Dans cette maison anversoise, le plafond a des allures de piscine
Cette maison anversoise a été rénovée entièrement par ses habitants. Parmi les éléments marquants, la collection de meubles qu’ils ont fabriqués eux-mêmes et un plafond ressemblant comme deux gouttes d’eau… à la surface d’une piscine azur.
« Nous aimons beaucoup le vernis brillant », concède Vincent lorsque nous pénétrons dans le salon au premier étage et découvrons le plafond effet « eau ». C’est lui aussi qui a habillé de peinture laquée la salle de bains du Bed & Breakfast au rez-de-chaussée, ainsi que le plafond du hall d’entrée, dans lequel il a incorporé une couche de feuilles d’or 22 carats.
Notre hôte est un artisan en voie de disparition. Pendant vingt-cinq ans, il a déployé toutes sortes de techniques décoratives dans des projets prestigieux en Belgique et à l’étranger. Mandaté par des architectes d’intérieur et des décorateurs, il a officié dans des châteaux et des maisons de maître à l’aide de vernis à l’huile, de peintures à la chaux, d’enduits de stuc et autres techniques de vieillissement.
Outre des résidences dans le chic Sussex et des maisons de campagne en Italie et à Las Vegas, il a rénové un manoir londonien une année durant.
Rien d’étonnant dès lors à ce qu’il ait aussi voulu mettre ce savoir-faire en application chez lui. Mais il ne l’a pas fait seul. Dès le départ, sa femme, Iris, l’a épaulé à grand renfort de conseils couleurs et design. Elle tenait les rênes de leur magasin anversois de papiers peints et de textiles Un Homme et Une Femme, qui a depuis fermé ses portes ; ensemble, ils forment désormais le Studio Penelope. Presque tous les meubles de leur intérieur – à l’exception des lampes, des fauteuils et des chaises – ont été pensés et fabriqués par eux-mêmes.
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UN B&B DANS LE GARAGE
Lorsqu’ils ont visité, il y a dix ans, cette maison unifamiliale de 1952 pour la première fois, ils ont tous deux aperçu un arc-en-ciel au bout de la rue. « Mais comme nous trouvions cela ringard, nous l’avons caché l’un à l’autre pendant plusieurs jours », s’amuse Iris.
La demeure est restée étonnamment longtemps sur le marché, bien qu’elle se trouve dans le quartier convoité du Pulhof, à Anvers. « Pour nous, la cage d’escalier est majestueuse, mais pour l’agent immobilier à l’époque, elle représentait surtout beaucoup d’espace perdu. Par la suite, nous avons appris que, dans le quartier, la maison était considérée comme laide. Une façade moderniste et un intérieur Art déco? D’autres visiteurs n’en ont pas vu le potentiel. Heureusement, nous étions l’exception qui confirme la règle. »
La structure de la maison n’a pas eu besoin d’être modifiée. Seul le mur séparant la cuisine fermée Cubex de la salle à manger a été démoli. Les fenêtres ont été remplacées par des modèles ‘steel look’ et agrandies là où c’était possible, l’électricité a été mise en conformité et les chauffages en fonte ont été substitués par des exemplaires vintage remis en état.
« Nous aurions vraiment aimé récupérer la cuisine, ainsi que la salle de bains originale vert menthe. Mais cela n’a finalement pas fonctionné, regrette Vincent. Nous avons seulement pu conserver l’évier, auquel nous avons donné une place de choix près du vestiaire. »
C’est surtout le garage qui a subi une transformation majeure. Les propriétaires y ont installé un B&B qu’ils ont ouvert pendant la pandémie. Et il a immédiatement connu un succès fou. Via Instagram, des images ont été reprises par le magazine Elle Decoration UK, par le journal italien Corriere della Sera et par toute une série d’influenceurs.
« Comme je ne trouvais pas les meubles que je voulais dans la gamme de prix que nous pouvions nous permettre, nous avons pris les devants et les avons conçus nous-mêmes. Nous avons ensuite fait fabriquer par un ébéniste ceux que nous ne pouvions pas réaliser nous-mêmes. Notre style et les couleurs que nous avions choisies ont fait mouche. Nous avons commencé à personnaliser et à vendre notre mobilier. L’enthousiasme avec lequel il a été accueilli nous a donné la confiance de croire que nous avions une signature avec du potentiel. »
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UN CONCEPT GLOBAL
Le Studio Penelope s’est tellement développé au cours de l’année écoulée que le couple avait deux options: convertir le B&B en atelier ou mettre toute la propriété en vente et repartir de zéro ailleurs. Ils ont opté pour le second scénario. « C’était un énorme pari. Mais finalement, nous avons pu profiter de la valeur ajoutée que nous avons créée ici. A l’exception de quelques pièces, les nouveaux propriétaires ont repris l’ensemble du contenu. Autrement dit, ils n’ont pas seulement acheté une belle maison, mais un concept global. »
« A l’exception de quelques pièces, les nouveaux propriétaires ont repris l’ensemble du contenu. Autrement dit, ils n’ont pas seulement acheté une belle maison, mais un concept global. »
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Les quelques cartons de déménagement – contenant des œuvres d’art de Frieke Janssens, Yann Guitton et Bruno Vekemans, entre autres – seront bientôt déposés dans leur nouvel appartement Art déco de la Frankrijklei anversoise. « Nous le meublerons à notre rythme et nous verrons ensuite ce que nous ferons: vendre à nouveau et déménager ou rester là », affirment-ils. Ils ont par ailleurs réussi à économiser suffisamment d’argent afin d’aménager un appartement témoin, décoré et meublé par Studio Penelope, une sorte de projet clé sur porte. Et la collection de meubles continue de s’agrandir.
Mais tout cela arrive au bon moment. « La vente nous permet de sortir de la routine, conclut Vincent. J’ai toujours rêvé de peindre et de créer en tant qu’artiste. Maintenant, c’est possible. Je me donne un an pour trouver cette voie. » Il semblerait que l’arc-en-ciel au bout de la rue ait été le signe prémonitoire d’un grand bonheur.
Vincent Perbal (52 ans) et Iris Smarnakis (49 ans) de Studio Penelope
Il est spécialisé dans la peinture décorative, elle a le flair pour les couleurs, la déco et le stylisme.
De 2004 à 2011, ils ont tenu le magasin d’intérieur Un Homme et Une Femme à Anvers. De quoi décrocher plusieurs contrats de décoration commerciale.
A la fermeture de la boutique, ils sont restés actifs dans leur secteur, Vincent notamment chez Old school, une entreprise spécialisée dans les techniques de peinture anciennes qu’il a fondée en 1995.
Aujourd’hui, leur Studio Penelope crée des meubles sur mesure. Ils ne font plus d’aménagements pour des tiers, mais développent de nombreuses autres idées créatives, dont un concept immobilier et des évènements en boutiques.
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