Votre parfum a-t-il un sexe?

Belges parfum unisexe
54,7% des Belges se parfument dans le cou © GETTY IMAGES
Isabelle Willot

Au moment de choisir votre parfum, êtes-vous victimes de stéréotypes de genre? Une enquête réalisée auprès de 2 000 Belges démontre que les femmes sont plus audacieuses que les hommes.

Des fleurs pour elle, du bois pour lui. Le tout emballé dans un flacon qui respecte comme il se doit les codes du genre… Ce modèle, inscrit dans notre inconscient, est bousculé depuis quelques années par l’arrivée sur le marché de nombreux parfums «gender fluid». Cette tendance nous ramène à la manière traditionnelle dont on faisait autrefois les parfums.

La maison Miglot Fragrance Lab, à Gand, a choisi d’emblée cette approche. Et une majorité des Belges semble y adhérer si l’on en croit les résultats de l’enquête que la toute jeune marque vient de réaliser auprès de 2 000 personnes. Ce chiffre comparable est à celui de la plupart des sondages d’opinion considérés comme représentatifs de la population.

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Pour Kristof Lefebre, le nez de la maison, «il s’agissait d’abord de dresser une sorte de constat objectif des habitudes des Belges en matière de parfum». Une manière aussi de confirmer ce que le jeune parfumeur, pharmacien de formation, imaginait instinctivement. En la matière, quelques surprises étaient d’ailleurs au rendez-vous.

Les Belges sont ouverts… en théorie

Première bonne nouvelle: le Belge se dit plutôt ouvert à la fluidité de genre lorsqu’il est doit choisir son parfum. Ainsi, 65% des interrogés estiment qu’un parfum n’a pas de sexe. Chacun a le droit de porter la fragrance qui lui plaît. Un constat partagé dans les trois Régions du pays avec un peu plus d’enthousiasme à Bruxelles où le chiffre monte jusqu’à 71,5%. On ne note pas non plus ici de différences notables en termes d’âge ou de sexe.

Le goût des Belges

Top des notes masculines. Sans surprise, pour 29,2% des interrogés, les notes boisées arrivent en tête. Elle sont suivies des notes aquatiques (19,8%) et enfin des accords sucrés et épicés (8,2%). Etonnamment, ce sont surtout les femmes qui plébiscitent les odeurs boisées (30,5%). Les hommes placent en seconde position les notes sucrées et épicées (15,3%) devant les effluves aquatiques.

Top des notes féminines. Les deux premiers accords se suivent de très près : 22,7% des interrogés avancent une préférence pour les fleurs contre 18,1% pour les notes sucrées et épicées. Les agrumes suivent (10,4%) talonnés par les fruits (9,3%). Le tiercé choisi par les femmes confirme le succès des notes sucrées observé dans la parfumerie “classique”. Les fleurs restent en tête (22,4%), les épices et le sucre arrivent ensuite (16,2%) et sont rattrapées par les fruits (13,2%). Une tendance encore plus marquée chez les moins de 35 ans où les notes sucrées et épicées (21%) dépassent les fleurs de peu (20%) suivies par les fruits (13%) contre 7% pour les agrumes.

Les choses toutefois se corsent un peu lorsque l’on regarde ce que les gens portent réellement. Cette fois, 56% des sondés assurent avoir misé sur le jus qu’ils trouvent le plus agréable à sentir. Ils disent ne pas se soucier de savoir s’il s’agissait d’un masculin ou d’un féminin. Seuls 52% des Flamands adhèrent à cette idée contre 62% de francophones. Même constat pour 60% des femmes contre 52% d’hommes. 60% des moins de 34 ans se disent libres de leur choix contre 54% des plus de 55 ans.

La forme du flacon joue un rôle crucial

Cependant, s le choix s’est donc en principe fait sur la base du goût, la pratique révèle que nous ne sommes pas tous prêts à explorer de nouveaux territoires olfactifs. Ainsi, seuls 5% des hommes qui portent du parfum admettent avoir craqué pour un jus féminin.

Et 9% d’entre eux indiquent utiliser un parfum non genré. Les femmes en revanche sont deux fois plus nombreuses (11%) à se parfumer avec un masculin. Un chiffre similaire s’applique chez elles aux fragrances sans étiquettes de genre.

Les notes boisées sont identifiées aux parfums masculins

La forme du flacon est également loin d’être anodine: 41% des hommes refuseraient de voir dans leur salle de bains un contenant au design «visiblement» féminin. Seulement 23% des femmes déclasseraient un parfum à l’allure trop virile.

Pourtant, lorsqu’on les interroge sur la perception qu’ils ont de la qualité d’une fragrance, plus d’un homme sur trois (36%) trouvent les sillages féminins plus réussis que ceux qui leur sont en principe destinés. Seul un peu moins d’un tiers des femmes (27%) partagent le point de vue inverse.

Les notes fleuries restent identifiées aux parfums féminins

Ces résultats n’ont finalement pas trop étonné Kristof Lefebre. «Lorsque les clients poussent la porte de notre boutique, leur premier réflexe est encore de demander quels sont nos parfums féminins ou masculins, constate-t-il. Cela ne changera pas ma manière de formuler car pour moi un sillage est par essence non genré. Tout ce que cela révèle, c’est que tout est affaire d’éducation et de communication.»

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