Le take-away va-t-il supplanter les restaurants?

Le take away restera-t-il la norme après la crise du covid ?
Kathleen Wuyard
Kathleen Wuyard Journaliste

Forcés de s’adapter, nombreux sont les chefs a miser désormais sur les menus à emporter pour faire vivre leur établissement. Au point de se réorienter définitivement? Pas sûr !

Marginale lors du premier confinement, la pratique du take-away s’est généralisée en cette période reconfinée, et englobe désormais aussi bien la pizzeria du coin que de nombreux établissements étoilés. Jusqu’à laisser supposer que le futur de la gastronomie se mitonnera à emporter ? Pour Amélie Vincent, à la tête de l’agence de communication pour chefs Foodalist Studio, c’est un  » non  » catégorique.  » C’est plutôt une forme de résignation, un modèle réducteur par rapport au talent et à la créativité des chefs. Cela ne laisse aucune place à la dimension immersive qui invite les clients à la rencontre du cuisinier.  »

D’autant qu’ainsi que le souligne le chef bruxellois Kevin Lejeune (La Canne en Ville),  » c’est très compliqué d’offrir du take-away gastronomique, parce qu’il y a beaucoup d’éléments des préparations qui sont terminés à la dernière minute, juste avant que le client ne les déguste « . D’ailleurs, alors qu’il avait maintenu la formule à emporter en parallèle de la réouverture du restaurant cet été, il a finalement arrêté de la proposer faute de demandes.  » C’est plus agréable d’aller manger quelque chose au restaurant plutôt que de réchauffer une préparation dans une barquette  » sourit-il. Puis, comme le rappelle Werner Loens, directeur de la Sélection des guides Michelin Benelux,  » un restaurateur n’est pas un traiteur. Ils ont dû s’adapter pour survivre, et peut-être qu’ils vont continuer la vente à emporter d’une manière ou d’une autre vu le succès rencontré, mais un restaurateur est appelé à recevoir des gens « .

Et tant pis, si selon les mesures sanitaires, les restaurants ne sont pas essentiels, le responsable chez Michelin, lui, n’en démord pas.  » C’est impossible d’être d’accord avec ça. Je comprends les mesures sanitaires, qui sont tout à fait nécessaires, mais quand on parle de restaurants gastronomiques, on est face à un personnel ultraqualifié, qui comprend qu’il faut respecter les règles. Je trouve que les gastronomiques qui ont une superficie suffisante pour permettre la distanciation devraient pouvoir rester ouverts, parce qu’y aller permet d’échapper à la dépression ambiante.  » Une certaine idée de la comfort food.

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