Visite de l’appartement convivial et lumineux de l’architecte d’intérieur Michel Penneman, à Uccle

Dans le salon, un tapis afghan et un canapé en cuir vintage de la marque Tommy M répondent à une oeuvre de Jo Delahaut et une table des années 30. © Jan Verlinde
Fanny Bouvry
Fanny Bouvry Journaliste

Dans ce bel appartement ucclois baigné de lumière, l’architecte d’intérieur Michel Penneman a créé un lieu sous le signe de la convivialité, pour sa famille recomposée. S’y mêle tout ce qu’il affectionne – époques, styles, oeuvres et souvenirs en tout genre – dans un joyeux ensemble.

Avec ses quatorze couverts, la table pour les repas – une ancienne piste de bowling détournée par les habitants – est à l’image de ce logement: faite pour y partager de bons moments ensemble. Car lorsque Michel Penneman et sa compagne ont acquis ce double appartement de 300 m2 surplombant une grande artère uccloise, leur volonté était claire. Ils voulaient y aménager un logis esthétique, mais surtout convivial. « Nathalie a deux grands enfants de 22 et 26 ans. Moi, des jumeaux de 12 ans. Je voulais que tout le monde puisse se retrouver dans cette espace de vie, sans pour autant oublier que chacun devait aussi trouver sa place », résume l’architecte d’intérieur bruxellois.

Séduit par cette vaste habitation, située au sixième étage et profitant de la lumière du sud sur une largeur de 25 mètres, le concepteur a donc, dans un premier temps, revu complètement le plan. « J’ai fait de gros travaux et détruit pas mal de choses, relate-t-il. J’ai tout ouvert, créé un séjour vitré sur toute la largeur à l’avant… et j’ai tout recompartimenté à l’arrière, pour y placer cinq chambres. » Côté nuit, ses mômes dorment d’un côté, lui, sa partenaire et, de temps à autre, les grands enfants de cette dernière, de l’autre. Le couple dispose d’un couloir privé lui permettant d’avoir une certaine intimité. Un jour, l’ensemble pourra être recloisonné différemment pour assurer plus d’autonomie aux uns et aux autres. « C’est important que l’endroit soit évolutif, insiste l’architecte. J’essaye toujours de faire prendre conscience à mes clients que leurs petits ne vont pas le rester. »

Tant la grande table - une ancienne piste de bowling - que la cuisine ouverte apportent de la convivialité au spacieux séjour. Sous le piano, on aperçoit le tapis de Big-Game. Et au plafond, les deux lampes Louis Poulsen.
Tant la grande table – une ancienne piste de bowling – que la cuisine ouverte apportent de la convivialité au spacieux séjour. Sous le piano, on aperçoit le tapis de Big-Game. Et au plafond, les deux lampes Louis Poulsen.© Jan Verlinde

Lieu d’échanges

Aujourd’hui, quand toute la smala est à la maison, chacun peut vaquer à ses occupations dans le très grand séjour, comprenant cuisine, salon, bureau et salle à manger. Alors que l’un se met aux fourneaux, sur le long plan de travail gris foncé griffé bulthaup, l’autre s’installe au piano ou feuillette un bouquin de l’une des bibliothèques bien achalandées. Et qu’importe si plane le fumet de la sauce tomate qui bout dans la marmite. « Tout le monde n’apprécie pas ce mode de vie, sans séparations entre fonctions. Mais, moi, je voulais faire une cuisine centrale car c’est facile le matin quand on est pressé ou le soir, pour prendre l’apéro en préparant un plat, poursuit Michel Penneman. Je désirais également que cette cuisine soit compacte et la plus pratique possible, sans meubles hauts ou vitrines aux armoires… parce que ça ne sert à rien. Tout ne doit pas être parfait. »

« Cette somme de petites choses met des touches de couleurs partout et rend le tout moins austère »

C’est d’ailleurs cette même volonté de faire davantage authentique que léché, voire aseptisé, qui prévaut pour la déco. L’architecte aime les choses simples et a privilégié pour son logis un beau parquet en chêne classique et du blanc pour les murs – la teinte RAL 9003, « un peu grise et qui se jaunit légèrement grâce à l’association avec le sol ». Mais pour animer cette toile sobre, et éviter qu’elle ne soit triste, Michel et Nathalie ont accumulé dans chaque pièce ce qui leur faisait plaisir. Sans se soucier de mixer les styles, mais avec un certain talent pour faire cohabiter les objets iconoclastes.

