Célibataires et confinés: comment vivent-ils leur confinement?

Célibataire et confiné

Mercredi 18 mars midi marque le début du confinement pour de nombreux Belges. Parmi eux, des célibataires de longue ou de courte durée, contraints de rester chez eux. Eux qui souvent ont une vie sociale justement très riche. Comment font-ils face à la solitude? De quoi se réjouissent-ils le plus à la fin du confinement? Qu’est-ce qui est le plus difficile? Tour d’horizon avec plusieurs célibataires confinés.

Vis ma vie en confinement: comment les célibataires gèrent-ils leur quotidien en pleine épidémie du coronavirus?

Wissam, 31 ans, employé du service public, vit seul

De base, je suis quelqu’un d’assez casanier. Donc, en dehors de ne plus me rendre au travail et de ne plus voir ma famille et quelques amis, ça va. Je ne m’en sors pas trop mal. Je ne sors prendre l’air que la nuit quand je sais que je ne rencontrerais personne en rue.

Il y a d’excellents côtés au confinement, je peux rester avec ma chatte à la maison. Elle profite aussi de ma présence étant donné qu’elle peut être câlinée dès qu’elle le veut.

Wissam et son chat, le premier jour de confinement
Wissam et son chat, le premier jour de confinement© DR

Ce qui me manque le plus, c’est de savoir que je ne peux plus faire ce que je veux quand je veux. Par exemple, je meurs d’envie de voir mes parents mais mon papa est une personne à risque donc je dois faire très attention.

Je m’occupe en regardant des séries, des films, des reportages, en discutant en ligne avec mes amis, avec mes collègues. J’en profite pour cuisiner et pour redécouvrir des jeux, des sites, rattraper mon retard dans les séries que je suis, lire des livres.

Ce qui va être le plus difficile sur la longueur, c’est l’ennui et le manque de contact physique. Je suis quelqu’un qui a besoin de contacts physiques (prendre les gens dans mes bras, par exemple) et là, c’est déjà difficile. Donc sur la longueur, ça va être encore plus difficile.

Après le confinement, je prendrai mes parents dans mes bras et on pourra se dire qu’on a réussi.

Après le confinement et cette période de solitude, j’irai, en premier lieu, voir mes parents, les prendre dans mes bras et on pourra se dire qu’on a réussi ! On a réussi à tenir ! Je consommerai chez tous les petits commerçants et restaurateurs pour les soutenir pour la reprise de l’économie. C’est en la faisant tourner qu’on réussira à atténuer la crise économique qui arrive.

En ce qui concerne les habitudes d’après-confinement, je vais continuer à garder cette distanciation sociale en évitant au maximum de faire la bise, de serrer la main à des gens. Prendre de nouvelles habitudes et sortir plus pour profiter avant un prochain confinement.

Elizabeth, 36 ans, traductrice

Le plus dur, c’est clairement l’absence de contact humain. Je me moque bien de ne plus pouvoir aller au cinéma, au resto, à la bibliothèque, faire du shopping, etc. mais savoir qu’on ne va pas voir ses proches pendant (très) longtemps, est tout de même assez difficile. On a beau passer beaucoup de temps au téléphone, sur Whatsapp, etc., rien ne remplace un vrai contact humain. D’autant qu’habituellement je travaille en openspace, entourée de collègues avec qui je tape la causette régulièrement.

Ceci dit, je m’estime chanceuse : pour l’instant, mes proches sont en bonne santé, j’ai un lieu de vivre agréable, une terrasse, largement de quoi m’occuper. Beaucoup de gens n’ont pas cette chance, je pense particulièrement aux familles avec des enfants enfermés dans de petits appartements et aux personnes âgées qui ne peuvent même pas sortir prendre l’air. Et je ne parle même pas de la tragédie que vit l’Italie.

