Quel rouge à lèvres pour les fêtes?

© Jacky Naegelen /REUTERS

25 décembre 2009, jour 1 de l’an 2010: c’est le moment ou jamais d’afficher la couleur. Le rouge à lèvres est le must des fêtes. Ça tombe bien, il est en plein renouveau.

25 décembre 2009, jour 1 de l’an 2010: c’est le moment ou jamais d’afficher la couleur. Le rouge à lèvres est le must des fêtes. Ça tombe bien, il est en plein renouveau.

Rouge incendie, rouge coeur, rouge baiser: le rouge (à lèvres) se crie sur les toits et se rit aux éclats. C’est une victoire, un enthousiasme, une chaleur qui irradie. L’écarlate s’y fond dans le cramoisi, ressuscite dans le rubis ou le vermillon, se réinvente dans le point tout à fait rose et le presque pourpre. Rouge feu, rouge sang, rouge vif : le rouge est une passion et une déclaration. C’est la valeur motrice du monde, le vivant, l’impulsion et la joie. La beauté du diable et la fierté des femmes.

Cette saison, après plusieurs années de gloss et/ou de nude, le rouge est donc partout, comme la star absolue du maquillage, le drapeau d’une élégance revendiquée, d’une sophistication assumée. Pas un look de défilé qui ne l’affiche, pas une célébrité qui s’en abstienne, pas une ligne de make-up qui ne le mette en avant. Le tout accompagné, ou plutôt suscité, par les formidables progrès techniques récemment accomplis par plusieurs marques phare.

De la tenue et du confort!

C’est la demande n° 1 des femmes, partout dans le monde, explique Véronique Roulier, chimiste et directeur international du développement maquillage chez L’Oréal produits de luxe. Tous les labos tendent donc au même but: réunir ces deux paramètres au sein du raisin. » Simple? Pas du tout ! Voire antinomique. Les cires qui constituent la base neutre et la texture du bâton, les huiles qui lui apportent éclat plus douceur et les pigments qui le teintent sont, à l’état premier, totalement incompatibles. Agréger l’ensemble demande des cuissons, des fusions, des réfrigérations, pas mal de doigté, beaucoup d’expérimentation, une bonne dose de chimie et une infinie patience. A laquelle, sachant que presque 80% des Françaises se maquillent les lèvres, les fabricants, en quête de la meilleure combinaison possible, se soumettent sans se lasser.

Jadis, le rouge, à base d’huiles solidifiées par la cire, ne tenait guère plus d’une heure. Gabrielle Chanel, qui ne pouvait s’en passer, poudrait abondamment sa bouche entre deux couches de fard pour mieux le retenir. Dans les années 1930, le Rouge Baiser tient le haut du pavé, indélébile et permettant le bécot, assure la pub. Sa formule, secrète, contient sans doute une forte dose de pigments et quelques silices pour les fixer. Dans les années 1980 arrivent de nouveaux colorants, issus de micas, qui réfléchissent la lumière, ajoutant des reflets là où l’on n’avait que de la densité. Les années 1990 sont celles des formules « sans transfert », assez desséchantes mais tenaces. L’an 2000, enfin, voit apparaître des actifs hydratants et des agents adoucissants pour pallier ces effets indésirables sans pour autant lésiner sur les nacres et autres éléments réflecteurs de lumière. Ça rutile, ça claque, ça rayonne: triomphe du gloss.

En 2010, ce sont les gels de « polymères » qui auront la vedette. Ce mot rébarbatif (mais à retenir) désigne de grosses molécules qui, liées les unes aux autres, forment une sorte de maillage. Intégrées au rouge à lèvres, elles lui assurent cohésion et tenue, en gardant huiles et agents teintants dans sa trame. Parfait ? Sur le papier… Dans la pratique, lesdits polymères, de nature rigide, ont une fâcheuse tendance à casser et à laisser s’échapper les émollients volatiles qu’ils sont censés capturer. « Il a fallu sept ans de recherches et 21 brevets pour aboutir à la technologie mise au point pour le Rouge d’Armani », continue Véronique Roulier. L’idée? Elastifier les polymères et ainsi leur permettre de retenir, dans une formule plus ou moins pigmentée, les composants essentiels au bien-être. Résultat, une adhérence et une souplesse invraisemblables de huit heures (testées personnellement montre en main), sans que le maquillage s’estompe, vire, tire ni file; même lorsque la couleur est claire.

Chez Bourjois aussi, on cherche la pierre philosophale du fard idéal. Et la solution pour laquelle on a opté, dans cette maison aux produits très pointus, est double. Pour les rouges Sweet Kiss, un complexe gélifié qui enrobe et humidifie les pigments, ce qui permet de les intensifier. Pour la ligne So Delicate, des poudres fines et poreuses qui font office de petites éponges assoiffées de brillance. Le plus souvent, pourtant, chaque marque choisit son camp: chez Yves Saint Laurent, où le Rouge Volupté offre simultanément finesse du film et intensité des teintes, on a choisi de travailler la nature même du bâton, ce que dans le métier on appelle le « corps blanc », pour un maximum de légèreté sans rien céder sur la force de la couleur. A une base de cires très pures et presque transparentes, on a intégré des nanotitanes réflecteurs, hachés menu-menu, pour un vrai apport de lumière. L’effet est spectaculaire.

Maïté Turonnet, Lexpress.fr Styles

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