Ce qui se cache derrière le canapé Flap et ses 128 pièces d’acier et 184 en polyyréthane
Derrière chaque meuble iconique se cache une saga créative.
Nom : Flap, édité par Edra
Designer : Francesco Binfaré (1939, Milan)
Première édition : 2000
Il a travaillé dans les coulisses de Cassina, dirigé son propre studio et participé au mouvement de design radical en Italie. Mais Francesco Binfaré aura dû attendre de passer la cinquantaine pour qu’Edra édite l’un de ses projets. Outre sa maturité tardive, l’intéressé est un personnage fantasque. En guise de sources d’inspiration, il cite sans ciller les anges, les démons, les ours polaires ou encore… une averse de pluie noire. Ce n’est pas pour rien que la presse italienne l’a baptisé «l’homme qui rêve les canapés».
«C’était à la fin du mois de septembre 1999, raconte-t-il à l’évocation du Flap. J’ai rêvé que j’observais un désert magnifique. Soudain, une pluie noire s’est abattue sur les lieux. Les vallées se sont remplies, le niveau de l’eau a continué à monter jusqu’à ce que toute la zone soit inondée. Seule une parcelle de terre s’élevait au-dessus de la masse noire et goudronneuse. Je me sentais comme un dieu impuissant et je me suis réveillé dans un état de stupeur. J’ai préparé une tasse de thé, pris des ciseaux et du papier et découpé la forme que j’avais vue dans mon songe. Celle-ci symbolisait la dernière liberté.»
Une polyvalence révolutionnaire
Les huit panneaux du Flap peuvent se dresser ou s’abaisser individuellement, ce qui permet aux utilisateurs d’ajuster leur position assise. Cette polyvalence est révolutionnaire lors du lancement du canapé en 2000. Le designer transforme par-là l’archétype du sofa statique en un objet dynamique. «C’était une année pleine d’espoir. La chute du mur de Berlin, dix ans plus tôt, avait déclenché un élan collectif vers la liberté, avance-t-il. Avec le tournant du siècle, nous allions entrer dans le futur. Flap avait quelque chose d’un engin futuriste pouvant s’envoler comme un ange.»
Dans un documentaire, le concepteur de 85 ans confiait encore à ce sujet que «le moment où vous créez une chose qui n’existe pas encore a une certaine charge érotique. A la fin du processus, on a l’impression de mourir. Car on laisse une partie de son âme dans quelque chose qu’on lâche pour de bon.»
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