Le matériel d'Elizabeth
Le matériel d’Elizabeth© DR

L’avantage d’être confinée seule, c’est d’éviter les conflits avec mes proches, probablement nombreux en cette période de crise. Quand tout ceci finira, nous serons tous (du moins je l’espère) heureux de nous retrouver. Plus sérieusement, c‘est l’occasion de retourner à l’essentiel : réfléchir à ses choix de vie, se remettre en question, séparer l’inutile de l’essentiel. C’est l’occasion aussi de faire ce qu’on fait trop peu en temps normal : lire, écouter de la musique, peindre, faire des petits travaux chez soi, etc. L’autre bon côté c’est que tout le monde est dans le même cas : c’est l’occasion de discuter avec ses amis, parfois même davantage que dans la vie réelle. C’est sûr qu’avec certaines personnes, ça va resserrer les liens.

Retrouver mes proches sera la première chose que je ferai : ce sera une fête de les retouver.

Pour l’instant, je n’ai pas encore ressenti de monotonie (reposez-moi la question dans quinze jours). Je travaille beaucoup, et je discute beaucoup avec mes amis, proches, je ne me suis pas encore ennuyée une seconde. Ce qui risque, par ailleurs, d’être plus compliqué à long terme, c’est d’accepter la situation, mais je pense que l’être humain peut s’habituer à beaucoup de choses, et que je vais tenir parce qu’il le faut.

J’espère ressortir plus forte de cette période d’isolement. C’est une période qui enseigne la modestie aussi : on se contente de petits bonheurs. Une promenade, un ami, même en respectant la distance imposée, ou un rendez-vous WhatsApp avec des amies sont désormais le point d’orgue de la journée.

Yoris, 26 ans, journaliste, vit seul

Depuis la fin du mois d’août, je vis seul, dans un studio. Et lorsqu’on vit tout seul, on est vite face à sa propre solitude. Habituellement, c’est supportable parce que je vois mes collègues plusieurs fois par semaine, je sors boire des verres avec mes amis et je retourne, certains weekends, chez mes parents. Mais, avec cet isolement forcé, c’est devenu assez pénible. Je pense que le plus dur, c’est la privation de présences et de contacts physiques. Ce confinement m’a fait réaliser à quel point je suis tactile et à quel point j’ai besoin de cela ! Je fais presque tout le temps la bise pour dire bonjour et au revoir, je prends souvent mes proches dans les bras et j’adore tenir la main de quelqu’un. C’est mon côté fleur bleue. Du coup, c’est très frustrant de n’avoir personne autour de soi.

Les applis de Yoris
Les applis de Yoris© DR

Des bons côtés ? Oui, il y en a bien un ! Je suis un grand adepte des applications de rencontres et, depuis quelques jours, j’y reçois énormément d’attention. Plus que d’habitude ! Il y a davantage de personnes connectées. Je crois que, lors des périodes difficiles, les gens ont besoin de dialoguer, de fantasmer, de se retrouver ne fût-ce que virtuellement. Et je trouve cela très plaisant.

Néanmoins, pour protéger mon entourage et les personnes à risque qui pourraient croiser mon chemin, j’ai décidé de ne pas rencontrer de garçons toute la durée du confinement. Du coup, je reste patient… ou je fais preuve de créativité (rires).

Ce qui me manque le plus, c’est le contact humain. Définitivement !

Cela me semble crucial de rester actif sinon on ouvre la porte à la déprime et on laisse le blues s’installer. Je fais du télétravail sans vraiment compter mes heures, je fais mon ménage avec plus de soin et d’attention, je prends fréquemment des nouvelles de mes proches via les réseaux sociaux, j’ai un planning de films, de séries et d’émissions à regarder. Je me lance aussi des petits défis comme cuisiner davantage ou faire du sport. Et quand je ne suis pas actif, lorsque je traîne sur mon téléphone sans but ou que je ne veux pas m’occuper, je mets une playlist et je chante tout haut. Ça me semble important de faire du bruit, ça meuble et ça empêche d’être seul avec ses pensées. Pour l’instant, ça fonctionne donc je reste optimiste.

