Le bio, une agriculture complice de la nature et du côté de la solution, face à la crise écologique

« La bio ça marche et c’est l’avenir! »: la communauté internationale de l’agriculture bio se réunit en congrès cette semaine en France pour échanger expériences et solutions, convaincue de son rôle à jouer pour mieux nourrir la planète sans la dégrader.

Quelque 2.000 personnes, d’une cinquantaine de pays, se sont inscrites pour participer à cette 20e édition du Congrès mondial de la bio qui se tient à Rennes (Bretagne) de lundi à vendredi, en présentiel et en distanciel. C’est la première fois que la France accueille cette manifestation organisée par l’Ifoam, la fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique.

« Nous ne nous étions pas réunis depuis 2017, date du dernier congrès en Inde. Il était temps de nous retrouver! » déclare à l’AFP l’Américaine Peggy Miars, présidente de l’Ifoam.

L’édition 2020 de ce congrès triennal avait dû être annulée en raison du Covid-19.

« La pandémie a suscité un regain d’intérêt pour les aliments bio, les gens faisant le lien entre ce qu’ils mangent et leur santé »

Peggy Miars, présidente de l’Ifoam

Et « le changement climatique nous affecte tous: sécheresses, incendies, inondations et autres catastrophes ». Or, assure-t-elle, l’agriculture biologique « contribue à la réalisation des objectifs de développement durable » fixés par l’ONU pour 2030. « C’est donc maintenant que nous devons nous assurer que nos messages sur les avantages de la bio sont entendus! »

« Complicité »

L’agriculture biologique repose sur la non-utilisation de produits chimiques de synthèse, le recyclage des matières organiques, la rotation des cultures et la lutte biologique. L’élevage est extensif.

Pour Nicolas Hulot, ancien ministre français de la Transition écologique et parrain du congrès, l’agriculture biologique « ne se fait pas sur le dos de la nature mais en complicité » avec elle. C’est « une agriculture qui se place du côté de la solution dans la crise écologique« , pour « préserver » voire « reconstituer le capital de biodiversité » et « essayer de contenir les effets du changement climatique », dit-il dans une vidéo.

Par hectare, les émissions de gaz à effet de serre sont plus faibles en bio qu’en conventionnel, fait valoir Eric Gall, directeur adjoint d’Ifoam Europe. Il reconnaît cependant que les rendements en bio étant inférieurs, « cela réduit l’avantage »: « par kilo, on se retrouve plus ou moins au même niveau d’émission que l’agriculture industrielle ».

En revanche il y a davantage de séquestration du carbone dans les sols cultivés en bio qu’en agriculture conventionnelle, note-t-il. Et l’agriculture bio présente « des bénéfices clairs et prouvés » pour l’adaptation au changement climatique car les systèmes bio « sont plus complexes et plus diversifiés ».

Freins

L’agriculture bio a le vent en poupe mais elle ne représentait encore que 1,5% des terres agricoles dans le monde en 2019, selon l’Institut de recherche de l’agriculture biologique Fibl.

Elle s’étendait sur 72,3 millions d’hectares, en progression de 1,6% sur un an. La moitié des superficies en bio se trouvent en Australie (35,6 millions d’hectares). Dans 16 pays, elle représente plus de 10% des surfaces agricoles.

La bio comptait 3,1 millions de producteurs, 13% de plus qu’en 2018.

Quant au marché du bio, il pèse plus de 106 milliards d’euros, les Etats-Unis étant le premier pays consommateur suivi de l’Allemagne et de la France.

« Nous sommes arrivés à un tournant », estime Michel Reynaud, vice-président de l’organisme français de certification Ecocert et co-organisateur du Congrès. La commission européenne a présenté en mars un plan pour parvenir à 25% de surface agricole en bio en 2030 dans l’UE.

Pour « amener les agriculteurs traditionnels à passer en bio », il faudrait notamment qu’ils reçoivent « des aides pour services rendus » (meilleure captation du carbone dans le sol, etc.), estime-t-il.

La bio est aussi confrontée à des défis techniques, par exemple pour « faire face aux maladies et ravageurs émergents, déjà compliqués à résoudre en mode de production conventionnel », relève Stéphane Bellon, spécialiste de la bio à l’Institut de recherche Inrae. D’où « l’importance de l’innovation » pour trouver des solutions.

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