« Mommy makeover » : une chirurgie esthétique post-accouchement pour retrouver son corps d’avant bébé

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Il n’y a pas que les adolescents qui doutent de leur corps à cause des réseaux sociaux. Les mères sont également sous pression pour retrouver un « bikini body » seulement quelques semaines après l’accouchement. Résultat ? De jeunes mamans prêtes à passer sur le billard pour retrouver au plus vite leur corps d’avant bébé.

Le terme « Mommy makeover » désigne une série d’interventions esthétiques réalisées en une seule fois. Il s’agit la plupart du temps d’un combo entre liposuccion de la graisse abdominale, et augmentation ou lifting des seins. « En groupant ces interventions, on raccourcit la période de convalescence et on réduit le prix pour le patient « , explique le chirurgien plasticien Kristoff Verdonck, fondateur de la Clinique belge de beauté à Diest. « Les patientes n’ont à payer qu’une seule fois pour le personnel, l’anesthésie et l’équipement. Si vous optez pour des opérations plus espacées, vous devrez aussi vous absenter plus longtemps pour vous rétablir. »

Pression de la performance

La tendance « Mommy makeover », venue des États-Unis depuis 2016, n’est en Europe encore qu’à ses premiers frémissements.

« Les femmes américaines subissent une pression constante pour être au top. Quiconque ne retrouve pas rapidement sa silhouette et un ventre tendu après un accouchement risque d’être exclu », dit le chirurgien Verdonck. « C’est la raison pour laquelle elles se font opérer peu de temps après la naissance. En Europe, la pression est moindre et les femmes peuvent prendre leur temps. »

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Contrairement aux États-Unis, en Belgique, les cliniques privées doivent tenir compte d’un délai d’attente obligatoire de six mois après la naissance. Cela signifie aussi la fin de l’allaitement. Et comme il s’agit d’une opération à caractère esthétique, la sécurité sociale n’intervient pas. Une donnée qui a son importance, puisque les coûts liés à une telle opération sont souvent très élevés.

Outre son prix, une telle métamorphose n’est pas sans danger. La liste est longue. Saignements et caillots, mais aussi infections, tissus cicatriciels, seins insensibles et douleurs persistantes : ce ne sont là que quelques-unes des complications possibles. Les femmes qui fument sont particulièrement à risque. « Dans leur cas, nous constatons que la guérison est souvent plus difficile », dit Verdonck. « Souvent, les cicatrices restent plus visibles et se décolorent plus facilement. Nous leur demandons aussi si elles veulent avoir d’autres enfants. Si c’est le cas, nous déconseillons fortement la procédure. »

Muscles abdominaux déchirés

Ce genre d’opération n’est néanmoins pas toujours qu’esthétique comme le montre l’histoire de Auke* (24). L’an dernier, elle a donné naissance à des jumeaux. « Après mon accouchement, j’ai eu l’impression que j’étais encore enceinte. Mon ventre n’avait pas disparu. Mon entourage pensait que j’étais à nouveau enceinte : j’ai eu des félicitations spontanées, douloureuses. Quelques semaines après ma grossesse, des échographies de mon abdomen ont été prises. Elles montraient que mes muscles abdominaux étaient déchirés et que mon nombril était brisé.

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Après le diagnostic, je suis allé voir le kiné. Il s’est avéré que la déchirure mesurait onze centimètres sur treize. Dans mon cas, des séances de kiné n’auraient pu réparer mes muscles abdominaux. Une intervention chirurgicale était la seule solution, car la douleur m’empêchait de reprendre le travail. » C’est uniquement pour cette raison que Auke a fait une plastie abdominale. « Les vergetures sont toujours là, mais ça ne me dérange pas. On peut voir que j’ai été enceinte. Mais comme je me faisais de toute façon opérer, j’ai aussi décidé de rendre mes seins plus beaux. Je suis encore jeune et je veux avoir l’air soigné. » Néanmoins, Auke l’a longtemps regretté. « Après l’opération, j’ai cru que j’allais mourir. Les premiers jours, je n’arrivais pas à dormir à cause de la douleur et je voyais défiler chaque heure de la nuit. J’avais aussi des problèmes respiratoires. L’opération à mon abdomen m’a fait beaucoup plus mal que mon augmentation mammaire. »

Perfectionnisme

Le public cible pour ce genre d’opération est constitué des jeunes femmes âgées de 24 à 35 ans. « Les patientes qui demandent ce genre de chirurgie sont des femmes sûres d’elles qui aiment faire attention à leur apparence. Ce n’est pas un aveu de faiblesse, mais bien parce qu’elles ont tout essayé sans trouver d’autres solutions », explique le chirurgien plasticien Verdonck.