Plus cela va durer, plus la frustration va s’installer. La frustration de se savoir entouré mais de ne pas être en mesure de voir mon entourage physiquement et celle de se dire qu’on pourrait très bien faire des rencontres après tout. Je me connais : je suis comme un enfant, je vis mal les frustrations. Mais je ne céderai pas. C’est hors de question. Une décision insensée pourrait potentiellement coûter la vie à plusieurs personnes.

Bureau de Yoris, avec vue sur la ville
Bureau de Yoris, avec vue sur la ville© DR

Au moment de la libération, je ne sais pas encore ce que je ferai directement. Peut-être aller au restaurant ou dans un bar avec mes amis. Aussi, je ne vous cache pas que j’ai un ou plusieurs rendez-vous à programmer (rires).

Je suis quelqu’un de très anxieux de nature et je préfère prévoir et anticiper les événements. Mais si il y a bien quelque chose que cette crise sanitaire m’a apprise c’est qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait… ou même s’il existera. Je vais travailler cet aspect de ma vie : être moins dans le contrôle et de profiter du moment présent.

Sophie, 26 ans, responsable d’un bureau de marketing, vit en colocation

Le 4 avril, j’aurai 27 ans. Ce jour-là, je serai en quarantaine, en télé-travail, célibataire et réglée, selon mes calculs. Une dizaine de jours me séparent de cette date qui, bien sûr, sera inoubliable. Une dizaine de jours pendant lesquels rien ne va changer :

  • J’habiterai toujours dans cette maison avec jardin, avec mon frère et nos deux chiens
  • Je serai toujours responsable d’un bureau de marketing ou j’essaie de rester en contact avec chacun de mes employés afin de « garder la vibe »
  • Je serai toujours célibataire et je serai toujours en train de décompter les jours avant que Tinder ne devienne réalité

Ce qui est le plus dur dans l’isolement forcé, en plus du stress lié à la question de savoir si on est porteur ou non du virus, en plus de ne pas voir sa famille et ses amis, en plus de se sentir moins productive dans son travail, etc., c’est de ne pas recevoir d’affection : ne pas avoir quelqu’un pour nous dire « ça va aller », quelqu’un qui va se mettre à côté de vous dans le fauteuil et qui va juste vous serrer dans ses bras, quelqu’un à côté de qui dormir ou ne pas dormir… Je pense que c’est le plus dur et que c’est cela qui manque le plus aux célibataires.

Bien sûr, il y a des bons côtés à l’isolement : on peut se faire des « to do list », on n’est pas obligé de s’apprêter tous les jours (maquillage, coiffure, chaussures confortables assorties à la tenue et la veste), ou de se lever vraiment tôt. Il y a des bons côtés : on peut cuisiner, manger quand on en a envie, regarder une série ou lire un bouquin, ranger son garage ou trier ses 3.000 vêtements, appeler ses potes sur FaceTime, ou encore mater un porno.

Pour rompre la monotonie, il y a les autres. Je n’ai jamais reçu autant de « désolé, je suis déjà en FaceTime avec X » que depuis ces trois derniers jours. On communique beaucoup plus, même avec d’anciens potes ou collègues. Et puis, il y a le « moi » : qu’est-ce que j’ai envie d’avoir fait pendant cette période d’isolement ou pour la fin de la journée ? Cela demande une écoute de soi et un peu de proactivité.

Au moment de la libération, j’aurai besoin de me sentir belle. J’aurai eu des semaines pour savoir comment me fringuer et m’apprêter. A l’heure actuelle, je n’ai rien prévu en particuliers mais je sais déjà avec qui je serai. J’imagine un petit groupe d’amis retrouvant un autre groupe puis un autre groupe. On va tous se retrouver ! L’endroit idéal me semble être un parc – celui qu’on appelle « the place to be » quand on souhaite croiser plein d’amis et profiter du soleil. Puis, en ce qui concerne la nuit de la libération, on verra . (ce serait quand même bête de rentrer seule à la maison après y avoir déjà passé autant de temps !)

