Visite d’une boulangerie délabrée, devenue maison d’architecte avec toit-terrasse à Bruxelles

Le salon et la terrasse se rejoignent au premier étage. Cela permet aux habitants de profiter d’une plus grande ouverture et de l’environnement verdoyant du parc. © Tim Van de Velde

L’architecte, Bruno Vanbesien a immédiatement décelé le potentiel de cette boulangerie délabrée donnant sur un parc bruxellois. Le toit de son bureau accueille une incroyable terrasse verdoyante.

Dans sa pratique, l’architecte Bruno Vanbesien met un point d’honneur à refuser les projets de constructions rurales et se tourne résolument vers la rénovation d’immeubles urbains. «Beaucoup de familles en quête de plus d’espace et de verdure ont tendance à opter pour la campagne. Or, c’est l’emplacement d’une habitation qui en détermine la durabilité. C’est pourquoi avec ce projet, j’ai voulu montrer qu’il est tout à fait possible d’avoir une maison créative, écologique et même luxueuse en plein centre-ville. Mais c’est aussi parce j’aime me rendre à vélo sur mes chantiers», plaisante-t-il.

La répétition des plaques de cuivre a servi de base à la conception de la maison. © Tim Van de Velde

Lorsque le concepteur a visité cette maison décatie et son ancienne boulangerie adjacente, il en a vu immédiatement le potentiel. Malgré la réticence d’un ami agent immobilier, il a donc persisté. «Nous avons pratiqué deux ouvertures dans la structure originale pour y intégrer des patios ; l’un au bout du bureau et l’autre au niveau de la cuisine. Résultat: la partie centrale de l’habitation est baignée de lumière, ce qui apporte de jolis rayonnements dans toute l’habitation, décrit-il. Ainsi, depuis la salle à manger, on peut voir ce qui se passe dans le bureau et le patio le plus éloigné et, grâce à la percée dans le mur extérieur, on a une vue sur le parc.»

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Un vaste toit-terrasse

Une terrasse a été réalisée au premier étage sur presque toute la surface de la plate-forme de l’annexe. Il en résulte un vaste espace extérieur qui offre une vue magnifique sur les environs. «Comme notre jardin surplombe tous les autres, nous pouvons profiter pleinement du parc qui se trouve derrière, alors que dans la plupart des maisons en ville, les jardins sont coincés entre quatre murs.

Le salon et la terrasse se rejoignent au premier étage. Cela permet aux habitants de profiter d’une plus grande ouverture et de l’environnement verdoyant du parc. © Tim Van de Velde

Pour garantir l’intimité de nos voisins, nous avons dû respecter une distance de 1,9 mètre le long de tous les murs de séparation. Pour ce faire, nous avons opté pour de larges parterres de fleurs encaissés, explique l’architecte. Ce qui est agréable avec cette terrasse, c’est qu’on peut choisir de s’installer au soleil ou à l’ombre, plus près de la maison.»

Le patio apporte beaucoup de lumière à la cuisine, qui est le cœur de la maison.
Le patio apporte beaucoup de lumière à la cuisine, qui est le cœur de la maison. © Tim Van de Velde

Le carrelage en terrazzo gris clair de cet espace extérieur se prolonge dans le living. La baie vitrée renforce le contact avec la nature et, en combinaison avec les fenêtres de la façade, elle baigne l’endroit de lumière. Les châssis avant sont eux dotés de brise-soleil externes qui garantissent l’intimité des habitants et offrent des jeux de lumière intéressants, sans cesse changeants.

«Si le living semble aussi vaste, c’est grâce à son ouverture et à la hauteur sous plafond qui atteint 3,50 mètres. Le plafond du rez-de-chaussée, plus fonctionnel, a été abaissé à 2,35 mètres. Comme la cuisine, située en contrebas, jouxte le patio, elle bénéficie elle aussi d’une abondante luminosité et donne une sensation d’espace», précise le maître des lieux.

