Pamphlet pratico-pratique pour glisser vers une cosmétologie propre et pure

Florence Marchal © Fréderic Raevens
Isabelle Willot

A partir d’un nombre limité de matières premières naturelles, il est possible de prendre soin de soi de la tête aux pieds. Auteure d’un petit pamphlet pratico-pratique, cette spécialiste du design durable propose une révolution douce dans la salle de bains.

Le seul poids des mots avait encore le pouvoir, dans les années 80, de forger des images mentales bien plus inoubliables que les buzz chocs d’aujourd’hui. Ainsi, le « trou dans la couche d’ozone » causé par l’usage effréné du fréon, ce gaz à effet de serre désormais banni des aérosols, Florence Marchal se l’imaginait, caché derrière les nuages au beau milieu du ciel, lorsque enfant elle jouait au jardin. Les prémices de sa conscience écologique naîtront de cet apprentissage précoce des liens de causalité jusque dans les routines de soin. « J’ai commencé tôt à m’occuper de ma peau, rappelle celle qui passa par la case mannequin pour financer ses études d’architecture. Elle était un peu capricieuse, cela m’a obligée à une certaine rigueur. Je m’hydratais de la tête aux pieds, tous les jours, comme un réflexe. »

L’austérité rassurante des crèmes vendues en pharmacie satisfait dans un premier temps son approche plutôt cérébrale de la beauté. Très vite, l’envie de naturalité la pousse vers des gammes marketées comme telles qui « pourtant n’étaient qu’illusions », reconnaît l’auteure d’un « petit manuel d’usage et d’entretien de soi à l’heure de l’urgence écologique ». Un séjour dans la bergerie d’une amie, isolée dans un village du Gard, changera la donne. « Il n’y avait pas d’accès aux égouts, explique-t-elle. Pas d’électricité en dehors de celle issue des panneaux solaires. Nous avons dû apprendre à vivre de moins, à n’utiliser que des produits respectueux de l’écosystème. Nous nous sommes sentis allégés, libérés. »

Le corps doit apprendre à renoncer au confort apparent de certaines textures

A son retour de vacances, Florence Marchal s’attelle à une mise en mots personnelle du fruit de ses recherches. Elle dresse d’abord une liste d’ingrédients – d’un côté les « quasi indispensables », de l’autre les « presque superflus » – qu’elle souhaite la plus courte possible « pour simplifier les procédures mais aussi pour limiter les achats inutiles qui conduisent à devoir jeter ».

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.© DR

Ce premier jet à usage privé, compulsé avec l’aide de deux expertes, la pharmacienne Aline Assadourian et l’herboriste Louise Dimanche (portrait à lire ici), est depuis devenu un « pamphlet » destiné à celles et ceux qui rêvent de réussir leur transition vers une cosmétologie propre et pure. Autour du cahier de « recettes », un lexique subjectif vulgarise les termes pour mieux comprendre les bases et les appliquer. Pour l’auteure, l’objectif n’est certainement pas de pousser à l’autarcie à tout prix. « Tout ce qui est déjà fait et bien fait (NDLR: comprenez sans conservateur et à base d’ingrédients 100% naturels), je ne vois pas de raison de m’en priver. Dans le cas du savon par exemple, c’est plus rationnel, notamment en termes de limitation d’emballages, d’acheter le produit fini que les matières premières séparément. »

Gare toutefois à l’excès d’enthousiasme qui pourrait amener à la déception si la mutation dans la salle de bains apparaît trop brutale. « Le corps doit apprendre à renoncer au confort apparent de certaines textures, poursuit-elle. Mais plus encore aux promesses d’une industrie qui se nourrit du manque de confiance des femmes. Ce n’est pas aussi facile qu’on le pense, surtout lorsque l’on vieillit. » Un choix qui demande de pouvoir résister à certaines pressions sociétales plus ancrées en nous qu’on ne le pense. A l’attrait des packagings, aussi, pensés pour pousser à l’achat. Mieux vaut entamer sa conversion en douceur. En remplaçant un à un ses produits « classiques » terminés. Pour se donner le temps d’apprivoiser ces rituels neufs. « Tout est question d’habitude mais vite la peau et les cheveux se sentent mieux, assure-t-elle. Il ne reste plus alors qu’à suivre son instinct, s’émanciper des règles. » Pas question pour cette spécialiste du design durable de jouer les gourous dogmatiques. « Mon propos n’est ni moralisateur, ni responsabilisant, conclut-elle. Mon but n’est pas de générer une nouvelle forme de charge mentale pour les femmes. Cela peut paraître contraignant, au début. Mais une fois le pas franchi, c’est l’inverse. La vie s’en trouve simplifiée. »

Vers une post-cosmétologie?, par Florence Marchal, Espaces Regards Editions.

En chiffres

1970 Naissance le 28 juillet.

1982 Prise de conscience des risques pesant sur la couche d’ozone.

2015 Séjour dans une bergerie écologique dans le Gard.

2017 Rencontre avec l’herboriste Louise Dimanche.

2019 Publication d’un manuel post-cosmétologique d’usage et d’entretien de soi.

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