Visite d’un loft spacieux, à Bruxelles, où le bois est roi

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Veldhuis a transformé un ancien entrepôt en un loft spacieux en y intégrant une construction centrale à ossature bois, avec cuisine, salle de bains, toilettes pour les invités et espaces de rangement nécessaires. © Evenbeeld

Lors de son coup de cœur pour un entrepôt casco à Bruxelles, ce jeune couple s’est rapidement départi des plans du promoteur. Plutôt que le projet de cube blanc en Gyproc proposé, il a choisi de bâtir un loft spacieux et astucieux, rempli de matériaux de récup’.  

Imaginez qu’après avoir longtemps écumé les petites annonces à la recherche d’un endroit où s’installer, vous trouviez enfin la perle rare. Un espace brut avec des murs en briques, de vieilles traces de peinture au sol, des colonnes en acier et des poutrelles. Qui plus est situé à proximité de la gare de Bruxelles-Midi, permettant de se rendre en un clin d’œil à Paris, Londres ou Amsterdam. Avec en prime une grande terrasse où l’on se voit immédiatement faire un barbecue avec ses amis à l’ombre de la Tour du Midi, et un espace ouvert, assez grand pour se mouvoir dans tous les sens.

A ce moment-là, le promoteur immobilier vous met sous le nez sa vision de l’espace. Les piliers porteurs en acier d’origine qui définissent si bien l’aspect industriel du loft? Les voilà coffrés en un claquement de doigts. L’espace sur la terrasse qui fait toute la largeur de la façade? Divisé en une petite chambre et un séjour étroit. La cuisine? Installée le long du mur, sans connexion avec le reste. Le moindre mètre carré est méticuleusement réparti dans les chambres autour d’un hall de nuit central étriqué. Le cube blanc en Gyproc présenté à Godfried, technicien au Kaaitheater, et à Julie, chercheuse universitaire en philosophie, leur donne instantanément une impression de froideur.

Dans le salon, les différents fauteuils ont été garnis pour former  un ensemble. L’œuvre d’art au mur est signée Romain Löser. La lampe, inspirée par Muller Van Severen, est faite maison.

Coup de pouce

De quoi amener le tandem à s’enquérir des jeunes architectes les plus intéressants du moment, qui seraient prêts à se lancer dans une expérimentation, avec un budget limité. Cette quête sous le bras, le père de Godfried, longtemps professeur à la faculté des sciences de l’ingénieur architecte de Gand, se rend à son ancien département universitaire. Parmi les noms proposés par la profession, Julie et Godfried optent dès le départ pour Veldhuis. «En tant que concepteur, c’était un crève-cœur de découvrir la vision du promoteur de la construction, explique Jasper Caenepeel, qui a perçu le potentiel de la mission après s’être attablé avec le duo. D’où vient donc sans cesse cette soupe uniforme? Il n’y avait pas une once d’imagination. Toute l’originalité de l’endroit s’en était trouvée perdue.»

­Les éléments d’origine tels que les colonnes en acier ont été mis en valeur.

Dans une optique de durabilité, mais aussi pour des raisons budgétaires, le couple et Jasper se mettent d’accord pour n’ajouter à l’espace que ce qui est indispensable. Autrement dit, les sols ne sont pas surélevés avec du béton et les plafonds ne sont pas abaissés pour laisser la place à des tuyaux encastrés. Ceux-ci peuvent tout aussi bien être dissimulés derrière une construction à ossature bois qui offrirait à l’espace central une cuisine, une salle de bains, des toilettes d’invités et des espaces de rangement nécessaires.

D’où vient donc sans cesse cette soupe uniforme? Il n’y avait pas une once d’imagination. Toute l’originalité de l’endroit s’en était trouvée perdue.

Dans la cuisine et la salle à manger, le mobilier, y compris l’îlot de cuisine, est d’occasion.