Ce qui sera le plus compliqué, sur la longueur, à mon sens, c’est l’imagination. C’est vrai, au début, c’est marrant de lancer son porno, d’attraper son jouet et de s’amuser un peu. C’est comme le début d’une relation finalement, mais avec soi-même. Au début d’une relation, lors des premiers rapports, on découvre tout. On essaye de nouvelles positions, de nouvelles choses qu’on avait jamais faites auparavant. Cela prend du temps de connaître l’autre et que l’autre nous connaisse, sache ce qui nous fait plaisir, etc. Toute cette période « du début » est super excitante. Puis, pour la plupart des couples, il y a un petit creux avant que ça ne recommence et qu’on aille encore plus loin. Mais, il faut être deux pour créer ces moments. Dans ma situation, il va falloir être créative et faire fonctionner l’imagination car je suis seule et je dois le faire pour moi.

Cette période, après tout, je la vois comme quelque chose de positif. Je pense que je vais apprendre à mieux me connaître, et ce, à tout point de vue. J’aurai certainement un meilleur jugement sur mes priorités et mes envies. Qui sait ?

Toulouse, 28 ans, agent en logistique, vit en colocation

Au risque de paraître égoïste, à l’heure d’aujourd’hui, j’aurais dû être à Cancun (Mexique) en train de siroter un bon cocktail. Avec cette situation de crise, j’ai perdu mon billet d’avion ainsi qu’un beau voyage. Après, il s’agit de réfléchir et de tout remettre dans son contexte : il y a plus important dans la vie. La Panne pourrait être une alternative si cela devait perdurer (rires).

En toute honnêteté, je ne vois pas énormément de bons côtés à la situation. En bon Liégeois, trois choses me font vibrer : le Standard, les sorties et ma ville. Il est, par contre, bon de se rendre compte de la solidarité dont la ville fait preuve. La cité ardente ne fait qu’une pour lutter contre ce virus et je suis persuadé que cela ne peut rendre notre unité que plus forte.

L'appartement de Toulouse où il télé-travaille
L’appartement de Toulouse où il télé-travaille© DR

Mon entreprise n’ayant pas fermé ses portes, je suis actuellement en télétravail. J’ai donc la chance de ne pas passer mes journées à flâner, auquel cas le temps semblerait excessivement long. Pour me détendre, il est toujours possible de jouer en ligne avec mes amis ou de boire une bière sur la terrasse. Etant en colocation, je ne passe pas mes journées tout seul. Mention spéciale à mon colocataire, Alexandre, avec qui je vais surement descendre quelques casiers dans les prochaines semaines.

Seule éclaircie : l’after confinement n’en sera que plus belle

En parlant de bières, ce qui me manque le plus, sans hésitation, ce sont les sorties et le sport aussi. Ayant la chance de jouer au mini-foot avec mes meilleurs amis, ne plus se dépenser comme on le voudrait ainsi que ne plus les voir est contraignant. Seule éclaircie : l’after confinement n’en sera que plus belle.

A long terme, j’aurais pu parler de la distance avec mes proches mais ne nous voilons pas la face : étant célibataire, le manque d’affection pourrait être difficile sur la durée. En effet, confinement oblige, il n’est plus possible de sortir et de rencontrer des jolies filles. Je leur donne rendez-vous, d’ailleurs, dans quelques semaines. Je sortirai mon plus joli sourire et mes plus beaux câlins.

Dès que le confinement est levé, j’irai donner un mois de salaire dans tous les bars et les restaurant de la région. Cette période aura laissé des traces chez tous les restaurateurs, bars, magasins de la ville. Selon moi, il en va de notre devoir de citoyen de refaire vivre l’économie de notre si belle ville. La gueule de bois sera sûrement sévère mais elle sera méritée.

