouverts de paillettes aux festivals et concerts, les paillettes trouvent même leur place dans les manifestations. Leur aspect coloré et scintillant attire l’œil et rend les maquillages plus extravagants. Mais ce n’est pas sans compter leur composition – souvent en plastique – et donc leur impact écologique désastreux.

Les paillettes: une composition pas si jolie

Le problème de ces jolies particules lumineuses qui pimpent nos maquillages, réside dans leur composition et plus précisément, dans deux de ses composants : l’aluminium et le plastique. Pour l’aluminium, c’est assez simple: sa production est très polluante et dégage des millions de tonnes de gaz à effet de serre par an. Et bien qu’il soit recyclable, l’aluminium prend des centaines d’années à se dégrader naturellement. 

Quant au plastique, au vu de la taille des paillettes, il ne peut pas être recyclé. Les paillettes cosmétiques font donc partie de la famille des microplastiques. Cette année, c’est 2,3 tonnes de cette famille de plastique qui ont été retrouvées dans les océans (voir encadré plus bas). 

Face à ce problème, l’Europe a réagi et a signé un règlement, du nom de REACH, interdisant le microplastique dans les produits cosmétiques. Mais, la réglementation européenne n’est pas contraignante dès cette année. En effet, les marques ne peuvent pas changer la composition de leurs produits du jour au lendemain. A compter de la signature du règlement en avril, les marques ont 12 ans, soit jusqu’avril 2035, pour changer la composition de leurs produits du type maquillage. Le règlement REACH ne se limite pas aux paillettes. Il est aussi contraignant pour tout type de cosmétique irisé, comme les fards à paupières, les blush ou bronzer ou encore certains gloss. 

Il existe donc encore beaucoup de marques qui vendent des paillettes contenant du plastique. On les repère notamment avec des ingrédients comme « polyéthylène », « polyisotéréphtalate d’éthylène », ou encore « polytéréphtalate d’éthylène ». 

Bien évidemment, l’idéal pour éviter les microplastiques reste de ne plus acheter de paillettes. Mais si vraiment vous avez envie de mettre des paillettes dans votre vie, des alternatives de paillettes plus « écologiques » commencent à voir le jour. 

Mica éthique?

Le mica est une pierre naturelle qui a un effet brillant, un peu miroir. On peut notamment en retrouver des petits bouts dans le sable ou encore dans les pierres de granite. Le mica étant naturellement brillant, sur le papier, il représente alors une bonne alternative pour des paillettes plus écolo. Le problème de cette pierre, c’est qu’aujourd’hui elle vient presque exclusivement d’Inde, et ce sont souvent des enfants qui travaillent dans ce secteur. De plus, certaines de ces mines de mica en Inde sont aujourd’hui exploitées illégalement, puisqu’elles avaient été fermées pour un problème de déforestation. Donc niveau éthique, le mica est loin d’être une solution idéale. 

Heureusement, il existe aujourd’hui du mica synthétique, qui permet d’éviter ce problème éthique. Pour le consommateur, il est d’ailleurs presque impossible de remarquer une différence entre le mica naturel et synthétique. Enfin, il existe aussi des mines de mica en Europe et aux Etats-Unis, qui sont légales et respectent le droit des enfants. Il faut donc bien faire attention à la composition de nos paillettes pour savoir leur provenance. 

Des paillettes green mais pas 100% clean

La cellulose végétale reste l’alternative la plus employée, à ce jour, dans toutes ces nouvelles marques de paillettes dites écologiques. Leur structure à base de cellulose de plantes est plus facilement biodégradable. Des marques comme Si Si La Paillette ou encore Projekt Glitter sont des alternatives moins polluantes que les paillettes classiques. Mais malgré tous leurs louables efforts, elles ne représentent pas (encore) la paillette parfaite. 

© Si Si La Paillette

En effet, elles contiennent souvent encore un peu de plastique et d’aluminium. La cofondatrice de Si Si La Paillette, Lorène Pernet explique: « On essaie de satisfaire tout le monde. Les paillettes sans plastique sont moins brillantes et ne plaisent pas toujours. Donc on propose les deux: des paillettes sans plastique et des paillettes avec encore un peu de plastique. » 30% des paillettes proposées par l’enseigne française, les “nacrées” sont 100% sans plastique ou aluminium pour ceux et celles qui souhaitent faire attention. Pour les autres, les brillantes et les holographiques sont plus lumineuses, avec un réel effet miroir. Mais le prix à payer pour cet effet shiny reste une composition évidemment pas idéale. 

Le laboratoire anglais Bioglitter travaille sur le sujet de la « paillette écolo » depuis 2010. Tous les produits de Si Si La Paillette viennent de ce laboratoire. Pour sa gamme de paillettes 100% biodégradable (correspondant aux nacrées chez Si Si La Paillette), le laboratoire possède deux certifications. La première est « ok biodegrable Water » de TUV Austria (organisme de certification agréé par European Bioplastics), et le seconde est « verified microplastic free » par l’Union européenne. Lorène Pernet précise que « les autres paillettes viennent du même labo, mais ce ne sont juste pas leurs dernières technologies. Elles ne sont pas parfaites, mais c’est déjà mieux que les paillettes classiques! »

Un microplastique c’est quoi?

Un microplastique est une petite particule de plastique mesurant moins de 5mm. Il existe 2 types de microplastiques: les primaires et les secondaires. Les primaires correspondent à des particules de plastique fabriquées dans une taille de moins de 5 mm (comme les paillettes). Les secondaires, au contraire, sont des plus grands bouts de plastique provenant de pièces déjà existantes, comme un sac qui se serait décomposé au soleil en petites particules.

Quel est son impact? 

Dû à sa petite taille, le microplastique ne peut pas être recyclé et va passer dans l’eau, à travers les mailles des stations d’épuration pour se retrouver dans les océans. D’après une étude du 8 mars 2023 de Plos One, il y aurait actuellement 2,3 tonnes de microplastiques dans les océans. Une étude de Ocean Campus a, quant à elle, conclu que les cosmétiques représentaient 2% des microplastiques. Cela signifie donc que les cosmétiques sont, à eux seuls, responsables de la production de 46 000 tonnes de microplastiques. Ces mêmes études montrent l’impact sur l’environnement, mais aussi sur l’humain. Aujourd’hui, on retrouve même des traces de microplastique dans certains de nos aliments.

Pour en savoir plus sur les microplastiques, l’étude réalisée par Plos One en 2023

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