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En outre, la chirurgie esthétique est de moins en moins taboue ces dernières années. « Pensez à ces influenceuses d’Instagram qui montrent leurs seins pleins, leur corps ferme et leurs lèvres gonflées. Les médias sociaux donnent l’impression que ce type d’intervention est accessible, car les gens suivent souvent des gens de leur âge et les considèrent comme égaux. Cela facilite la comparaison », explique la chercheuse Jolien Trekels de l’Université catholique de Louvain.

Cette comparaison fait aussi que de nombreuses femmes se considèrent plus comme un objet que comme un être humain. Parce qu’elles se laissent influencer, elles ne pensent plus à ce qu’elles sont en tant que personne et ne se concentrent que sur leur apparence. C’est pourquoi il est important de comprendre que les réseaux sociaux ne montrent souvent que le côté positif de l’histoire », dit encore Trekels. « Une mère qui affiche une photo avec un corps parfait quelques semaines après la naissance participe à cette tendance. Elle ne nous dit pas comment elle s’y est prise. »

Groupes Facebook

Il n’y a pas qu’Instagram qui influence les jeunes femmes, les groupes en ligne jouent également un rôle important. « Avant d’aller consulter un médecin, les femmes cherchent d’abord des informations. Elles trouvent souvent cette information sur des forums en ligne ou à travers des groupes Facebook où les femmes échangent des informations et partagent des histoires. Et quand elles viennent en consultation, elles savent exactement ce qu’elles veulent », dit le chirurgien Verdonck.

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« Ces groupes ne sont pas aussi innocents qu’on pourrait le croire », explique la sociologue Jolien Trekels. Les gens avec une même vision se cherchent et s’échangent des informations. De cette façon, ils s’encouragent dans leur façon de penser. Les personnes influençables ou qui s’identifient rapidement ressentiront davantage cette pression pour atteindre cet idéal de perfection et franchiront plus rapidement le pas de la chirurgie.

Les publicités de certaines cliniques privées jouent aussi un rôle puisque ces dernières ne mettent l’accent que sur les changements physiques liés à la grossesse. « Un chirurgien qui met trop l’accent sur la beauté du corps après la grossesse joue avec l’image de soi des femmes d’une manière contraire à l’éthique », dit Trekels. « Il ne s’agit plus de ce qu’elles ont réalisé, mais uniquement des changements physiques. »

Opter pour le changement

Toutes les mères ne sont pas aussi positives sur le sujet. Certains y voient une tentative d’éliminer tout signe d’une grossesse. Yasmine* (25 ans), mère de Sophia (3 mois), est totalement contre la procédure. « Je ne comprends pas pourquoi les gens subissent de telles opérations. À cause de ma grossesse, mes seins et ma peau ont commencé à pendre et j’ai des vergetures sur le ventre. Quand vous avez des enfants, vous devez réaliser que votre vie et votre corps changent. »

Comme beaucoup de femmes, elle a gardé un oeil sur sa ligne après son accouchement et a commencé à faire de l’exercice régulièrement. « Avant ma grossesse, je me préoccupais de mon corps et mon apparence. Sauf que dès que vous êtes enceinte, vous devez avoir un déclic. Vous savez dans quoi vous vous embarquez et quelles en sont les conséquences. Cela ne m’empêche pas de surveiller mon alimentation et j’essaie d’aller me promener tous les jours. J’accepte juste que mon corps ne soit plus le même qu’avant. Vous devez laisser à votre corps le temps de s’adapter.

De Sofie Peeters et Kaat Monsieur

Cet article est paru dans Erasmix, le magazine des étudiants en journalisme de la Erasmushogeschool Brussel.

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