À Anvers, visite d’un loft baigné de lumière au projet d’extension réussi

Quelques années après avoir eu un coup de cœur pour ce loft situé dans une ancienne usine de taille de diamants, le couple de propriétaires a fondé une famille… et adapté le logement. Un coup de pouce du destin s’est occupé du reste afin de pouvoir voir les choses en grand.
C’était comme écrit d’avance. Après avoir vu une autre maison leur échapper, Sofie et Jonathan tombent, en 2003, sur une occasion unique à quelques rues de là. Le jeune bureau B-architecten — aujourd’hui une figure de proue de l’architecture belge — vient tout juste d’y terminer un projet: la transformation d’une ancienne taillerie de diamants en un espace de bureaux pour leur propre usage, assorti de douze lofts. Le couple parvient à acquérir le tout dernier disponible.
©La localisation, à deux pas de la gare d’Anvers-Central, est déjà un atout. Mais l’histoire riche du bâtiment leur réserve encore d’agréables surprises. Pas moins de seize fenêtres latérales et une façade arrière entièrement vitrée inondent l’espace de lumière. En retour, elles offrent un panorama époustouflant sur la ville. Autre avantage: livré casco, le loft peut être entièrement aménagé selon leurs désirs. Seuls le sol en béton et les radiateurs ont été installés. Une oasis de lumière, en plein centre-ville et semblant littéralement posée sur la métropole. Un diamant brut comme celui-là, on n’en trouve plus souvent aujourd’hui.
Merci les voisins
«On avait l’impression de pouvoir aménager une longue boîte à chaussures», plaisante Jonathan. Un parallélépipède de trente mètres de longueur sur près de six mètres de largeur, soit 175 mètres carrés au total. Largement suffisant pour deux personnes, mais les années passant, deux garçons viennent agrandir la famille. «Ni nous ni le loft n’étions vraiment préparés à cela, explique Jonathan. Nous avions délibérément tout laissé ouvert, sans chambre séparée pour eux.» Heureusement, l’aide s’est avérée toute proche: leurs voisins du dessous, architectes, dessinent alors une petite chambre d’enfant et un placard intégré pour plus de rangement.
Lorsque les enfants grandissent et que le besoin d’intimité se fait sentir, le couple retourne — à contrecœur — sur le marché immobilier. «On ne trouvait rien de mieux, se souvient Sofie. Avec le recul, on s’est rendu compte que c’était surtout parce qu’on était habitués à cette vue dégagée. Partout ailleurs, on se sentait enfermés, on avait perdu ce sentiment d’espace.» Ils tournent alors les yeux… vers le haut. «Notre dernier espoir, c’était que la voisine du dessus accepte de vendre», raconte Jonathan. Une fois encore, comme par enchantement: «La réponse fut oui.» Un quart d’heure plus tard, l’achat de leur seconde boîte à chaussures est conclu.
Une place sur le podium
Relier deux lofts pour en faire une maison familiale? Une mission toute désignée pour B-architecten, qui connaît le bâtiment sur le bout des doigts. L’agencement du premier loft, aujourd’hui le rez-de-chaussée, va de soi. «On avait promis aux enfants un espace à eux, après tant d’années à partager une petite chambre», confie Sofie. Lorsqu’ils ne sont pas dans leurs toutes nouvelles chambres, les garçons se retrouvent aujourd’hui principalement dans leur salon. L’ancien placard intégré a été conservé et transformé en un véritable bureau à domicile, avec espace de réception.
L’aménagement de l’étage supérieur représente un défi plus complexe: il doit accueillir la chambre et la salle de bains du couple, mais aussi une nouvelle cuisine, une salle à manger et un salon, tout en respectant leur souhait d’ouverture maximale. «Nous ne voulions pas de petites pièces juxtaposées. La longueur du bâtiment est si particulière que nous désirions absolument en préserver la perspective.» Un vrai casse-tête. Car si un vieux bâtiment a du charme, il comporte aussi de nombreuses contraintes fonctionnelles.
Ici, c’est surtout l’implantation des gaines techniques — à l’entrée et au centre — qui exige une réflexion poussée. Ils réussissent finalement à concilier toutes les fonctions grâce à une plateforme en bois dissimulant toutes les conduites. A hauteur de l’entrée se trouvent désormais la chambre et la salle de bain du couple, élégamment dissimulées derrière une série d’armoires allant du sol au plafond, qui épousent l’angle et se prolongent en mobilier de cuisine. Ce volume se fond ensuite dans la cuisine ouverte en U, réalisée en bois lamellé sur chant. Cuisine et podium, construits dans le même chêne, s’enchaînent naturellement. Ce choix esthétique offre en outre la meilleure vue sur les espaces de vie. Une nouvelle fenêtre accordéon et un toit-jardin fraîchement aménagé complètent le tableau soigneusement pensé.
Un fil rouge
Un escalier hélicoïdal rouge, en acier, suspendu dans l’espace, relie les deux lofts et crée une connexion tangible entre les étages. «Quand les architectes ont proposé de faire un grand trou au milieu de la pièce, nous avons tout de suite été partants, raconte Sofie. Nous ne voulions pas que les garçons vivent en bas et nous en haut, nous voulions continuer à nous sentir proches. Mais c’est apaisant de pouvoir, aujourd’hui, chacun trouver notre coin à nous.» Jonathan acquiesce: «Pour chaque nouvelle pièce, on a organisé une petite réception d’ouverture à quatre, sourit-il. Les enfants étaient la raison principale de la transformation, alors on voulait vraiment marquer le coup.»
Et lorsque les enfants quitteront le nid? Leur fils aîné partira en kot l’année prochaine, la question se pose donc désormais. «Notre maison a toujours évolué avec nous, et ce sera encore le cas, affirme Jonathan. Le bâtiment a l’air d’un bloc de briques, mais il s’est révélé extrêmement malléable.» Et Sofie d’ajouter: «Nous avons atteint notre capacité maximale, mais qui sait ce que l’avenir nous réserve. On sent qu’il y a encore de nombreuses possibilités. Et tant mieux, car je doute que nous puissions un jour nous contenter d’une maison ordinaire.»
En bref Sofie Pintens (50 ans) et Jonathan Detavernier (48 ans)
Ils se sont rencontrés en travaillant dans le secteur publicitaire.
Elle travaille depuis de nombreuses années pour l’agence de communication anversoise OONA/BAAS et lui est directeur stratégique de l’agence de publicité bruxelloise AKQA (anciennement FamousGrey).
Ils vivent avec leurs deux fils, Louie (17 ans) et Onno (15 ans), dans une ancienne usine de taille de diamants, dans deux lofts reliés par B-architecten.
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