En images: le champ de bataille de Verdun, symbole de la Grande Guerre, reconstitué par des passionnés

. © AFP

« Tu sais ce que c’est, ça ? C’est un mortier, un mortier de tranchée », montre Jacky Charlier à son petit-fils de 7 ans, sur le bivouac planté à la caserne Miribel de Verdun.

Pendant trois jours, ces passionnés d’histoire militaire venus de 18 pays se sont donnés rendez-vous dans cette ville emblématique du conflit pour une reconstitution de la vie des soldats, sur le front comme à l’arrière. Bordées par quelques bottes de paille, les tentes racontent l’organisation du quotidien, du bureau de l’officier au relais de poste en passant par l’atelier du cordonnier.

Un poilu fait résonner son cor, un soldat se débat avec un rasoir d’époque, des Australiens s’adonnent à une partie de cricket: les « reconstitueurs » reproduisent les scènes de vie dans les moindres détails, témoignages de l’attente qui contrastait avec le vacarme des tranchées, quelques kilomètres plus loin. « Je représente un soldat américain de 17-18, qui est là pour les liaisons électriques, tout ce qui est technique comme la radio, parce que s’il n’y a pas les communications en plein combat, on ne peut pas savoir qu’un côté a été débordé ou non », explique Théo Travaglini, 18 ans, qui se définit comme « un passionné d’histoire militaire ».

A ses côtés, Robin Herrard, 27 ans, arbore fièrement un uniforme gris surmonté d’un képi noir: « Je représente un lieutenant du 18e régiment d’artillerie de campagne qui était basé à Nîmes. On a fait une reconstitution fidèle, c’est pas mal d’heures de travail, de recherches pour trouver quelques pièces qui viennent de l’époque, notamment les bottes, mais c’est important de transmettre au public ce qui était porté à cette époque-là ».

Le campement compte aussi un hôpital de campagne, équipé comme si le chirurgien – véritable médecin de métier – se tenait prêt à opérer le premier blessé.

Patrouille et exercices

Mais il n’en sera rien car il ne s’agit pas ici de rejouer la sanglante bataille de 1916 qui s’était soldée, après dix mois d’âpres combats, par 800.000 morts français et allemands. « On ne reconstitue pas l’enfer, c’est exclu de reconstituer l’horreur, mais on peut parler des gens qui ont vécu ça, la mémoire vive du conflit », justifie le général Elrick Irastorza, président du conseil d’administration de la Mission du centenaire de 14-18.

Dans leur diversité, les reconstitueurs représentent les principales nations belligérantes mobilisées sur l’ensemble des fronts.

Au fort de Douaumont, repris des mains de l’ennemi par l’infanterie française en 1916, une trentaine d’Allemands patrouillent sur les hauteurs et se prêtent à des lancers de bâtons en bois, faisant office de grenades, sous les yeux d’un public clairsemé. « Verdun, c’est probablement le seul nom de bataille de la Grande Guerre qui survivra à l’usure du temps », estime le général Irastorza, qui parle d’un face-à-face « indicible ».

« C’est un immense plaisir pour nous d’être ici pour commémorer la mémoire des soldats de la Première Guerre mondiale. Nous aimerions montrer comment se déroulaient les choses à l’époque et ne pas laisser les gens oublier », explique David Reuss, reconstitueur dans l’uniforme d’un lieutenant allemand.

« Nous ne faisons pas cela pour nous amuser même si nous y prenons beaucoup de plaisir », ajoute Amanda Gage, dans le rôle d’une messagère anglaise – gilet et gants en cuir, culotte d’époque et montre à gousset -, qui rappelle aussi le rôle essentiel des femmes à l’arrière.

Selon elle, cette reconstitution restitue une « histoire très vivante » de la guerre, le temps d’un voyage de cent ans en arrière et dans une version, cette fois, pacifiste et fraternelle.

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