Visite d’une oasis urbaine épatante située en plein coeur d’Anvers

Dans un centre historique, il faut savoir rester discret. La façade en brique sobre de cette maison anversoise dissimule des espaces monumentaux baignés de lumière et des détails uniques. Visite d’une oasis urbaine épatante.
«Tu vas vraiment acheter une maison?» Le père de Sophie a d’abord accueilli avec scepticisme le projet de sa fille. Pendant des années, il a dirigé une entreprise de construction, avant que Sophie D’Hulst ne reprenne les rênes de l’affaire familiale en 2018. Il semblait donc logique qu’elle finisse par bâtir sa propre demeure. «Lors de nos promenades au sein de notre quartier dans la périphérie d’Anvers, mon mari et moi aimions jouer aux questions-réponses du type «Où aimerais-tu habiter?». Nous avions une maison confortable en centre-ville, mais elle devenait un peu exiguë avec trois enfants. Et à chaque fois, je revenais sur ce même bâtiment, le seul qui me fascinait vraiment.»
Puis, un jour, cette bâtisse a été mise en vente et il ne s’agissait plus d’un jeu. «Nous sommes allés la visiter immédiatement et avons été encore plus convaincus, raconte Sophie D’Hulst. Quand mon père l’a vue à son tour, il s’est approché de moi avec détermination après la visite et m’a dit ‘Tu fais une offre tout de suite.’» C’est ainsi que la jeune femme et son mari, Peter Claes, sont devenus propriétaires de leur maison de rêve, une réalisation exceptionnelle du bureau B-bis architecten.
Une structure de toit complexe
Derrière la façade de briques volontairement modeste, se cache une architecture pensée dans les moindres détails. Autrefois, le bâtiment abritait un cinéma. Le bureau B-bis architecten a transformé l’édifice délabré en une spacieuse maison familiale composée d’une série d’espaces de vie empilés, presque surdimensionnés, associés à des chambres compactes. Pour gérer les différences de hauteur et de volume, l’agence a conçu un toit unique.
«La maison se trouve dans un centre historique, explique l’architecte Dirk Engelen, nous ne voulions donc pas rivaliser avec la beauté de la ville. En contraste avec la discrète façade, l’intérieur offre une spatialité extrême. Celle-ci est rendue possible grâce à une structure en tente où tout le poids du toit repose sur une seule colonne centrale. Cela nous a permis d’harmoniser les écarts de hauteur avec les bâtiments adjacents. Il existait bien sûr des solutions plus simples pour structurer la maison, mais l’effet d’ouverture que nous avons obtenu ici est inégalable. Nous en sommes très fiers.»
Forte de son expérience, Sophie D’Hulst ne peut qu’approuver: «C’est un terrain difficile. L’espace est traversé de multiples angles obliques, mais ils ne gênent en rien la fluidité de l’habitation.»
Un jeu subtil de matériaux
La nouvelle structure est définie par des murs et des plafonds en béton brut qui connectent les différents espaces. Face au béton nervuré, on retrouve un travail sur le bois aux finitions douces et ondulées. «Ce type de détails est caractéristique de notre bureau, précise Dirk Engelen. Nous utilisons du contreplaqué sablé avant d’être laqué en blanc. Cela permet d’introduire le bois de manière abstraite dans l’intérieur. Même le béton évoque subtilement cette matière noble. Cette interaction entre les matériaux se retrouve partout dans la maison.» Un dosage subtil qui procure une grande sérénité et qui se propage dans toute la demeure. Un choix que les propriétaires apprécient particulièrement. «La cohérence est sans doute la plus grande force de B-bis architecten», souligne pour sa part Peter Claes.
Bref, le canevas était parfait. Mais le couple a-t-il apporté des modifications? «Presque aucune, répond le maître des lieux. Nous avons seulement rendu la salle de bains plus fonctionnelle, tout le reste relève uniquement de l’aménagement. Nous avons hésité un moment à changer la cuisine. Conçue comme un meuble à part entière, elle ne correspondait pas tout à fait à notre vision d’une cuisine pratique. Mais en termes de durabilité, une telle décision aurait été discutable. Finalement, nous avons adopté l’espace tel quel.»
Les compliments de l’architecte
C’est la première fois que Dirk Engelen découvre la maison avec ses nouveaux propriétaires, et il se réjouit de l’aménagement. Il s’agit avant tout du travail de Sophie D’Hulst, en collaboration avec Stef Claes, le frère de Peter, architecte passionné par l’intérieur. «Acheter une maison déjà terminée, c’est un cadeau inestimable, confie Sophie. Tout le monde sait à quel point un projet de construction est éprouvant. Et le budget finit toujours par s’étirer. A la fin d’un tel processus, il faut encore trouver l’énergie de s’investir dans la décoration. Nous avons pu sauter cette première étape.»
Le duo a opté pour un intérieur riche en créations belges. Ils ont aussi été séduits par la sélection colorée d’Omarcity à Anvers: une peinture remarquable de l’artiste belgo-congolais Samuel Lemba, une lampe en céramique de Partine, des œuvres textiles du studio colombien amgs, ainsi que des photographies de Frederik Buyckx, Tom Barman et Thomas Sweertvaegher. S’ajoutent une commode bleu vif signée Studio Penelope et les lampes délicates de la designer française Céline Wright.
Aucun piège à l’horizon
Parmi les pièces maîtresses, une table à manger démesurée provenant de la galerie suisse Complete Works. «La livraison est un souvenir amusant, ajoute Peter. Cette table est en réalité une œuvre d’art et a été traitée comme telle: un jour, trois hommes en costume impeccable, avec des gants blancs, sont venus l’installer. Pas une tâche aisée, car elle est faite d’un seul bloc.»
Bientôt, les immenses portes vitrées du jardin s’ouvriront à nouveau en permanence, et l’oasis urbaine s’épanouira sous le soleil estival. Mais comment la maison résiste-t-elle à la chaleur de l’été? «Pendant un moment, nous avons cherché un vice caché, s’amuse Sophie. Sinon, pourquoi vendre une maison aussi extraordinaire? Nous nous sommes dit que cela devait être la chaleur… Mais il s’avère que le chêne vert est parfaitement placé pour offrir l’ombre nécessaire. Et nous dormons côté rue. Alors non, il n’y avait pas de piège. Mon instinct à propos de cette maison était totalement justifié.»
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