De manière plus global, j’espère que cette crise changera les mentalités. En effet, je pense que c’est grâce ou à cause d’incidents comme ceux-ci que nous devons prendre conscience que le modèle dans lequel nous vivons est à revoir : profit, argent et pouvoir d’achat ne devraient pas être les maîtres mots de nos sociétés. Qu’un virus puisse bloquer non pas un pays mais l’économie mondiale est alarmant. J’espère, cependant, que ces périodes de disette montreront la solidarité du peuple belge. Lors d’une coupe du monde, d’un euro, d’une catastrophe, Flamands et Wallons ne forment qu’un. A nous de faire en sorte qu’il ne faille pas attendre une catastrophe pour montrer la force et la beauté de notre plat pays.

Élise, 21 ans, étudiante, vit chez ses parents

Le plus dur est de savoir qu’on ne peut plus voir ses amis et discuter avec eux face-à-face des dernières nouvelles et derniers potins. Et puis, on ne sort plus, on ne rencontre plus de nouvelles personnes et on n’a plus l’occasion de voir ceux qui pourraient éveiller notre intérêt et encore moins de faire avancer les choses.

En tant qu’étudiante, forcément, il y a de bon côté puisque cela permet d’étudier calmement, de rattraper son retard. Je ne manque pas de choses à faire et même au-delà des études, j’ai de nombreuses activités accessibles à la maison pour m’occuper. Voyons le bon côté d’être célibataire en ce moment : je n’ai pas à déplorer de ne pouvoir voir un petit ami qui vivrait chez ses parents.

Le bon côté du célibat en ce moment: je n’ai pas à déplorer de ne pouvoir voir un petit ami qui vivrait chez ses parents.

La monotonie ne me dérange pas particulièrement, du moins pas encore. Mais oui, je profite du temps que j’ai pour faire ce que je n’ai pas l’occasion de faire d’habitude, de façon variée, je passe des heures au téléphone avec des amies que je n’ai plus vu depuis un moment, on s’échange nos ragots d’avant le confinement. Ragots qui traitent souvent de la gente masculine et qu’on aura, par conséquent, pas l’occasion d’entretenir sur le long terme.

Je dirai que ce qu’il me manque le plus, ce sont les sorties entre amis, que ce soit en ville ou les uns chez les autres. Ne pas pouvoir changer d’air et surtout, voir de nouvelles têtes, rencontrer de nouvelles personnes, créer de nouveaux lien ou renforcer ceux qui existent déjà sera le plus difficile pour moi à long terme.

Même si ça ne se mettra pas en place tout de suite après la libération, la première chose sera sûrement d’organiser une sortie, pour rattraper toutes celles qui ont été annulées, retrouver cette bonne ambiance et à nouveau faire la fête ! Je ne pense pas que cette période d’isolement changera grand-chose sur moi. Je reste en contact avec tous ceux dont je suis proche. Ou alors, ça me rendra plus boute-en-train encore et je goûterai mieux la possibilité de faire ce que je veux, d’aller où je veux, de voir qui je veux.

Bertrand, 26 ans, consultant en ressources humaines, vit en colocation

Le plus dur actuellement, dans l’isolement, c’est surtout de ne pas savoir où l’on va. Le confinement n’a pas commencé depuis longtemps et les effets ne sont encore que peu présents. Je ressens, tout de même, déjà un manque de contacts sociaux, qui va certainement grandir au fur et à mesure des jours.

Un des points positifs du confinement est qu’il me permet de réfléchir sur moi-même et de me rendre compte de certaines choses. Un point essentiel est l’importance que les réseaux sociaux prennent tout un coup alors qu’ils occupaient déjà une place importante auparavant.

Ce qui me manque le plus et qui deviendra difficile sur la durée, ce sont les contacts sociaux. J’ai rencontré quelqu’un juste avant le confinement. Malheureusement, je ne peux plus voir ou fréquenter cette personne jusqu’à l’échéance encore inconnue. Être en colocation aide à garder des contacts humains.

