Collectionner de l’art, un hobby de jeunes (femmes) riches?

Les jeunes femmes à revenus élevés dépensent plus en oeuvres d'art que les collectionneurs masculins - Getty Images
Les jeunes femmes à revenus élevés dépensent plus en oeuvres d'art que les collectionneurs masculins - Getty Images
Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Les collectionneuses d’art à revenus élevés dépensent en moyenne 46% de plus pour acquérir des oeuvres que les collectionneurs masculins, révèle une étude réalisée par Art Basel et UBS. Et cela concerne particulièrement les jeunes générations.

« Contrairement au stéréotype répandu selon lequel les femmes seraient plus réticentes au risque que les hommes, les résultats de cette étude montrent que quand il s’agit de collectionner de l’art, les femmes sont tout aussi conscientes des risques potentiels, mais souvent plus enclines à les assumer en pratique » a déclaré dans un communiqué Clare McAndrew, autrice du rapport et fondatrice d’Art Economics. Comprendre: les collectionneuses ont tendance à acquérir des oeuvres dans un éventail plus large de supports non traditionnels et soutiennent activement des artistes émergents ou inconnus. 55% des femmes ayant participé à l’étude ont ainsi déclaré acheter « fréquemment ou souvent » des œuvres d’artistes inconnus (contre 44 % des hommes), et ce malgré le fait qu’un peu plus de la moitié des personnes interrogées (52 %) considèrent qu’il s’agit d’un achat à haut risque.

Si les collectionneurs appartenant aux générations X ou à celle des baby-boomers dépensent plus que les collectionneuses, quand on s’intéresse aux collections des Millenials et de la Gen Z, les femmes dépensent plus – les fameux 46% mentionnés en intro. Et si l’égalité salariale est encore (trop) loin d’être acquise, dans les collections, la parité est en marche.

Le rapport révèle en effet que les femmes ont tendance à collectionner davantage d’œuvres réalisées par des artistes féminines, et à dépenser davantage pour ces oeuvres. 49 % des œuvres de leurs collections sont d’artistes féminines, contre 40 % en ce qui concerne les collectionneurs. Les femmes dépensent également plus que les hommes pour des œuvres d’artistes féminines, y consacrant en moyenne 47% de leurs achats en 2024/2025, contre 41% pour les hommes. Et les collectionneuses de la génération Z se distinguent tout particulièrement, puisqu’elles consacrant 45% de leurs dépenses à des artistes femmes, contre seulement 25 % chez les baby-boomers.

« À mesure que la richesse se redistribue, verticalement et horizontalement, ces tendances pourraient favoriser une plus grande diversité dans les collections à l’avenir » notent les auteurs de l’étude.

Vers la parité

Qui en est à sa 12e édition, et couvre désormais 10 marchés de l’art internationaux, avec des réponses fournies par 3.100 personnes à revenus élevés, dont 1.575 femmes, ce qui en fait une des plus grandes études du genre à l’échelle mondiale.

« Selon les recherches d’UBS, les investisseuses adoptent généralement une approche à long terme, guidée par le sens et la finalité : elles privilégient l’impact, la recherche approfondie et la conscience des risques » note Christl Novakovic, la responsable de la UBS Art Board. Et de pointer que « l’un des changements les plus visibles dans la répartition de la richesse et les pratiques de collection aujourd’hui est l’influence croissante des femmes. Celles-ci détiennent désormais plus d’un tiers de la richesse mondiale — une proportion appelée à augmenter dans les années à venir ».

« Ce que les collectionneurs achètent — et les raisons pour lesquelles ils le font — évolue également » ajoute Noah Horowitz, le CEO d’Art Basel. Qui remarque que « l’enquête révèle un élargissement de la notion de « connaisseurship » : l’art s’inscrit de plus en plus aux côtés du design, des produits de luxe et des objets de collection liés au style de vie. Cette convergence souligne l’estompement des frontières traditionnelles, à mesure que les goûts se transforment et circulent entre les catégories. Pour beaucoup, la collection est devenue une expression de l’identité, façonnée autant par le plaisir personnel et le lien social que par la motivation financière ».

Dont acte, car si près de la moitié des personnes ayant des projets d’achat espéraient acquérir une peinture, et que d’autres secteurs populaires incluaient la sculpture (37%), l’art numérique (23%) et la photographie (21%), l’appétit pour les objets de design et de collection est en hausse. En effet, sur les près de 4.000 personnes interrogées, 37% envisageaient d’acquérir des antiquités, 33% de l’art décoratif, 32% des bijoux ou pierres précieuses — soit le double de la part enregistrée en 2024 — et 27% des montres.

Et les auteurs de l’étude de souligner que les collectionneurs de la génération Z présentent les intentions d’achat les plus dynamiques dans presque toutes les catégories, environ un tiers d’entre eux prévoyant d’acheter des montres, des pièces de design ou encore du vin, du whisky et des spiritueux de collection. Avant de conclure que « malgré un ralentissement observé dans certains segments d’entrée de gamme du luxe, les dépenses des particuliers fortunés sont restées soutenues sur les marchés des objets de collection en 2025 ».

Pour lire l’étude dans son intégralité, rendez-vous ici.

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