Les dernières bouteilles du « Maître du Pinot noir » vendues à près de 30 millions d’euros

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Elles étaient au nombre de 1.064. Les ultimes bouteilles et magnums du « Maître du Pinot noir » Henri Jayer ont toutes été vendues dimanche à Genève par les filles du vigneron bourguignon, décédé en 2006 à 84 ans, pour près de 30 millions d’euros, un montant pulvérisant les attentes.

Cette vente historique, qui a duré six heures et demi et s’est déroulée dans le domaine de Châteauvieux sur les hauteurs de Genève, « s’est conclue sur un chiffre d’affaires de 34,5 millions de francs suisses (29,8 millions d’euros) », a déclaré la maison d’enchères genevoise Baghera Wines qui la présente comme un montant record pour une vente unique.

L’ensemble des flacons mis en vente étaient estimés par les experts entre 6,7 et 13 millions CHF (entre 5,7 et 11,2 millions d’euros). « Douze ans après son décès, les vins signés par le célèbre artisan-­vigneron bourguignon restent incontestablement les vins les plus chers au monde », a relevé Baghera Wines.

Une centaine d’enchérisseurs provenant du monde entier ont cherché à s’emparer, que ce soit sur place, au téléphone et sur internet, des ultimes flacons du « Roi du Bourgogne ». Tous les lots ont été vendus et ont été « très très disputés », a assuré à l’AFP une porte-parole de la maison d’enchères, Emilie Drouin.

Les 855 bouteilles et 209 magnums réunis dans cette vente inédite constituaient la totalité des flacons que Henri Jayer avait patiemment accumulés tout au long de sa vie, dans la cave de son domaine à Vosne-Romanée. Trois lots ont déchaîné les passions, selon Baghera Wines, une jeune maison de vente créée en 2015.

Le lot 160, le plus cher – une série de quinze magnums de Cros-Parantoux, Vosne-Romanée Premier Cru, allant de 1978 à 2001 – a pulvérisé les estimations, le lot ayant trouvé preneur à plus de 1,16 million CHF (plus d’un million d’euros) alors qu’il était estimé entre 280.000 et 480.000 CHF (entre 237.000 et 406.000 euros)

Le lot 135 – six magnums de Cros-Parantoux, Vosne-Romanée Premier Cru de 1999 – a également fait monter les enchères. Estimé entre 110.000 et 220.000 CHF (entre 93.230 et 186.450 euros), il a finalement été vendu à 528.000 CHF (457.285 euros).

Enfin, un autre lot remarquable, le 212, une bouteille Richebourg 1986, est parti pour 50.400 CHF, alors qu’il était estimé entre 8.000 et 16.000 CHF (entre 6.780 et 13.560 euros).

Pour préparer la vente, les experts de Baghera Wines ont eu un accès exclusif aux sous-sols de M. Jayer, là où tous les vins étaient encore stockés comme il les avait laissés au moment de son décès en 2006.

Parmi ces ultimes flacons, des millésimes de 1970 à 2001 dont plusieurs lots du Cros-Parantoux, ce Vosne-Romanée Premier Cru qui compte parmi les vins les plus chers du monde.

Le Cros-Parantoux, c’est le nom de cette parcelle qu’Henri Jayer, vigneron méticuleux et attentif, avait entièrement façonnée, transformant cette terre à topinambours en vigne créatrice.

« Un passionné »

Avec cette vente, c’est « la dernière page du Domaine Henri Jayer » qui se tourne, avaient expliqué dans un mail à l’AFP, Lydie et Dominique, les filles du viticulteur, qui ont assisté à la vente, synonyme de dispersion de leur héritage. « Ces bouteilles et magnums de sa réserve personnelle étaient un peu comme son laboratoire… une manière de voir vieillir ses crus au fil des ans », avaient raconté ses filles, trouvant « naturel – n’étant pas en capacité de boire toutes ces bouteilles – de les proposer à la vente ».

Une sélection d’objets ayant appartenu à Henri Jayer étaient également proposés durant cette journée d’enchères dédiée au « Roi du Bourgogne ».

Comme le veut la tradition bourguignonne, Henri Jayer conservait ses vins « sur pile », à savoir embouteillés et empilés dans sa cave, sans étiquettes ni capsules.

En vue de la vente, des étiquettes et des capsules neuves ont donc été apposées sur l’ensemble des bouteilles et magnums par les filles d’Henri Jayer avant le transport des flacons vers Genève. « Notre père était passionné par son métier, qu’il vivait intensément », ont assuré ses filles, qui souhaitent que les bouteilles vendues aillent « rejoindre la cave d’amateurs qui sauront ouvrir et boire ces vins ».

Selon Baghera Wines, les conditions de conservation des bouteilles sont telles que les vins pourront encore être conservés de nombreuses années avant d’être dégustés… pour ceux qui sauront être assez patients.

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