J’ai rencontré quelqu’un juste avant le confinement. Malheureusement, je peux plus voir ou fréquenter cette personne jusqu’à l’échéance encore inconnue. Dès que le confinement est levé, j’irai la voir et je ferai la fête avec mes amis

Pour rompre la monotonie, je passe du temps sur les réseaux sociaux (Facebook, un peu Instagram et Snapchat) et je discute avec mes colocataires. Il m’arrive de jouer aux jeux vidéos ou de lire.

Je ne suis pas encore sûr qu’il y aura des effets « après confinement » mais la durée de ce dernier aura certainement un impact, mais il est inconnu.

Dès que le confinement sera levé, j’irai voir la personne rencontrée juste avant (le confinement) et je ferai la fête avec tous mes amis qui, comme moi, rongent leur frein actuellement.

Eve, 23 ans, danseuse, vit en coloc, mais en ce moment, seule dans 150 m²

Moi j’étais assez sceptique en fait. Je n’ai pas vraiment vu le truc venir. Je pensais que la France sur réagissait. Et quand les Français ont été confinés, je me suis dit que nous ça viendrait mais peut-être plus tard, parce que la Belgique est un plus petit pays. Vraiment je l’imaginais pas, je pensais que tout le monde en faisait des caisses. Et puis bon, c’est venu très vite. Et pour moi c’était soudain. Et en plus c’est la fin de l’hiver, il fait super beau dehors, et j’ai l’impression que c’est la période de l’année que tous les Bruxellois attendent tellement, pour se retrouver dans les parcs, sur les terrasses. C’était censé être la fin du confinement hivernal.

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.© Getty Images

Personnellement, je passe de manière générale beaucoup de temps à la maison, parce que je travaille de l’ordinateur, très souvent. Là, ce qui est assez agréable en ce moment c’est de savoir que je ne suis pas toute seule, à être seule à la maison. Je me sens moins à contresens. J’ai plus de courage et j’occupe mieux mon temps, lire cuisiner, ranger mes espaces, prendre soin de mes petites plantes.

Ce qui manque le plus c’est la vie dehors, avec les amis. Les évènements, les bars, ça, ça manque un peu. Il y a toujours une petite angoisse qui monte vers 17-18h, quand tu réalises qu’il faut encore s’occuper toute seule, que c’est l’heure où tu reçois d’habitude les messages de tes amis qui te demandent ce que tu fais ce soir.

Pour bien le vivre, je pense qu’il faut accepter la lenteur, donner du sens aux petits détails, et leur donner toute son attention, toute son énergie. Trier des choses, ranger. Je fais des listes de choses à faire, et je suis toujours heureuse en fin de journée quand je réalise que j’ai fait plein d’autres petites taches entre ces grosses taches que je m’étais imposée. C’est un peu comme voyager, et se permettre d’emprunter des petites routes de campagne pour mieux contempler le paysage. Oui, faire des petits trucs c’est important.

Ce que j’appréhende le plus, sur la longueur surtout, c’est suivre l’actualité seule, voire le nombre de décès qui augmente. Ça va être dur d’être seule face aux news.

Il y a toujours une petite angoisse qui monte vers 17-18h, quand tu réalises qu’il faut encore s’occuper toute seule, que c’est l’heure où tu reçois d’habitude les messages de tes amis qui te demandent ce que tu fais ce soir

J’espère que la fin du confinement tombera le jour de mon anniversaire (ndlr, le 15 avril) et j’imagine bien un gros pique-nique au parc, avec les amis et les proches. Et peut-être qu’on se partagera les recettes qu’on aura expérimenté chez soi. Un top 5 des gâteaux que tu as faits pendant le confinement. Ce serait rigolo.

Après avoir été seule si longtemps, comme en retrait finalement, après avoir ranger ma maison et ma tête, j’espère être rechargée à bloc pour mener à bien les projets en cours – enfin actuellement en pause du coup – mais qu’on va reprendre quand tout ça sera fini. Et je pense que collectivement ce sera bon, on sera tous un peu pareils, on en voudra tous. Après avoir été confinés tous en même temps comme ça.

