L’homme idéal ne vous ressemble pas

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Vous le pratiquez peut-être déjà sans le savoir. Zoom sur le « dating out », nouveau modèle amoureux à l’heure de la toute puissance féminine.

On le sait, on nous le dit: aujourd’hui, les femmes sont aussi puissantes que les hommes. Dans les pays développés, elles sont plus diplômées que leur équivalent masculin, aussi reconnues, bientôt mieux payées. Elles montent des entreprises, siègent au conseil d’administration, passent chez le psy au déjeuner, à la garderie en after work, le tout sans même écailler leur vernis fluo. C’est, du moins, l’image qu’elles baladent dans les médias. Ces femmes brillantes professionnellement doivent, du coup, trouver de nouvelles manières d’envisager leur vie amoureuse – qu’elles construisent et dirigent, à l’instar de leur carrière.

L’une de ces nouvelles tendances se nomme, en anglais dans le texte, le dating out. Ou quand les femmes vont chercher des hommes qui ont réussi, mais dans d’autres domaines que le leur, notamment pour éviter la concurrence. Elles trouvent leur bonheur auprès d’un artiste, d’un universitaire, d’un sportif… En tout cas loin de leur milieu professionnel. Côté people, quelques couples montrent déjà l’exemple: Laurence Ferrari et Renaud Capuçon (musicien), Oprah Winfrey et Stedman Graham (basketteur), Melissa Theuriau et Jamel Debbouze (comédien).

Attention, il ne s’agit pas de choisir un compagnon inférieur d’un point de vue socioéconomique (on parlera alors de marry down) ou de parader au bras d’un toy boy. Non, car, tout de même, 83% des femmes seules recherchent un homme avec un niveau d’études égal ou supérieur au sien. On doit cet éclairant sondage au site Attractive World, qui a pour fonction de faire se rencontrer des « célibataires exigeants », via une sélection à l’entrée. Léa (bac +5) peut ainsi boire un verre avec Jérôme (bac +5), c’est très pratique. Dans un cas avéré de dating out, Madame sera, mettons, avocate, tandis que Monsieur officiera dans le monde du spectacle. Voilà pour la théorie.

Madame est dans la finance, monsieur est ingénieur du son

Et en pratique, le dating out, ça marche? Céline, 33 ans, et Emilie, 30, deux copines parisiennes, peuvent en parler. La première travaille dans la finance, la seconde est professeur agrégée d’espagnol. Toutes deux ont fait de longues études, elles gagnent bien leur vie. Céline est en couple avec Alexandre depuis 12 ans. Il est ingénieur du son. « Quand je l’ai rencontré, raconte-t-elle, j’étais en licence, lui passait son bac en candidat libre… Nous avons pourtant le même âge. » Elle le dit sans problème: « Ce n’est pas un intello ». Et alors? « On n’a pas la même manière d’aborder les choses, c’est vrai. Je suis une cérébrale, il a du bon sens. Le truc, c’est qu’il ne se prend pas la tête, ça m’équilibre. »

« C’était une bouffée d’oxygène »

Pour Emilie, la working girl, c’est différent. Elle a passé cinq ans avec un photographe. Ils ont rompu mais, selon elle, la différence de milieu professionnel n’a rien à voir là-dedans. Au contraire: « Etre avec un artiste, c’était une bouffée d’oxygène. Le soir, je rattrapais toute la dimension culturelle qui manquait à ma journée. Et, franchement, encore aujourd’hui, je ne me vois pas rentrer pour retrouver un avocat fiscaliste. Non, ça, c’est ma journée à moi. Et puis c’est vrai que ça évite la rivalité, déjà suffisamment présente au boulot. » Elle qui ne lâche jamais son BlackBerry confie que son amoureux ne voulait même pas entendre parler d’un smartphone. Facile de déconnecter? « Oui, j’aimais parler d’autre chose. De musique, de photo, de culture en général. Moi aussi j’ai un côté créatif, que je ne peux pas exprimer au travail. Vivre avec un artiste, c’était l’être un peu, par procuration. »

Rien à redire, alors? Céline avoue relire les mails d’Alexandre avant qu’il les envoie, mais cela l’amuse. Emilie, elle, parle du rythme de vie, qui n’est pas toujours le même. Elle rentrait tard, lui passait plus de temps à la maison. « L’avantage, ajoute-t-elle, c’est que je ne faisais pas grand-chose question tâches ménagères… Je trouvais ça normal de rentrer et de mettre les pieds sous la table! » La révolution est en marche.

Thomas Stélandre, L’Express.fr

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