Notre rencontre avec Isabelle d’Ornano, la comtesse derrière la marque Sisley
Née Isabelle Potocka, en Pologne, la comtesse d’Ornano a créé Sisley en 1976 avec son mari Hubert. A la fois muse et directrice artistique de la marque de cosmétique française, c’est elle qui signe encore aujourd’hui la déco de toutes les boutiques, dont celle qui vient d’ouvrir à Anvers.
Sa vision de la déco
Une maison doit refléter l’âme de la ville où elle se trouve. Que je décore une de mes propriétés ou une de nos maisons Sisley, je veux qu’elles aient toutes un style très personnel. Aujourd’hui lorsque l’on parle de luxe, tout est souvent beige, cossu, clinique. Je préfère créer la surprise. M’adapter à l’architecture de chaque lieu. Et m’entourer d’artistes. Toujours.
Ses origines
Je me suis longtemps définie comme une citoyenne du monde. Je suis née en Pologne, un pays auquel je suis attachée mais que j’ai dû quitter enfant, pendant la guerre, pour l’Espagne. J’ai vécu à Londres avant de me marier avec Hubert d’Ornano (NDLR : décédé en 2015), un grand industriel issu d’une famille française dont le nom figure dans les livres d’histoire. Il a toujours eu un grand sens du devoir. En l’épousant, j’ai trouvé mes racines. C’est une force qui vous porte. Les langues que vous parlez, l’éducation que l’on vous transmet, les bagages de votre vie qui résultent des expériences vécues sont votre vraie richesse.
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Son amour de l’art
Collectionner, c’est chercher à posséder. Mais ce n’est pas ce qui m’anime quand je m’intéresse à une œuvre. Je ne suis pas du genre à me précipiter à l’ouverture des foires d’art contemporain. La spéculation ne m’intéresse pas. Ce que j’achète doit me plaire car je vais le mettre au mur. Enfant, j’allais le dimanche au Prado. Ça ne m’amusait pas toujours mais cela m’a donné le goût de l’art. J’aime découvrir des talents, leur offrir une vitrine. Rien ne me réjouit plus que de retrouver Krzysztof, un artiste que nous avons soutenu dans les collections des Rothschild ou des Getty. C’est pour cela que depuis 2020, Sisley s’est associé aux beaux-arts, à Paris, pour créer un prix pour la jeune création.
Sa foi
La foi n’empêche pas le doute. Mais plus vous l’approfondissez, plus elle s’impose à vous comme une évidence. Ce sont mes parents qui me l’ont transmise et elle ne m’a jamais quittée. Prier m’a aidée à traverser les épreuves difficiles de la vie, à garder l’espoir. Le message d’amour du Christ va à l’encontre de ce que nous considérons comme le succès.
Son mariage
Le mariage est comme une plante dont il faut prendre soin. J’ai toujours été indépendante, j’ai quitté la maison avant de me marier, ce qui était inhabituel pour l’époque. Je savais au fond de moi que si je me mariais un jour, je ferais tout ce qu’il faudrait pour que cela réussisse. J’ai eu beaucoup de chance car Hubert était un homme exceptionnel. Nous avons passé 52 ans ensemble. Ce qui ne veut pas dire que nous n’avons pas connu des épreuves : au départ il y a l’amour mais il faut apprendre à s’entendre, ne pas penser qu’à soi, se préoccuper de la personne en face de soi.
« Aujourd’hui, lorsqu’on parle de luxe, tout est souvent beige, cossu, clinique. Je préfère créer la surprise. »
Son engagement
Le dévouement est une qualité rare. Je l’admire particulièrement quand je l’observe chez ceux qui aident les autres sans toujours avoir beaucoup de moyens, ce qui est plus difficile que lorsque l’on vient d’un milieu aisé. Les femmes souvent, je pense notamment à celles qui assistent les personnes en fin de vie, font dans l’ombre des choses remarquables en étant rarement reconnues.
Ses créations
J’aime la beauté des mots. Leur sens mais aussi leur esthétique artistique. Je brode au petit point depuis des années. Avant, je reproduisais des motifs classiques prédessinés mais aujourd’hui je crée mes compositions en écrivant des mots ou des phrases sur un canevas format carte postale. Je me laisse inspirer sur le moment. Ce sont un peu comme des mantras. J’en fait cadeau à mes proches. Sur le dernier, j’ai brodé « flower where you grow ». Pour encourager l’épanouissement là où l’on se trouve.
« Le dévouement est une qualité rare. Je l’admire particulièrement quand je l’observe chez ceux qui aident les autres sans toujours avoir beaucoup de moyens. »
Sa marque
Les cosmétiques ont le pouvoir de rendre heureux. C’était notre objectif à Hubert et moi quand nous avons créé Sisley, en proposant des produits de grande qualité. Notre personnel sur le terrain fait un travail formidable et j’en ai la preuve chaque semaine en lisant les rapports. C’est une source d’information sur nos produits bien sûr mais j’y découvre chaque fois des histoires touchantes, des signes des bienfaits de nos produits sur le physique et le moral de nos clientes. Auprès de nos conseillères, les femmes se confient, prennent confiance en elles. Cela peut changer une vie.
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