Pro et anti-viande s’affrontent en librairie

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Quelques mois après le succès critique de Faut-il manger les animaux?, défilent les ouvrages de végétariens ou carnivores.

Quelques mois après le succès critique de Faut-il manger les animaux?, défilent les ouvrages de végétariens ou carnivores.
Après le best-seller choc de l’Américain Jonathan Safran Foer Faut-il manger les animaux?, deux essais aux thèses opposées, à paraître en avril chez Fayard, viennent nourrir le débat saignant entre carnivores et végétariens. Volontiers provocatrice, et née en Argentine, pays qui voue un culte aux asados (grillades), la juriste spécialisée en bioéthique Marcela Iacub explique dans Confessions d’une mangeuse de viande comment elle est devenue végétarienne.

« Je n’aurais jamais imaginé délaisser les plaisirs de la chair, et j’étais une carnivore féroce », confesse-t-elle, avec un humour distancié et un style au scalpel à la Amélie Nothomb. Mais « il y a quelques mois, un événement tragique a complètement transformé l’idée que je me faisais de mon passé », écrit cette directrice de recherche au CNRS. « Depuis, je sais que la seule chose digne d’intérêt qui me soit arrivée, c’est le fait d’avoir mangé de la viande ». En fait, deux épisodes ont bouleversé la juriste.

« Manger de la viande m’est devenu insoutenable »
Tout d’abord, une étrange affaire judiciaire dans laquelle un homme avait été condamné pour avoir commis des pénétrations sexuelles sur son poney, puis la découverte d’un court texte de Plutarque Manger la chair, dans lequel le philosophe grec interroge la morale sur les raisons qui poussent l’humain à tuer et à manger des animaux. L’écrivain conclut ainsi l’histoire du poney: « Dans notre droit, on peut jouir d’un animal mort (en le mangeant), mais on ne peut pas jouir de sa vie… » Cette règle « me remplit de stupeur ». Mais, écrit-elle plus loin, dès lors, manger de la viande « m’est devenu insoutenable ».

Prenant à rebrousse-poil les végétariens intégristes, Dominique Lestel, lui, veut dans un essai mordant, Apologie du carnivore, déculpabiliser les carnassiers et montrer aux « plantophages » qu’ils agissent en ségrégationnistes en voulant séparer strictement l’homme et l’animal. Et ce n’est pas parce que les mangeurs de viande défendent mal leur bifteck qu’il faut les négliger, relève l’auteur, qui construit depuis quinze ans une anthropologie philosophique écologique et pense l’homme au milieu de autres êtres vivants et non contre eux.

Des végétariens « politiques »
« Le carnivore est en fait plus proche de l’animal qu’aucun végétarien ne le sera jamais », explique le philosophe. Pourquoi? Parce qu’en mangeant de la viande, l’homme assume sa propre nature animale, quand le végétarien, lui, manifeste le désir de supprimer l’animalité et de réactiver le statut d’exception accordé à l’humain. Il n’en reconnaît pas moins une urgence éthique: non pas l’abolition de la consommation de viande, mais celle des élevages industriels intensifs, véritable ignominie des pays riches. Et, pourquoi, conclut-il en guise de réconciliation, ne pas devenir des végétariens « politiques », qui seraient occasionnellement et rituellement carnivores?

Avec Faut-il manger les animaux?, Jonathan Safran Foer faisait aussi réfléchir le lecteur sur la définition de l’animal et notre rapport à celui-ci, avec un mélange de souvenirs, considérations philo-zoologiques, études agroalimentaires, reportages et interviews. Sandrine Delorme avait elle publié en février Le cri de la carotte (Les points sur les i), où elle expliquait être devenue végétarienne militante en comprenant « ce qui se cachait de l’autre côté de son assiette ».

Confessions d’une mangeuse de viande -Marcela Iacub -Fayard -150 p. -14 euros Apologie du carnivore -Dominique Lestel -Fayard -140 p. -12 euros

Par LEXPRESS.fr avec AFP

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