La viande de cheval, nouveau dada des gastronomes

© Reuters

Rebond inattendu de l’affaire des lasagnes au cheval, la viande équine suscite un regain d’intérêt chez les adeptes et en amène de nouveaux vers les vendeurs spécialisés de plusieurs pays en Europe.

« C’est comme un légume oublié: les gens ont l’air de la redécouvrir », constate en France Eric Vigoureux, président de la Fédération nationale des boucheries chevalines, dont le stand sur le marché de Bordeaux (sud-ouest) connaît, assure-t-il, un véritable « engouement ».

M. Vigoureux estime à 700 environ le nombre de boucheries chevalines chez nos voisins français – moitié moins en 10 ans selon lui – contre « des milliers » de boucheries conventionnelles. Pourtant, rappelle-t-il, « la viande de cheval appartient au patrimoine culinaire » avec la première boucherie chevaline ouverte en 1866 à Paris.

Ce regain d’affection, ou de curiosité tout au moins, touche aussi un pays comme les Pays-Bas, où la boucherie de Henk Wisker, créée en 1934 à Haarlem (Ouest), a vu ses ventes bondir de plus de 20%: « Les gens entendent parler de la viande de cheval, ils sont curieux », explique Peter Wisker qui voit de nouveaux clients défiler à son étal, venus parfois d’autres villes du pays.

Les visites sur son site internet ont également augmenté, de 15 à 20 visiteurs à 150 par jour, précise-t-il.

En Angleterre, l’autre pays du scandale où l’affaire a éclaté dès la mi-janvier avec des hamburgers au cheval, avant de s’étendre aux lasagnes Findus surgelées la semaine dernière puis aux kebabs, la curiosité pointe également alors que les boucheries du Royaume-Uni ne vendent pas de viande de cheval.

Du coup, c’est une société, basée en Ecosse, de vente des viandes exotiques (du cheval mais aussi du kangourou, de l’autruche et du lama) sur internet, qui voit ses ventes d’équidés flamber.

« Depuis janvier, elles ont plus ou moins doublé », affirme Julia Toomey de Kezie Foods. Les clients « ont envie de goûter quelque chose de différent, du cheval ou d’autres viandes exotiques ».

Simultanément, les bouchers de quartier voient revenir à eux des acheteurs rendus méfiants envers la grande distribution: selon Brindon Addy, président du syndicat Q Guild (120 boucheries en Angleterre), l’affluence a pu augmenter « de 20 à 30% ces dernières semaines ». Pour des « achats de qualité » précise-t-il, « des steaks ou des entrecôtes, pour goûter ».

Pourtant, les professionnels déplorent plutôt cette publicité intempestive. « On n’a jamais voulu forcer personne à manger du cheval », proteste Eric Vigoureux.

A Valenciennes (nord de la France), région de consommation traditionnelle, Pierrick Dremière, 36 ans et 4e génération de boucher chevalin, condamne le côté « tromperie » de l’affaire. Tout en pensant qu’elle renforce le crédit des artisans.

« Quand vous venez chez nous, vous savez ce que vous achetez. Les clients reconnaissent notre savoir-faire ». Et parler autant du cheval dans les médias, « ça permet aux gens de se rappeler qu’on peut en manger. Que c’est une très bonne viande, saine et peu chère. »

Weekend.be avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content