As de la récup’

«Julie et Godfried n’avaient pas envie d’un style épuré et moderne. Cela nous a incités à regarder avec eux et avec Karibu architecture jusqu’où nous pouvions aller dans les matériaux de récupération», poursuit Jasper Caenepeel. Au lieu de concevoir un îlot de cuisine sur mesure, Julie acquiert un établi d’occasion. «Elle est très douée pour dénicher des pièces intéressantes et moi pour poncer et nettoyer», sourit Godfried.

De la table à manger au salon, du carrelage au lot de bois qui appartenait autrefois à des wagons de train et qui sert aujourd’hui de parquet, en passant par les éviers: presque tout est de seconde main ou récupéré. Les suspensions dans le séjour ne sont pas signées Muller Van Severen, mais s’inspirent largement de ce duo de designers, et sont formées de tubes de cuivre peints à la bombe, combinés à des bouchons en verre opalin de récup’. «Il a seulement fallu trouver les matériaux, et après une demi-journée de bricolage avec mon père, voici le résultat, explique Julie en montrant les deux lampes. Le tout, pour à peine 80 euros.»

Que la lumière soit

Cette approche circulaire a permis d’investir dans des matériaux bio et écologiques, notamment des lattes en bois et du liège. Mais elle a aussi rehaussé l’architecture. Comme il s’agit d’un volume profond entre deux façades éloignées, il a fallu également faire entrer la lumière du jour au maximum. Veldhuis et Karibu y sont parvenus en rendant le couloir menant aux chambres aussi large que possible, d’une part, et en dotant les pièces qui, traditionnellement, ne bénéficient pas de la lumière du jour dans un appartement – la salle de bains, le débarras – d’un puits de lumière sur toute la largeur, d’autre part.

L’élément qui attire l’attention dans ce loft? Les panneaux en Dibond sur la porte de la chambre et du bureau. Ils reflètent la lumière et renforcent l’impression d’espace

Ils ont utilisé par ailleurs des matériaux de finition réfléchissants dans des endroits bien pensés. Peinture brillante au plafond, éléments en acier inoxydable dans la cuisine et le détail qui attire tous les regards: des panneaux miroirs en Dibond sur les portes des chambres à coucher. Lorsqu’elles sont ouvertes, elles disparaissent complètement dans le mur central. «Même si vous les fermez, grâce à ces portes et à l’illusion qu’elles créent, vous avez toujours l’impression d’être dans un loft baigné de lumière.» Une manière, pour les habitants, de s’isoler sans sacrifier l’espace.

Le bureau est équipé d’étagères Bruynzeel, d’un bureau d’occasion, d’une table d’appoint de Lionel Devlieger (un prototype) et d’une chaise en métal du duo de designers Pelikan, issue de leur série Café (1983) pour Fritz Hansen.

Présence sur les réseaux

«Quand j’ai rencontré Julie et Godfried, je venais de lancer Veldhuis avec mon associé Sigert Defrancq, confie Jasper Caenepeel. Le fait d’avoir été recommandé par les professionnels auprès de qui l’on a étudié met sans aucun doute une pression supplémentaire. Rétrospectivement, c’était aussi un soulagement en tant qu’architecte débutant de ne pas être contacté juste parce qu’on est l’ami d’un ami. Ou parce qu’on vous connaît dans un trou perdu car vous êtes le seul architecte du coin à avoir un compte Instagram», s’amuse-t-il.

Cet aménagement d’intérieur a récemment été récompensé par un Retrofit award lors du salon de la construction BIS à Gand. Comme le mentionnait le jury dans son rapport, la rénovation énergétique ne doit pas toujours être abordée sous l’angle des nouvelles solutions de haute technologie. En examinant attentivement l’existant, on peut aboutir à un résultat final surprenant, unique et plein de caractère. Avec ce loft, Veldhuis a réussi à présenter une étude de cas estimée. Pas mal pour un bureau d’architectes qui n’existe que depuis trois ans. 

Pour laisser entrer la lumière du jour dans la salle de bains, les architectes ont prévu des fenêtres en verre cannelé.

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