Dans le couloir, la teinte bleue est une allusion aux jardins de Majorelle, à Marrakech.
Dans le couloir, la teinte bleue est une allusion aux jardins de Majorelle, à Marrakech.© Jan Verlinde

Influences infinies

« Dans le petit salon, on retrouve des tapis afghans, des canapés allemands des années 90, des petits fauteuils des années 50, une table des années 30, une oeuvre de Jo Delahaut ou encore une tapisserie hollandaise. J’apprécie aussi tout ce qui est vases et céramiques. En résumé, j’aime tout ce qui me tape dans l’oeil. C’est cette somme de petites choses qui met des touches de couleurs partout et rend le tout moins austère », se réjouit le propriétaire, pas avare en anecdotes. Ainsi du tapis sous le piano: il s’agit d’une pièce commandée à Elric Petit du collectif Big-Game, l’un de ses anciens élèves, lorsqu’il enseignait à La Cambre. « Je lui ai demandé quelque chose d’urbain et il a imaginé ce modèle représentant des autoroutes », s’amuse-t-il.

Et de pointer également les lustres de la salle à manger, un modèle des années 50 de Louis Poulsen en deux exemplaires: « J’en avais un depuis des années chez moi. Ma compagne, qui ne l’était pas à l’époque, m’avait demandé de réaménager sa maison et je lui avais conseillé cette lampe. Maintenant, elles sont réunies. » Le choix des éclairages est d’ailleurs très important pour ce concepteur car la lumière est pour lui cruciale, qu’elle soit artificielle ou naturelle – celle du soleil, mais aussi celle des feux ouverts et des bougies qu’il allume le soir.

De ce lumineux patchwork émane un portrait en creux de l’architecte d’intérieur, et de sa famille. Et c’est précisément ce que Michel Penneman met un point d’honneur à faire pour chacun de ses projets de logements. « J’essaye toujours de comprendre mes clients et je pose plein de questions, même aux enfants. Je n’ai pas « un style ». Je ne suis pas comme certains architectes tels que Vincent Van Duysen, qui est extraordinaire mais à qui on fait appel pour qu’il fasse « du Vincent Van Duysen ». Moi, j’emprunte le chemin que les gens me soufflent, l’important c’est qu’ils soient heureux. » Comme lui l’est dans son appartement… qu’il envisage pourtant d’un jour quitter, pour le plaisir de réécrire une autre jolie histoire d’espaces.

Derrière un banc de chez Jacques Michiels, à Saint-Gilles, une peinture à l'acrylique très réaliste de Hugo Alonso.
Derrière un banc de chez Jacques Michiels, à Saint-Gilles, une peinture à l’acrylique très réaliste de Hugo Alonso.© Jan Verlinde

Michel Penneman

  • Il est né en 1964 à Bruxelles et est sorti diplômé en architecture d’intérieur de Saint-Luc.
  • En 1994, il ouvre son bureau, travaillant surtout sur des images 3D pour des architectes, ce qui était assez précurseur.
  • En 2007, il signe le White Hotel, commandité par un de ses clients. Il réalisera ensuite les hôtels Vintage, Zoom ou Pantone, à Bruxelles. Aujourd’hui encore, il vient de finir le Scott, ex-Pantone.
  • En 2022, il inaugurera un 5-étoiles, MGallery, dans l’ancien Sofitel Louise.
  • Le concepteur réalise également des projets privés d’habitation. Il est par ailleurs en train d’étudier une gamme de mobilier pour l’hôtellerie, une première expérience dans le monde de l’édition de meubles.

Déco | Visite de l'appartement convivial et lumineux d'un architecte d'intérieur, joyeux ensemble au coeur d'Uccle

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