Antoine, 36 ans, menuisier, vit seul

Le plus difficile, c’est surtout de limiter le contact avec les gens et du coup de diminuer les sorties avec les copains et de voir les copains. Moi je n’ai pas de famille ici, donc c’est pas le plus compliqué. Mais j’imagine que pour certains c’est aussi problématique de limiter les contacts avec les parents ou les grands parents. Pour ma part, ne pas voir les amis, ça va être ça le plus dur.

La vue d'Antoine, de son canapé
La vue d’Antoine, de son canapé© DR

Ce qui manque le plus c’est de voir les copains, et de pas pouvoir sortir dans les cafés par exemple, pour se distraire. Vu que là c’est en plus combiné à une situation qui en plus est un peu pesante, c’est justement dans ce type de contexte qu’on aime bien se changer les idées. Là on ne peut pas se distraire, c’est la conséquence du truc. Il y a deux effets négatifs combinés.

Le confinement a des bons côtés. Si on ne peut pas voir les amis, au moins on prend des nouvelles les uns des autres, on s’écrit, on montre qu’on est attentif à la situation de chacun. Ça, ça fait plaisir. Comme de constater qu’on en prend de nous aussi. L’autre côté positif, c’est l’entraide aussi. Avant midi, je suis allé échanger un gramme de CBD contre des boulettes vegans et des cachets de vitamine C avec une copine. Je trouve que c’est rigolo ces situations un peu cocasses qui sont quand même cool à vivre, avant le confinement total (ndlr, témoignage reçu le mercredi 19 mars).

Un autre aspect qui me semble positif est celui d’avoir l’impression – même si ce n’est pas nous qui participons le plus à ça – de participer à l’effort général. Il y a les médecins, les urgentistes et tout le personnel soignant qui est en première ligne comme on dit. Mais bon, nous à notre petite échelle – même si de toute de toute manière on n’a pas le choix – de respecter ça et de se dire que ça vaut la peine. On obéit, certes, mais en même temps, on participe à l’effort pour éviter que ça se propage, donc ça a du sens.

Evidemment, un autre bon côté, c’est de prendre un peu de temps pour soi, pour faire des trucs chez soi, pour son intérieur, plein de petits trucs qu’on met de côté quand on est dans son rythme normal de travail et de vie sociale. Faire des trucs de chez soi mais aussi pour soi. Parce que si face à un virus il faut être en forme, alors faut essayer de bien dormir, de bien manger, de prendre soin de soi. Des fois c’est pas trop le cas quand on travaille, qu’on sort, etc. Là on essaie d’être un peu plus sain, pour résumer.

Pour rompre la monotonie, je ferai sans doute quelques balades, avec une seule personne, comme c’est autorisé. J’irai voir un ami chez lui. Ce genre de petites sorties. De toute façon à la maison, ça va vite tourner en rond, entre regarder des films, lire des bouquins, travailler sur ce qui est possible de faire depuis la maison, ça va vite être épuisé.

Alors directement à la fin du confinement, je vais organiser un concours de fléchettes

Le 3 x 20 d'Antoine
Le 3 x 20 d’Antoine© DR

Alors directement à la fin du confinement, je vais organiser un concours de fléchettes. Je vais retrouver les potes dans les cafés. Encore une fois, comme je n’ai pas de famille ici, alors ça sera principalement les potes. Retourner travailler à l’atelier, organiser ce que je ne peux pas faire d’ici. Boulot, boulot et copains. Mais premier truc, ce sera fêter ça. Trinquer.

Je ne sais pas trop ce que ça va changer pour la suite. Je pense qu’on a tendance à vite oublier ce genre d’évènements un peu spéciaux, et tout va revenir à la normal assez rapidement. Dans d’autres cas comme celui-là, si ça reproduit, on sera prévenu, on arrivera peut-être mieux à gérer ça. C’est une sorte de solidarité qui apparait. On sera par la suite plus attentifs les uns aux autres. Mais je ne pense pas que sur le long terme, n’y aura beaucoup de changements.

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