L’escalier métallique extrafin a été installé sur place.
L’escalier métallique extrafin a été installé sur place. © Tim Van de Velde

Aux deux étages supérieurs, la hauteur initiale a été maintenue, et le plafond composé de poutres a été mis à nu. Les chambres à coucher, la salle de bains et la buanderie se trouvent au deuxième étage. Une chambre d’amis a été construite sous les combles. «En repensant les plans initiaux de la maison, j’ai voulu donner du sens à chacun des quatre étages», confie l’architecte.

Le rythme est également présent dans la salle de bains du deuxième étage. L’architecte a conçu la baignoire sur place.
Le rythme est également présent dans la salle de bains du deuxième étage. L’architecte a conçu la baignoire sur place. © Tim Van de Velde

Dans les moindres détails

L’avant de cette maison de rangée située près de la gare de Jette est lui aussi exceptionnel. Sa façade recouverte de cuivre attire inévitablement les regards. Pourtant, à l’origine, ce n’était pas un choix esthétique, mais technique. «L’idée était d’isoler notre maison de manière optimale tout en veillant à ce que la façade soit la plus mince possible. Le cuivre, qui a une épaisseur de seulement 0,7 centimètre, était le matériau parfait. De plus, il a servi de bardage pour notre garage et notre toiture. Avec le temps, il prendra une jolie coloration verte. C’est un matériau qui ne demande aucun entretien et qui a une durée de vie d’au moins deux cents ans. On peut donc dire que c’est un choix durable», ajoute Bruno Vanbesien.

Les brise-soleil externes garantissent l’intimité des habitants et offrent des jeux de lumière intéressants. Le rythme visuel se reflète dans l’armoire, qui dissimule les installations techniques.
Les brise-soleil externes garantissent l’intimité des habitants et offrent des jeux de lumière intéressants. Le rythme visuel se reflète dans l’armoire, qui dissimule les installations techniques. © Tim Van de Velde

Les bandes en cuivre ont donné l’idée à l’architecte de diviser les fenêtres arrière en portions de même largeur. L’intérieur du logis regorge lui aussi de détails astucieux. Dans le living, la hauteur de la longue armoire murale qui dissimule les éléments techniques correspond à celle de la table et de la fenêtre de la façade avant. L’escalier métallique extrafin se compose de deux formes en U qui offrent un élément architectural intéressant. Il en va de même pour les dalles du sol en béton: comme l’épaisseur des planches du coffrage n’était que de 5 centimètres, on voit que leurs coins ont été sciés en onglet pour un résultat parfait. «Les brise-soleil en aluminium brun foncé et la porte d’entrée en verre dépoli à l’acier se fondent dans la façade. Par ailleurs, la couleur et la texture de la façade en cuivre se retrouvent dans des matériaux comme le frêne, l’acier brut et les détails couleur champagne», se félicite Bruno Vanbesien.

Les bureaux sont situés à l’arrière de la parcelle et bénéficient de la lumière du jour grâce aux deux patios.
Les bureaux sont situés à l’arrière de la parcelle et bénéficient de la lumière du jour grâce aux deux patios. © Tim Van de Velde

«Les travaux ont duré six ans, notamment à cause de la pandémie, mais cela m’a permis de réfléchir à chaque détail. De plus, j’ai régulièrement mis la main à la pâte, de manière à analyser les choses en permanence avec les corps de métier», explique-t-il. L’espace, les ouvertures et les détails pertinents confèrent équilibre et caractère à cette maison basse énergie. «Grâce à l’ouverture et à l’abondante luminosité, ici, nous vivons au rythme de la nature et des saisons, et ce, en plein centre-ville.»

En bref Bruno Vanbesien (47 ans)

Il a étudié à la WENK (Hogeschool voor Wetenschap en Kunst) à Bruxelles.

Il a travaillé chez Pascal François Architectes et a fondé son propre bureau à Bruxelles en 2005.

Il est membre de jury externe dans plusieurs instituts d’architecture.

Il a été collaborateur de la plate-forme en ligne suisse World-Architects et président de l’association d’architecture Archipel.

brunovanbesien.be

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